Le Congo fait face à des inondations redoutables

WFP (PAM)
Histoires du Programme Alimentaire Mondial
4 min readDec 4, 2019

Le PAM intervient face aux pires inondations survenues le long du fleuve Oubangi depuis 1999, avec 50 000 personnes déplacées

Le village de Liboko à Likouala est submergé, après les pires inondations depuis 1999. Photo : PAM/Jean-Martin Bauer

“Nous avons besoin d’aide, maintenant. Nos maisons ont été submergées par les inondations !”

Dès que je descends du bateau, Jean-Rivel, un aîné énergique, m’accueille avec un torrent d’informations sur la catastrophe qui vient de frapper sa communauté. S’exprimant avec la clarté et l’assurance d’un militaire à la retraite, il explique comment la montée des eaux a créé un sentiment de désarroi chez les habitants.

Je me trouve dans la région de Likouala pour comprendre la situation au moment où le PAM commence à intervenir.

Des pluies exceptionnellement abondantes ont frappé le nord du Congo en octobre — 25 personnes ont perdu la vie dans la région de l’Équateur. En conséquence, le fleuve Oubangi et ses affluents ont débordé, déplaçant environ 50 000 personnes dans la région reculée de Likouala. Les eaux sont au-dessus du niveau de crue depuis des semaines. Selon l’USAID, les 90 derniers jours en Afrique ont été “l’une des périodes les plus pluvieuses jamais connues”.

Les femmes reçoivent 50 kg de rations de riz à Likouala. Photo : PAM/Gildas Mouhouelo

C’est la pire inondation de la vallée du fleuve Oubangi depuis 1999. (La dernière grande inondation a eu lieu en 1962.)

Le bateau est le seul moyen d’atteindre les communautés touchées. Une fois parti d’Impfondo, la capitale du district, les dégâts sont évidents. Les villages sont submergés et déserts. Les toits de paille sont arrachés. Ici et là, les grands arbres imposants qui bordent l’Oubangi sont engloutis dans les eaux sombres, entrainés par leur propre poids.

Des vies bouleversées

Dans la ville de Jean-Rivel, la majorité de la population s’est déplacée vers l’intérieur des terres pour échapper à la montée des eaux. Pour les rejoindre, nous empruntons des canoës et traversons une partie du marais. Nous commençons à entendre des voix. Les familles se trouvent dans des abris construits à partir de feuilles de palmier, chacune sur un petit monticule de terrain surélevé.

Il n’y a pas d’eau potable et l’inondation a fait déborder les toilettes. “Je vois beaucoup de cas de diarrhée chez les enfants”, dit Germaine, la responsable du centre de santé, qui craint un pic de paludisme à mesure que les eaux se retirent.

Les stocks, y compris le poisson, diminuent au marché de Betou. Photo : PAM/Jean-Martin Bauer

“Lorsque les inondations ont commencé en octobre, nous avons essayé de déterrer notre manioc aussi vite que possible”, explique Jean-Rivel. “Mais la plus grande partie de notre récolte est sous l’eau depuis des semaines et est maintenant pourrie. Les stocks limités de manioc que nous avons ne dureront pas au-delà de janvier. Nous ne savons pas comment nous allons nous en sortir”, ajoute-t-il.

Le manioc récupéré est moisi, mais les gens n’ont pas le choix et le préparent quand même. Le manioc aigre qui en résulte est dur et couvert d’une teinte gris-violet inquiétante.

Likouala est connue pour son plantain. Le long du fleuve, les plantations de bananiers sont jaunies ou brunes, étouffées par l’eau stagnante. Les papayers ont perdu leurs feuilles.

Au marché de Betou, les femmes qui vendent habituellement la farine de manioc au sac sont introuvables. Seules de petites quantités sont disponibles, signe de pénurie pour cet aliment essentiel. Les poissons sont difficiles à attraper avec des eaux aussi hautes, et vendus seulement par quelques femmes sur le marché.

De l’aide en route

Nous nous arrêtons dans un village riverain construit sur un terrain plus élevé que les villages environnants. Le PAM et son ONG partenaire sont là pour fournir de la nourriture à des centaines de personnes des alentours.

L’un des défis consiste à gérer la foule. Les gens font la queue dans l’espoir de recevoir une ration de riz, de pois, d’huile et de sel. Je vois des gens qui ont reçu de la nourriture la faire cuire sur place, en utilisant les casseroles qu’ils ont récupérées dans les eaux. Ils rapportent ensuite leur nourriture à la maison en canoë.

En l’absence de routes, les barges sont essentielles pour les opérations de secours. Photo : PAM/Jean-Martin Bauer

Clémentine, 51 ans, mère de 10 enfants, fait partie des bénéficiaires de l’aide alimentaire. “Dans ma ville natale de Mabelou, dit-elle, nous avons travaillé jour et nuit à la construction d’une digue pour tenir les eaux à distance, en vain.”

Elle ajoute : “J’ai perdu ma maison, mes biens et mes récoltes. Quand je suis rentrée à la maison avec ma ration de riz, de haricots et d’huile, les enfants n’en croyaient pas leurs yeux : nous n’avions pas eu un repas décent depuis des jours.”

Certaines routes ayant été démolies par les pluies, le PAM utilise des bateaux pour acheminer des vivres aux communautés. D’autres secours sont en route. Une barge fluviale est chargée à Brazzaville avec plus de 700 tonnes de nourriture, assez pour nourrir la population sinistrée pendant un mois. L’équipe de Betou sera en mesure d’aider beaucoup plus de personnes dès la semaine prochaine.

En savoir plus sur l’action du PAM au Congo

--

--

WFP (PAM)
Histoires du Programme Alimentaire Mondial

Le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande agence humanitaire luttant contre la faim dans le monde.