Madagascar : Les dunes de l’espoir

Un projet du Programme alimentaire mondial (PAM), redonne de l’espoir aux habitant de Faux Cap, en les aidant à faire face aux aléas climatiques.

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Au sud de Madagascar : des sécheresses plus fréquentes entraînent une augmentation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition

Crédit photo : WFP/ Déborah Nguyen : 19 hectares terres, rendues inutilisables pour la culture de manioc, ont été réhabilitées par la plantations de sisal, lalanda, filaos et cocotiers.

Les changements climatiques parfois extrêmes sont également un facteur clé de l’augmentation récente de la faim dans le monde. Ils sont aussi l’une des principales causes de graves crises alimentaires.

Au niveau mondial, le nombre de catastrophes climatiques extrêmes, notamment les épisodes de sécheresses, a doublé depuis le début des années 1990. Ces épisodes nuisent à la production agricole et contribuent aux pénuries alimentaires, avec des répercussions telles que de fortes hausses des prix des aliments et des pertes de revenus, ce qui réduit l’accès des populations à la nourriture. La variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes ont déjà des effets négatifs sur la production des cultures dans les régions sud de Madagascar et, sans adaptation, cette situation devrait s’aggraver à mesure que les sécheresses deviennent plus fréquentes et durent plus longtemps.

Madagascar connaît d’ores et déjà des épisodes de sécheresse, non seulement en raison d’une pluviométrie totale accumulée anormalement basse, mais aussi à cause des précipitations d’intensité plus faible et des jours de pluie moins nombreux. En effet, trois années consécutives de sécheresse prolongée, amplifiées en 2016 par le phénomène climatique El Nino, ont entraîné de mauvaises récoltes. La population est fragilisée par le manque de nourriture, notamment les personnes les plus vulnérables, dont les enfants et les femmes. Aujourd’hui, plus d’un million de personnes n’ont pas accès à suffisamment de nourriture dans le sud du pays.

Crédit photo : WFP/ Fenoarisoa Ralaiharinony : le paysage est très aride, dans la région d’Androy, où il n’a pas plu depuis très longtemps.

Appartenant au domaine sub-aride du Sud de Madagascar, la région d’Androy est soumise à un climat de type tropical semi-aride à aride avec deux saisons : une saison humide et une saison sèche. L’aridité croît du Nord et Nord-Est au Sud et Sud-Ouest de la région et se traduit dans les changements des paysages végétaux et des sols. Cette aridité est amplifiée par des températures toujours élevées et par des vents forts, persistants et desséchant. En octobre 2016, le district de Tsihombe a été classé en phase d’urgence : 75% de sa population se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire. L’aide d’urgence alors déployée a permis d’éviter une détérioration de la situation et de faire baisser sensiblement le nombre de personnes affectée par la crise alimentaire.

Depuis le début de l’année, les régions du Grand Sud de Madagascar subissent les effets du phénomène climatique La Nina. Bien qu’il ait plu en début de saison, les irrégularités qui ont suivies ont eu un impact négatif sur la récolte, en particulier sur celle de Juin dernier. Un an après, depuis octobre 2017, le PAM a mis en place des programmes de résilience afin d’aider la population à s’adapter aux chocs et aux aléas climatiques récurrents.

Crédit photo : WFP/ Déborah Nguyen : les dunes qui ont recouvert les terres autrefois cultivables, sont désormais recouvertes de plantations de sisal, lalanda, filaos et cocotiers.

La réhabilitation des dunes, redonne de l’espoir aux habitants

A Faux Cap, sur la côte Sud de Madagascar, en plus de la sécheresse, des vents puissants ont contribué à la formation de dunes qui ont colonisé des terres, qui étaient autrefois cultivées par la population, balayant ainsi des années de travail. Le sable a recouvert les terres, mais aussi les habitations à proximité, jusqu’à dix kilomètres vers l’intérieur du littoral. La population locale est à l’origine de ce projet, elle tenait à réhabiliter ces terres afin de se réapproprier ces hectares qui étaient en train de leur filer entre les doigts. Le PAM a donc mis en place le programme Vivres pour la Création d’Actifs Durables afin de renforcer la résilience des communautés face aux chocs et aléas climatiques récurrents.

A travers ce programme, 19 hectares de dunes ont été réhabilités par la communauté de Faux Cap, grâce à la plantation de sisal, lalanda, filaos et cocotiers. La vente des cultures représente une source de revenu fiable, puisque ces plantes nécessitent peu d’eau pour survivre et résistent au vent.

Ce programme vise à aider les communautés à construire ou réhabiliter des biens communautaires en vue de réduire leur vulnérabilité aux chocs, tout en assurant un niveau adéquat de consommation alimentaire aux participants. Pendant huit mois, 945 personnes de la communauté ont travaillé à la réhabilitation de ces dunes, sur la côte de Faux Cap. En contrepartie, chaque participant a reçu un panier de vivres composé de céréales, légumineuses et de l’huile végétale pour sa famille, prévu pour couvrir leur besoins alimentaires pendant 20 jours par mois.

« Ces terres semblaient être perdues à jamais. Grâce à ce projet, nous pouvons désormais cultiver ces hectares. C’est rassurant pour l’avenir. »

Crédit photo : WFP/ Déborah Nguyen : la communauté de Faux Cap se réjouit de la réussite de ce projet, qui leur a permis de retrouver l’espoir et une source de revenu fiable et durable.

« Ces terres semblaient être perdues à jamais. Grâce à ce projet, nous pouvons désormais cultiver ces hectares. C’est rassurant pour l’avenir. », raconte Miarisoa, une participante du projet. Ce projet a été perçu comme un vent d’espoir, pour les habitants de Faux Cap, qui ont non seulement pu recevoir une rémunération pour le travail effectué, et ils y voient aussi un investissement pour l’avenir. La vente des sisals (utilisés pour la fabrication de corde, tissage des tapis et la toiture des habitations) auprès des entreprises de transformation de cette matière première, représente une source de revenu fiable et régulière pour la communauté.

Le projet “Oeuvrer ensemble pour réduire les risques de catastrpohes et renforcer la résilience des communautés” a été rendu possible grâce à la générosité de nos donateurs : l’Allemagne, la France et l’Union européenne (ECHO).

Alors que les aléas climatiques vont continuer à affecter la sécurité alimentaire, renforcer la résilience des communautés est essentiel. A Madagascar, le PAM met en œuvre des projets de résilience avec le soutien de l’Allemagne, de la France, des Etats-Unis (USAID) et de l’Union Européenne (ECHO).

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Déborah Nguyen
Histoires du Programme Alimentaire Mondial

Humanitarian & storyteller, currently with the UN World Food Programme in Southern Africa.