‘ Nous pouvons maintenant nous nourrir en toute dignité’

Des femmes Rohingyas partagent leurs histoires

WFP (PAM)
Histoires du Programme Alimentaire Mondial
5 min readMar 5, 2018

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A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme (le jeudi 8 mars), certaines des femmes ayant entrepris le dangereux périple jusqu’au Bangladesh, après avoir échappé à la violence en Birmanie, nous racontent leurs histoires de violence et de terreur. Elles partagent également leurs espoirs quant à l’avenir, et leur lutte pour nourrir et prendre soin de leur famille.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a fourni des bons électroniques à près de 90 000 Rohingyas, que les familles peuvent utiliser pour acheter la nourriture dont elles ont besoin. Ces bons sont donnés le plus souvent possible aux femmes, afin qu’elles puissent prendre des décisions concernant l’alimentation de leurs familles.

Aseya porte dans ses bras son enfant de 2 ans. Son mari est handicapé, et elle subvient donc aux besoins de sa famille. Photo : PAM/Saikat Mojumder

Amina Khatun

Amina vit au Bangladesh depuis un an et demi. Elle a un mari et deux enfants.

“Je suis venue au Bangladesh en raison de la violence. Des violences ont éclaté — des personnes étaient battues à mort, chassées de leurs maisons et ne pouvaient pas se déplacer librement. Alors, quand nous sommes nous-mêmes devenus la proie de ces menaces, nous avons dû fuir.”

Amina dans l’un des centres de distribution alimentaire du PAM. Photo : PAM/Saikat Mojumder

“Quand les hostilités ont débuté, aucun d’entre nous n’a eu le temps de s’y préparer. Nous avons tous fui quand les tirs ont commencé. Au début, nous cherchions de la nourriture dans plusieurs endroits, parfois contraints de mendier. Plus tard, nous avons commencé à recueillir notre nourriture auprès du PAM.”

Amina possède désormais l’un des bons électroniques du PAM, et elle peut ainsi choisir dans les magasins la nourriture dont elle et sa famille ont besoin. Ces bons permettent d’augmenter la diversité du régime alimentaire et offre aux femmes un pouvoir de décision quant à l’alimentation de leurs familles.

“Cela nous est vraiment bénéfique. Nous trouvons la plupart des aliments dont nous avons besoin, nous pouvons sécuriser nos réserves alimentaires et manger en paix. Nous n’avons pas besoin de nous bousculer dans des files interminables pour récolter de la nourriture. Nous pouvons maintenant aller chercher la nourriture en toute dignité.”

“Maintenant, les gens me connaissent en tant que titulaire de carte. Je connais aussi le personnel du PAM, ils me traitent avec respect et attention, et ça me touche beaucoup.”

Sayera Begum

Ces six derniers mois, Sayera vit au Bangladesh avec huit membres de sa famille. Voici son message pour le monde :

“Nous demandons justice. Pour toute la violence dont nous avons été témoins, toutes les vies perdues, nous demandons justice. Seulement alors je retournerai en Birmanie, dans le cas contraire, je suis prête à mourir ici.”

Sayera est déterminée à rester au Bangladesh. Photo : PAM/Saikat Mojumder

Fatema

Fatema et ses quatre enfants vivent au Bangladesh depuis un an. Alors qu’ils fuyaient la violence en Birmanie, elle et son mari ont été séparés l’un de l’autre. Elle ne l’a pas revu depuis.

“Sur le coup, j’ai couru pour ma vie. Je suis seulement parvenue à prendre mes enfants avec moi. Je ne sais pas où est mon mari; je me suis échappée de justesse avec d’autres membres de mon village.”

Fatema a reçu sa première carte alimentaire électronique du PAM il y a trois mois. “Je suis vraiment reconnaissante des personnes ici. J’ai reçu de la nourriture du PAM, tout le monde nous a aidé. Grâce à la carte alimentaire, on peut acheter notre propre nourriture quand on veut et selon notre envie. J’en suis particulièrement reconnaissante car cela m’a permis de retrouver ma dignité.

“Je me sens plus forte. Je peux venir et choisir librement les aliments que je préfère. Je n’ai pas à m’inquiéter et faire la queue. Je me sens davantage en sécurité et en contrôle de la situation.”

Mère de quatre enfants, Fatema est maintenant en capacité de subvenir aux besoins de ses enfants avec la nourriture dont ils besoin. Photo : PAM/Saikat Mojumder

Khodiza

Khodiza est réfugiée depuis plus de trente ans, depuis que sa famille a fui la violence en Birmanie et trouvé refuge au Bangladesh.

Elle a élevé sa famille dans un camp de réfugiés; ses six enfants sont nés au Bangladesh.

“Mon père et ma mère ont été tués en Birmanie. C’est alors que j’ai compris qu’il n’y avait plus rien pour moi là-bas, donc mon mari et moi-même sommes partis à destination du Bangladesh. Nous avons changé de camp pour celui-ci (Balukhali) il y a un an seulement, quand de plus en plus de personnes de Birmanie sont venus s’installer ici.”

Khodiza connaît la vie de réfugié depuis plus de trente ans. Photo : PAM/Saikat Mojumder

“En Birmanie, notre train de vie était confortable. Très confortable. De la nourriture et des terres en abondance, nous possédions nos propres terrains, notre bétail. Tout. Mais nous avons dû tout abandonner derrière nous.

“Quand tant de personnes de Birmanie ont commencé à arriver ici, deux de mes soeurs y vivaient encore. Puis, il y a quelques jours, je ne parvenais plus à les contacter. Il y a deux jours à peine, un voisin a reçu un de mes appels. Ils m’ont dit que mes soeurs n’étaient plus parmi nous, que mes deux soeurs étaient mortes. J’ai perdu ma voix à force de les pleurer; elles me manquent tellement.

“Pendant un certain temps, j’ai connu les longues files d’attente pour les distributions alimentaires. Je suis reconnaissante de tout ce que ces personnes nous ont offert. Mais la façon dont je me me procure de la nourriture grâce à la carte alimentaire est beaucoup plus pratique. Je peux faire mes courses en toute tranquillité, loin du chaos et je n’ai pas à attendre dans une file entourée de centaines d’autres personnes.

“Je peux maintenant décider de ce que j’achète aujourd’hui, et de ce que j’achèterai demain. Je peux même acheter de la nourriture n’importe quel jour de la semaine. J’ai acheté du poisson séché, de l’ail, des légumes frais, des épices et tout ce dont j’ai besoin.”

Une mère de famille et son enfant viennent tout juste d’arriver au camp de Kutupalong, au Bangladesh. Photo : PAM/Saikat Mojumder

Avant que n’éclate la flambée de violence en Birmanie en août 2017, le PAM fournissait déjà de la nourriture et un soutien à 34 000 réfugiés Rohingyas répertoriés qui vivaient au Bangladesh depuis plus de 30 ans. Leurs camps sont désormais les plus grands du monde, depuis que plus de 670 000 personnes ont traversé la frontière, et continuent de le faire.

Depuis août 2017, le PAM a fourni une assistance alimentaire vitale à 880 000 réfugiés. Nous avons mis en place 17 centres de nutrition afin de soutenir les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de 5 ans et leur fournir une alimentation riche en nutriments.

Apprenez-en plus sur la réponse du PAM à la crise des Rohingyas.

Histoire écrite par Jessica Lawson.

Initialement publié sur insight.wfp.org le 5 mars 2018.

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Le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande agence humanitaire luttant contre la faim dans le monde.