Refaire jaillir l’espoir au cœur du Sahel
Alors que la sécheresse et la crise sécuritaire font bondir l’insécurité alimentaire au Mali cette année, le PAM intervient dans les zones les plus affectées pour bâtir durablement la résilience.
Avec ses petits villages de pierres taillées, ses falaises et ses maisons troglodytes classés au patrimoine mondial de l’humanité, le cercle de Bandiagara dans la région de Mopti est le joyau du pays Dogon.
Dans une zone pierreuse et aride, les populations ont réussi à tirer parti d’un environnement sublime mais ingrat, à faire connaitre leur patrimoine culturel dans le monde entier et à hisser Bandiagara parmi les sites les plus touristiques du Mali.
Aujourd’hui, la région de Mopti fait l’actualité en devenant le nouvel épicentre de l’instabilité et de l’insécurité au Mali (en particulier les cercles administratifs de Douentza, Koro, Bankass et Mopti), avec des conflits intercommunautaires exacerbés autour de l’exploitation des ressources naturelles.
Le tourisme qui était très développé dans la zone s’est effondré avec la crise. L’économie locale qui reposait grandement sur ce secteur a été gravement affectée : hôtellerie, restauration, guides touristiques, artisans. On recensait 160 000 touristes européens au Mali en 2011, contre 35 700 en 2015.
« Le manque d’opportunités professionnelles pousse les jeunes hommes à migrer, principalement vers les villes de Ségou, Bamako et vers la Côte d’Ivoire. Cela prive la région de ses bras valides » nous explique Mme Fifi, la fondatrice de l’ONG locale Yam Giribolo Tumo (YAGTU) pour la promotion de la femme.
Protéger les moyens d’existence, développer les chaines de valeur
Avec les services techniques locaux et l’ONG YAGTU, le Programme Alimentaire Mondial appuient et encouragent les communautés rurales depuis 4 ans pour qu’elles se nourrissent et vivent dignement de leurs activités. A cause de son relief rocheux et de la dégradation progressive des terres, moins de 10% des terres sont cultivables dans le cercle de Bandiagara. Les chantiers prioritaires sont de restaurer les terres dégradées, de réaliser les aménagements nécessaires pour la gestion et la conservation de l’eau et de promouvoir des pratiques agricoles efficaces et durables.
Dans le village de Koundougou, les efforts ont déjà permis à la communauté de récupérer plus de 20 hectares de terres arables, pour la culture de l’échalote et du sorgho. Le PAM a également appuyé la restauration de la piste rurale pour faciliter l’accès des villageois aux marchés de la région, construit un magasin de stockage et investi dans une découpeuse et une broyeuse motorisées pour la transformation de l’échalote.
La zone du plateau Dogon est le deuxième bassin de production du pays, derrière la région de Ségou. L’échalote est vendue dans tout le pays et les pays limitrophes et constitue la principale source de revenu des familles rurales pauvres.
« Avec le barrage et les cônes maraîchers que le PAM nous a aidés à restaurer, nous sommes passés d’un cycle de production de l’échalote par an à deux, voire trois cycles annuels si les pluies sont bonnes. Les jeunes sont occupés et ils restent dans le village », explique Mme Tapili, l’une des doyennes du village.
Garantir l’assistance humanitaire indispensable pour sauver des vies
Grâce à l’appui du Programme Alimentaire Mondial, la communauté a pu construire cette année un barrage sous-terrain, qui pourra leur permettra dès l’année prochaine de retenir les eaux souterraines et d’être moins vulnérables aux mauvaises pluies. De plus, le magasin et les machines vont permettre aux villageois de s’engager dans le stockage et la transformation de leur production pour augmenter leurs revenus.
Malheureusement cette année, la saison des pluies a été plutôt mauvaise, les récoltes et les pâturages n’ont pas suffi, plusieurs régions ont été marquées par des conflits intercommunautaires. Tous ces facteurs ont contribué à une hausse des prix et une forte dégradation de la situation alimentaire au Mali, mais aussi plus globalement dans le Sahel.
Pendant la soudure 2018 (de juin à septembre), plus d’un malien sur quatre sera en insécurité alimentaire. Ils seront 836 000 dans la région de Mopti, soit une hausse de 62% par-rapport à l’année dernière. Cette situation exceptionnelle impose des mesures d’urgence pour répondre aux besoins humanitaires des populations, protéger et consolider les résultats déjà atteints.
En complément de ses programmes de résilience, le PAM fournira une assistance alimentaire aux ménages les plus vulnérables pour les mettre à l’abri de la faim pendant la période de soudure. Le PAM prend également en charge les repas de l’accompagnant des enfants malnutris sévères hospitalisés, afin que le traitement soit suivi jusqu’au bout.
Encourager l’éducation et l’emploi pour offrir aux jeunes des perspectives d’avenir
La présence de groupes armés qui s’en prennent aux habitants et aux diverses représentations de l’Etat compromet aussi l’accès des enfants à l’éducation. A l’heure actuelle, 474 écoles sont fermées à Mopti, ce qui équivaut à plus de 60% du nombre total dans le pays, selon le Cluster Education.
Le Programme Alimentaire Mondial encourage la scolarisation des enfants et les protège de la faim à travers un programme de repas scolaires.
« Nous n’aurions pas d’élèves à l’école s’il n’y avait pas les repas scolaires. Nous n’aurions surtout pas de filles, alors qu’aujourd’hui j’ai autant de filles que de garçons dans ma classe » explique Ambo Djiguiba, enseignante dans le village.
Parallèlement, les investissements réalisés dans les aménagements et les équipements agricoles encouragent le développement des chaines de valeur et l’emploi local.
