Regards sur le département du Pool

Avec une nouvelle enveloppe de 500 000 euros, l’Union européenne renouvelle son aide humanitaire en faveur des populations déplacées du Pool.

Le PAM vous propose, à travers ce récit, de partir à la rencontre des bénéficiaires et de celles et ceux, qui s’investissent au quotidien auprès des populations dans le besoin.

Un petit matin d’avril 2018, nous quittons Brazzaville et prenons la route pour Mbanza-Ndounga, dans le département du Pool, là-bas, 3 434 bénéficiaires recevront, durant 5 jours, une assistance alimentaire pour 30 jours correspondant à la taille de leur ménage. Ces derniers proviennent de 21 villages du district de Mbanza-Ndounga. La distribution se fait dans un lieu unique, au sein de l’enceinte de l’Eglise Catholique Sainte Matthieu. Elle permet d’assurer la sécurité lors des distributions mais aussi de faciliter la logistique puisque les 57 tonnes prévues pour les distributions, sont stockées dans l’école située à seulement quelques mètres de là. Aujourd’hui, la distribution de 14 tonnes vivres permettra au 842 bénéficiaires des villages de Mongo-Moussaki, Makaya Hombé, Nzita-Nzoulou, Loukima et Moutampa I et II, d’avoir le minimum pour tenir durant les 30 prochains jours.

13h00, nous arrivons sur le site de distribution et nous y rencontrons M. Stanislas Bitoumbou, superviseur de la distribution pour l’ONG Caritas (partenaire de mise en œuvre du PAM) qui nous explique le fonctionnement et le planning des distributions pour les 5 jours à venir.

Stanislas Bitoumbou, superviseur des distributions à Mbanza-Ndounga pour l’ONG Caritas, Pool, République du Congo — Photo : WFP/Benoît Lognoné

« Pour cette distribution des vivres PAM, qui est notre partenaire, nous avons 4 commodités de vivres à distribuer à la population de Mbanza-Ndounga. Nous avons 1 519 ménages à servir, qui représentent 3 434 personnes, répartis comme tel : Pour le premier jour, nous avons 383 ménages pour 842 personnes et 346 ménages pour 879 personnes pour la journée de demain qui va concerner Mbanza-Ndounga centre et Mabassa. Le troisième on aura 322 ménages (881 personnes à servir), enfin le quatrième jour, 341 ménages pour 832 personnes et le total nous donne 1 519 ménages pour 3 434 personnes à servir. »

Comment sont organisées les distributions ?

« Quand la population arrive, on commence par une sensibilisation pour leur expliquer ce que on leur donne : les quantités par commodités et par taille de ménage. Pour le riz, ils ont 400 gr par jour, multiplié par 30 jours ça fait 12 kg de riz par personne. On leur dit dès leur arrivée, on procède par l’appel, après l’appel, ils passent par l’étape d’enregistrement, là où l’on vérifie les cartes des bénéficiaires, ils émargent les rations qu’ils ont à recevoir, ce qui facilite les distributeurs par commodités qui vont pouvoir savoir ce qu’il faut donner à cette personne. Après la table d’enregistrement, on passe prendre le sel, puis l’huile, le petit pois et le riz. Et après cela, nous avons des éléments qui sont à la sortie pour vérifier les stocks, les parts. »

Sur place, nous croisons Anastasie, une mère 44 ans élevant seule ses 7 enfants. Vivant à Mongo-Moussaki, elle a toujours vécu dans ce village situé à 24 kilomètres du site de distribution. Un temps arrêté durant la crise, Anastasie vient de redémarrer la culture du manioc dans son champ. Seul bémol, le temps de production, puisqu’il faut attendre au minimum un an avant de pouvoir récolter la racine de ce tubercule. C’est la troisième fois qu’elle prend part à une distribution de vivres et nous précise : « Nous comptons sur le PAM pour nous ravitailler car nous n’avons pas suffisamment de stabilité [NDLR : alimentaire] pour le moment ».

Anastasie, à Mbanza-Ndounga, Pool, République du Congo — Photo : WFP/Benoît Lognoné

Quelques minutes plus tard, un homme vient à notre rencontre : Charles Mbenza à 53 ans et vient du village de Loukami, cela fait maintenant 30 ans qu’il vit ici. Accompagné de sa femme Brigitte, il récupère pour la troisième fois des vivres pour sa famille à Mbanza-Ndounga. Auparavant pécheur sur les rives du Fleuve Congo, Charles a dû changer d’activité n’ayant plus de matériel pour exercer son métier. « Aujourd’hui, nous avons le champ, nous avons planté du manioc, du maïs, du haricot et de l’ananas ce qui nous permet de générer un peu de revenus. Nous vous remercions pour l’assistance, car sans vous, nous étions en difficulté, merci vraiment ».

Leurs 5 enfants les attendent avec impatience au sein de leur maison située à 9 kilomètres de là.

Charles Mbenza et sa femme venant de retirer des vivres, sur le site de distribution de l’Eglise Catholique Sainte Matthieu, à Mbanza-Ndounga, Pool, République du Congo — Photo : WFP/Benoît Lognoné

Sur la route du retour après 6 km, nous croisons à nouveau Anastasie, avec qui nous avons échangé un peu plus tôt, ses vivres sont partis en transport, à raison de 1 000 F CFA par sac. C’est un coût non négligeable mais elle ne peut transporter l’intégralité des vivres sur une telle distance. Au moment où nous la quittons, il lui reste 18 km à parcourir à pied, afin de rejoindre avant la nuit son village de Mongo-Moussaki.

D’autres bénéficiaires ont décidé de transporter eux-mêmes les denrées récupérées ce midi sur le site de Mbanza-Ndounga, nous en croiserons kilomètres après kilomètres (et ce, jusqu’à 16 km après notre départ). Nombreuses sont ces personnes au courage intarissable portant des sacs pesant jusqu’à 50 kg à même la tête, et cheminant tant bien que mal sur une piste souvent impraticable.

« La contribution de l’Union européenne par l’intermédiaire de son service à la Protection civile et Operations d’Aide Humanitaire (ECHO) a permis d’apporter un secours immédiat à 25 000 personnes dans les départements du Pool et de la Bouenza. Conscient des retours suite à l’accord de cessez-le-feu de décembre 2017 et de l’évolution des besoins, les programmes d’assistances sont pleine évolution afin d’accompagner au mieux les populations dans la reprise de leur activité normale. » précise Jean-Martin Bauer, Représentant du PAM en République du Congo.

Après celle de novembre 2017, cette aide est un nouvel appui de ECHO en faveur des populations déplacées du Pool. Elle est une réponse au deuxième appel à la solidarité, lancé en février 2018 par le Gouvernement congolais et les Nations Unies afin de secourir 114 000 personnes dans le besoin, y compris les populations hôtes. Le plan de réponse humanitaire vise à apporter une assistance d’urgence, un renforcement de la protection et de la résilience des populations vulnérables dans les zones affectées et de retour. Un accord de « cessez-le-feu » a été signé en décembre 2017, et de nombreuse personnes du Pool retournent chez elles, dans le but de construire un nouvel avenir.

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Par Benoît Lognoné.

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