Sauver les vies des victimes de violences à Bangassou

Les violences continuent d’endeuiller les populations en République Centrafricain (RCA).

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Par Bruno Djoyo

L’attaque de Bakouma a fait des victimes, des démunis, affaiblis et sans espoirs. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Les récents conflits internes à Bakouma, une ville au sud-est de la RCA, ont poussé des milliers de personnes à prendre le chemin de l’exode, vers la ville voisine de Bangassou située à 130 km, plus loin (750 km de Bangui).

Dans la file d’attente pour recevoir les vivres du Programme Alimentaire Mondial, Madeleine, 18 ans, mère d’un enfant. Elle a perdu sa maman lors des attaques armées à Bakouma fin décembre. Pour sauver sa vie et celle de sa file, elle a fui son domicile sans rien emporter.

« Je n’ai rien pris lors de ma fuite et je ne dispose pas de ressources financières pour acheter à manger. Mais enfin, je pourrais faire de la bouillie à ma fille et me nourrir, grâce au PAM qui m’a remis des denrées alimentaires » déclare Madelaine.

Madeleine, 18 ans, a perdu sa maman lors des attaques armées à Bakouma. Photo: WFP/Bruno Djoyo

L’attaque de Bakouma a fait des victimes, des destructions de biens privés y compris, l’incendie des maisons et des commerces. Des démunis, affaiblis et sans espoirs, ont simplement pris le chemin de la brousse. Visages hagards et regards interrogateurs, femmes et enfants sont inquiets — ne sachant pas de quoi l’avenir sera.

Malgré les énormes défis sécuritaires, et un accès difficile vers Bangassou, le Programme Alimentaire Mondial a pu apporter une assistance d’urgence à plus de 20.000 déplacés aux histoires bouleversantes.

Le Programme Alimentaire Mondial apporte de l’assistance aux victimes des attaques. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Sur les sites de distribution au Stade Tata Sayo, à Bangassou et sous un soleil de plomb, Albert Bango-Makoudou du PAM gère avec efficacité les distributions avec l’aide du partenaire Caritas. Après plus de 20 ans au Programme Alimentaire Mondial, sa motivation et sa proactivité n’ont pris aucune ride. Il explique que parmi toutes les personnes déplacées, environ 17.000 se trouvent dans la ville de Bangassou et 3.000 éparpillées le long des axes autour de Bakouma.

« La zone est n’est pas sécurisée. Suivant la disponibilité des escortes militaires de la Mission des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA), nous allons vers ces personnes totalement démunies afin de leur apporter du riz, des légumineuses, de l’huile, du sel et des biscuits enrichis » déclare-t-il.

L’intrépide Albert en action sur le site de distribution au Stade Tata Sayo, à Bangassou. Photo :WFP/Bruno Djoyo

Pendant que Albert et son équipe poursuivent la distribution, une femme enceinte heureuse de recevoir les denrées du Programme Alimentaire Mondial, attire notre attention. Presqu’à terme, elle a parcouru 130 kilomètres à pieds en quatre jours pour fuir les violences.

« J’ai dû malgré mon état de grossesse avancée partir en catastrophe de Bakouma, après le décès par balles de mon frère de 26 ans ; » explique Sylvie Yaza, 35 ans, déjà mère de six enfants.

Sylvie Yaza, enceinte a fait 130 km en 4 jours pour fuir les violences. Photo : WFP/Bruno Djoyo

Les attaques sanglantes détruisent non seulement des vies, mais aussi le tissu social déjà très fragile dans la région de Mbomou.

Aïchatou, 22 ans, crie son désarroi : « Je suis fatiguée de cette vie que je mène. Ces hommes armés détruisent des villages, des vies et c’est moi qui paye le lourd tribut. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis musulmane ? Cela fera bientôt deux ans que je vis dans la peur. Même pour aller au marché, j’ai peur. » Elle et sa famille survivent grâce à l’assistance du Programme Alimentaire Mondial.

Aïchatou fait partie des 20.000 déplacés aux histoires bouleversantes qui reçoivent de l’assistance humanitaire. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Falmata Mahamat collégienne de 18 ans veut être magistrate afin de juger tous les auteurs de ces crimes odieux. « J’aurai bien voulu être humanitaire mais comme vous, les humanitaires vous êtes sans cesse sur le terrain donc instables, j’ai donc finalement opté pour la magistrature » conclut-elle avec humour.

Falmata Mahamat rêve d’être magistrate et juger tous les auteurs des crimes odieux. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Le Programme Alimentaire Mondial sauve la vie de milliers de personnes en Centrafrique grâce aux généreuses donations des Etats-Unis et du Japon. Le Programme Alimentaire Mondial a pu également compter sur le soutien financier du Fond Humanitaire Commun pour la Centrafrique.

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