Tchad: voyage dans la bande Sahélienne

Dans toute la Bande sahélienne qui s’étend sur des milliers de kilomètres dans le centre du Tchad, la dernière goutte de pluie remonte au mois de septembre. Un lointain souvenir d’autant qu’en 2015 elle est tombée de façon très épisodique. Conséquence : pour toute la zone la situation est critique.

A l’Unité Thérapeutique Nutritionnelle de Moussoro, dans la région du Bahr el Gazel, l’une des régions les plus touchées, les cas de malnutrition aigüe sévère avec complications ont doublé par rapport à l’année dernière à la même époque.

C’est pour redonner une lumière d’espoir dans le regard des mamans, et une étincelle dans les yeux de leurs petits, mais aussi pour éviter que la situation ne se détériore encore, que le Programme Alimentaire Mondial et ses partenaires se mobilisent.

Cette année la saison de soudure est implacable avec des difficultés encore accrue en raison de la situation sécuritaire dans la région du Lac Tchad qui a un impact direct notamment sur le commerce de bétail avec les pays voisins.

Dans la zone, les taux de malnutrition dépassent les 15%, au dessus du seuil d’urgence fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Direction Mandjoura situé à quelques 75 kilomètres de Moussoro.

En cours de route, le passage du véhicule ne perturbe pas le calme de ce troupeau de chameaux. Vigilant, leur petit gardien trouve de l’ombre : un peu de répit sous l’écrasante chaleur.

Dans le village, ce jour-là, la pompe fonctionne, ce qui n’est pas toujours le cas. Se procurer de l’eau, dans cet environnement, est une préoccupation constante.

L’école du village où le PAM, malgré des ressources financières limitées, assure la distribution de repas scolaires, accueille 166 élèves en primaire jusqu’à la classe de CM2. Ce jour-là il n’y avait pas de filles en classe mais « c’est exceptionnel » assure la direction qui précise qu’elles sont toutes occupées à la préparation d’une cérémonie…Les petits garçons, eux, affichent un visage très sérieux !

Un peu plus loin, réunis à l’abri du soleil, les hommes du village sont tous d’accord pour reconnaître l’importance d’envoyer les enfants à l’école. En boubou bleu, Ali Issa Dazie, prend la parole : « un enfant qui apprend pourra soigner les animaux, où réparer la pompe du village qui tombe souvent en panne».

A quelques kilomètres sur une piste sablonneuse rencontre avec Justin, responsable du Centre de santé de Tchiwourou dans le Bahr el Gazel sud. Un centre que les communautés ont décidé de construire elles mêmes : il couvre à lui seul une trentaine de villages soit près de 5000 personnes.

Ici, le PAM assure le traitement des cas de malnutrition aigüe modérée : le programme accueillait en cette fin avril plus d’une centaine d’enfants, plus du double par rapport à la même période l’année dernière. Une trentaine de femmes enceintes et allaitantes reçoivent également des produits à haute valeur nutritionnelle. Le regret de Justin : “que les mamans n’amènent pas leur enfant malade plus tôt : dans certains cas la malnutrition est trop avancée et on doit les référer au centre de Moussoro.”

Hahoua Moussa n’a pas encore la trentaine, elle a déjà 5 enfants. Dans ses bras la petite dernière Aicha, 8 mois. Hahoua a suivi le programme pendant 3 mois et aujourd’hui sa petite fille se porte bien.

Pour certains c’est l’heure d’une petite sieste, pour d’autres, il est temps de reprendre la route !

Prochaine étape : l’école de Michemire, dans le Bahr El Gazel sud.

Dans les salles quelques tables-bancs, un tableau noir, des ardoises : les conditions d’apprentissage sont spartiates. Mais malgré tout, quand la question est posée : « qu’est-ce que vous voulez faire plus tard » ? Les réponses fusent : ministre ! Avec parfois comme pour Ahmat (ci dessous) une idée encore plus précise : ministre de la nourriture !

Cette nourriture, le PAM la distribue à l’école de Michemire où un programme de cantine scolaire est en place pour les 400 élèves. Et chacun s’accorde à reconnaître que le programme contribue à accroître leur assiduité. C’est la communauté qui fournit le bois de chauffe même si parfois il est difficile de trouver les fagots nécessaires à la cuisine.

Notre périple se poursuit. On quitte le Bahr el Gazel pour le Kanem. Au détour d’une dune : une oasis de verdure.

Au centre de santé de Ntiona, Zara Brahim, mère de 5 enfants, vient de recevoir la ration qui lui permettra pendant 2 semaines d’apporter les nutriments indispensables à la croissance de Fatimeh âgée de 23 mois.

Pour les populations de la Bande sahélienne la période de soudure est une épreuve à surmonter. Elles sont déterminées à l’affronter.

Dans le Sahel, les activités du PAM sont rendues possibles grâce au soutien des Etats-Unis, de la France, de la Suisse, de l’Union Européenne (ECHO).

Texte et photos: PAM/Nathalie Magnien

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