TWIN JET & LE PAM, EMBARQUEMENT POUR LA LUTTE CONTRE LA SOUS-NUTRITION DES ENFANTS
Depuis 2017, la compagnie aérienne Twin Jet s’est lancée dans une opération « Un billet d’avion = deux repas pour un enfant ». Le principe est simple : à chaque billet d’avion acheté, 40 centimes d’euros sont reversés au Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour financer l’achat de 2 repas à destination d’un enfant dans le monde. Aujourd’hui nous rencontrons Olivier Manaut, PDG de cette compagnie aérienne, pour en savoir plus sur l’origine de cette démarche solidaire.
Pourquoi faire de l’aide humanitaire dans une entreprise ?
Olivier Manaut : Peu importe la raison qui conduira une entreprise à aider son prochain ou à participer à une noble cause. Qu’elle fasse cela par conviction, par intérêt financier, pour son image ou pour s’en servir de vecteur de cohésion sociale. Finalement cela n’a aucune importance, l’essentiel est d’agir vite… un enfant de moins de cinq ans meurt de faim toutes les 10 secondes, il n’y a donc pas de temps à perdre !
La première question qui se pose souvent n’est d’ailleurs pas pourquoi, mais comment et avec qui… et agir avec le PAM, c’était la solution simple, puissante, et efficace !
La deuxième question qui se pose compte tenu du fait que nous vivons dans un monde où toutes les actions sont épluchées voire critiquées… est de faire adhérer l’ensemble de son entreprise au dispositif imaginé. Mais c’est là que l’alchimie de l’aide humanitaire prend toute sa dimension alors que l’on pourrait imaginer le contraire. Tous les collaborateurs ont à juste titre le sentiment d’appartenir à ce projet qui devient le leur, et cette communauté d’idées forge la cohésion sociale et de la solidarité entre ces personnes, alors même que dans la vie de l’entreprise, des rivalités peuvent parfois exister.
Pour mieux comprendre la raison de votre action, et par simple curiosité, nous avons cru comprendre que votre entreprise n’avait aucun intérêt fiscal à lancer cette action importante, est-ce exact ?
Olivier Manaut : Vous avez bien compris, nous n’avons pas donné pour recevoir des cadeaux des impôts mais pour répondre à nos convictions. Notre bilan est juste à l’équilibre depuis des années, donc nos dons n’ont pas d’autres objectifs que ces convictions.
Mais que personne ne jette la pierre à ceux qui le feraient par intérêt, ils sont aussi importants que nous.
Pourquoi avez-vous choisi le PAM pour atteindre cet objectif ?
Olivier Manaut : Pour avoir eu la possibilité d’intervenir personnellement dans plusieurs pays d’Afrique dans des zones reculées où l’aide humanitaire a toute sa raison d’être, je considère que le PAM fait partie de ces rares organisations humanitaires au monde qui font ce qu’elles disent et qui disent ce qu’elles font.
Participer à un projet humanitaire, c’est avant tout avoir confiance en celui qui le mettra en œuvre.
Pour ma part, la vie a fait que j’ai pu constater sur place les actions de nombreuses organisations et je suis assez confiant pour dire que l’argent envoyé au PAM arrivera là où on voulait qu’il arrive.
C’est une raison très factuelle, mais éminemment importante lorsque l’on souhaite participer à une réelle action.
Pourquoi vous êtes-vous mobilisé auprès de vos passagers pour parler du PAM, en sus de vos dons ?
Olivier Manaut : Si le monde de l’entreprise est déjà largement actif pour participer à l’élan de générosité collectif, les TPE et PME sont parfois moins présentes sur certains axes pour des raisons temporelles et économiques, et c’est vers ces entreprises que nous avons dirigé ces messages, en montrant que finalement il était assez simple de bien faire, et rapidement !
Notre objectif en mettant l’action du PAM en avant sur tous nos vols est de faire en sorte de montrer qu’ils peuvent aussi aider les enfants les plus démunis qui ont aussi besoin d’eux et cela très facilement !
Pour nous , l’aide pour tous ces enfants qui sont en attente de soutien, passe aussi par l’information des moyens pour le faire.
C’est cela que nous voulions faire à savoir créer une double dynamique, au travers d’une action directe par des dons, et indirecte par l’information des actions du PAM !
Pour vous l’aide humanitaire doit-il passer par un message de charité… ou d’espoir ?
Olivier Manaut : Sans hésiter une seconde, par des messages d’espoir. Nous devons revisiter le modèle d’information de la souffrance, et cesser de dire qu’il y a plus de 800 millions de personnes dans le monde qui vivent dans l’extrême pauvreté sans parler de celles qui sont frappées par la maladie, les inégalités, le chômage , l’insécurité, le racisme et maintenant par les effets du changement climatique. A force de dire que les choses empirent, de multiplier les appels avec des informations plus terrifiantes les unes que les autres, les gens se referment plutôt que de s’ouvrir.
Il faut donc positiver ! Leur dire ce qui marche, donner de bons résultats, donner des exemples, montrer ce qui va mieux, mais le problème est qu’une photo d’un enfant qui pleure se vend mieux qu’une photo d’un enfant qui rit . C’est en ce sens aussi que le changement doit être global.
L’aide humanitaire est-t-elle pour vous une action individuelle ou collective ?
C’est une action profondément personnelle, de conviction, de volonté, mais qui ne peut s’exprimer qu’avec des partenaires, c’est donc une action individuelle… mais collective !