Une tragédie de trop en RCA

A Batangafo, au nord de la République Centrafricaine (RCA), de violents affrontements entre groupes armés ont entraîné l’incendie de trois camps de personnes déplacées internes

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Ces cendres… ce sont les ruines de leurs vies. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Par Bruno Djoyo

De nombreuses maisons ainsi qu’un marché ont également été réduits en cendres, laissant plus de 27 000 personnes abandonnées à elles-mêmes en pleine nature, dans un dénuement total. Au milieu de ce décor apocalyptique, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a immédiatement démarré des distributions de vivres sur plusieurs sites afin de fournir une assistance alimentaire d’urgence aux rescapés de ces affrontements

« Dès que nous avons appris que le PAM distribuait des vivres, avec beaucoup de courage, nous sommes sortis de la brousse pour venir récupérer ces denrées alimentaires » raconte Lédia Dogoutou, âgé de 75 ans.

Lédia Dogoutou. Photo: WFP/Bruno Djoyo

« Ces vivres me permettront de subvenir aux besoins de mes enfants ainsi que ceux de la famille de mon petit frère qui est aveugle et âgé de 72 ans » conclut-elle.

Pour d’autres bénéficiaires comme Simone Fédanga, cette distribution est salvatrice « Si le PAM n’était pas venu nous assister avec ces vivres, nous serions certainement en train de mourir de faim dans la brousse » nous dit-elle.

En effet, le PAM avec l’appui de son partenaire World Vision a déployé une mission sur le terrain pour fournir une assistance alimentaire d’urgence à ces milliers de déplacés, ceci dès lendemain de la mission inter-agences d’évaluation conduite par la Coordonnatrice Humanitaire en RCA, Najat Rochdi.

Simone Fédanga est parmi les plus de 35000 personnes qui ont reçu de l’assistance alimentaire à Batangafo: Photo: WFP/Bruno Djoyo

Pendant que les distributions se poursuivent, nous effectuons une visite guidée des lieux en compagnie de Ibrahima Diallo, Chef de l’unité Programme du PAM RCA, afin de constater l’ampleur des dégâts et aller à la rencontre de ces personnes traumatisées par ce drame.

« Ces flammes n’ont pas seulement brulé nos maisons ou nos biens ; nos vies, nos économies, sont également parties en fumée » nous raconte Martin Kombè, 71 ans. « Ces cendres que vous voyez … ce sont les ruines de nos vies… qu’allons-nous devenir ? » s’exclame Martin.

Martin Kombè, 71 ans. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Ce sentiment de frustration et d’amertume que ressentent les populations face à la destruction totale de leurs maisons et de leurs biens est exacerbé par le fait qu’elles vont devoir tout recommencer à zéro, et ce, pour la troisième fois en quatre ans.

« J’ai l’étrange impression que nous sommes sous la coupe d’une malédiction, c’est quoi cette vie d’éternel recommencement ? Depuis 2014, nous avons vécu un cycle infernal de crise, de tueries. » affirme Thérèse Mokofio. « C’est fatiguant et décourageant de vivre sans cesse ces atrocités. Je suis inquiète pour l’avenir de mes 8 enfants ! Il y a-t-il encore de l’espoir pour nous ? ».

Ces populations déplacées vivent dans la plus grande précarité et dorment en majeure partie sans abris dans l’enceinte de l’hôpital ou dans la brousse pour celles qui y ont trouvé refuge. On note la présence importante de personnes âgées et d’enfants parmi les personnes affectées.

Le prochain défi est de contribuer à faire renaître l’espoir. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Cette récente éruption de violence à Batangafo affaiblit davantage les communautés déplacées qui vivaient déjà dans des conditions très difficiles. Par ailleurs, face à cette urgence, le contexte sécuritaire très volatile et la vétusté des infrastructures routières ralentissent la réponse de la communauté humanitaire.

Pour atteindre ces personnes en détresse, les humanitaires utilisent le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS). « Depuis le début de la crise, les ailes d’UNHAS ont permis aux acteurs humanitaires de se déployer rapidement ce qui a permis de leur apporter l’assistance dont ils ont besoin » nous confie Ibrahima Diallo.

UNHAS a transporté une centaine d’acteurs humanitaires sur les lieux. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Le PAM dans sa capacité d’Agence cheffe de file du cluster télécommunication a également déployé des moyens de télécommunication au bénéfice de la communauté humanitaire présente sur les sites de Batangafo. Ceci a permis de renforcer leur sécurité et de permettre une meilleure coordination des opérations de secours.

Quelques jours après le déclenchement de cette crise, le PAM a pu rapidement porter secours à plus de 35.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire et soutenir la réponse humanitaire en dépit de la condition de sécurité précaires et des nombreuses difficultés d’accès.

Le PAM a pu rapidement porter secours en dépit de la condition de sécurité précaires. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Le démarrage des distributions en simultané sur plusieurs sites abritant différentes communautés de la ville a contribué d’une part à renforcer la neutralité du PAM et d’autre part à faire sortir des milliers de déplacés qui avaient pris la fuite vers la brousse.

Le prochain défi est de contribuer à faire renaître l’espoir d’un avenir meilleur pour la population de Batangafo, à reconstruire sur ces cendres encore chaude.

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WFP West Africa
Histoires du Programme Alimentaire Mondial

Providing lifesaving assistance and building life-changing resilience in 19 countries of west and central Africa.