Dark UI : Le côté obscur des gamers ?
Quand le jeu vidéo passe en mode nuit
Avez-vous, comme moi, remarqué que de plus en plus d’applications proposaient un mode nuit ou avaient nativement une interface sombre ?
Je me suis fait la remarque, il y a quelques temps, quand j’ai découvert que Youtube avait intégré une option permettant de changer la couleur de son background afin d’écrire en lettres claires sur fond noir.
Depuis, j’ai commencé à en voir partout ! Spotify, Netflix ou encore Twitter qui permet de passer à un mode nuit de toute beauté.
Alors c’est vrai que le Dark UI n’est pas une tendance nouvelle mais là ou j’ai été vraiment surpris c’est au niveau des applis en lien avec l’univers du jeu vidéo. Tout d’un coup j’ai commencé à me rendre compte que ce que j’appelle “tendance des interfaces sombres” est depuis longtemps monnaie courante sur beaucoup de services autour du gaming.
Discord, Steam, les applications Switch et Xbox, les nouveaux venus comme Gamerlink, Player.me ou encore Guilded, toutes ces applications on fait le choix du blanc sur noir.
Mais pourquoi ?
Deux raisons expliquent selon moi ce choix :
Confort et expérience utilisateur
La première observation qui me semble être la plus objective lorsqu’on choisit un background sombre, c’est que le noir est la couleur qui en terme de contraste assure la meilleure performance. En effet selon ce tableau de perception des contrastes le noir permet un bonne visibilité sur la majorité des couleurs. Dans le monde du jeu vidéo où l’on met en avant beaucoup de personnages et univers colorés, un fond sombre assure une meilleure visibilité des logos, covers de jeux ou encore des fenêtres de stream.
Un fond sombre semble augmenter la perception visuelle des éléments importants de l’interface.
De plus à l’heure ou la majorité des gamers peuvent jouer ou regarder des streams jusqu’à très tard dans la nuit, opter pour des interfaces sombres permet de réduire la fatigue visuelle
Style et ambiance
Pour comprendre cet attrait pour le Dark UI chez les joueurs il faut reprendre l’histoire au début, être simple et basique. On observe depuis quelques temps une véritable division chez les gamers qui se cristallise en 2 blocs : Les “Hardcore” d’un côté et les “Casual” de l’autre .
Plusieurs marqueurs conscients mais aussi inconscients servent à matérialiser cette différence. Par exemple, les jeux hardcores sont réputés plus exigeants car devant répondre aux attentes élevées d’un public connaisseur et les jeux casuals sont souvent moins difficiles et plus accessibles pour les joueurs occasionnels.
Du point de vue des thématiques une différence existe aussi : par exemple on a d’un côté des jeux qui dépeignent des sujets sombres et matures et de l’autre des choix éditoriaux plus familiaux et fédérateurs.
Alors bien évidemment je sais que ces limites deviennent de plus en plus ténues, mais il me semble que cette dualité est encore d’actualité.
Dans l’imaginaire des joueurs en tout cas l’ambivalance du jeu vidéo se traduit jusque dans la direction artistique et le design des produits et services qui leurs sont destinés.
Ainsi une visite au rayon PC de la FNAC ou une recherche du terme “PC Gamer” dans Google finira de vous convaincre.
Le design d’un PC Gamer répond aujourd’hui à des codes très précis, oscillants entre le noir et rouge sang ou noir et vert fluo en fonction des différents constructeurs. Une envie de noir qui s’explique par le sens plus ou moins caché de cette couleur dans l’imaginaire .
En effet le noir c’est entre autre la couleur de l’élégance et la distinction. Sobre, c’est la couleur du luxe et de la richesse. Il est donc souvent associé aux produits coûteux et de grande qualité.
Il exprime aussi la force comme avec la ceinture noire au karaté ou un “café noir” .
Le noir c’est aussi le mystère et l’inconnu, un univers ténébreux qui correspond au côté “badass” qu’aiment se donner les joueurs.
Il est donc naturel pour un product designer spécialiste du jeu vidéo de reprendre ces codes graphiques pour les adapter sur les logiciels destinés aux gamers.
L’idée sous-jacente semble être la volonté de créer un écosystème harmonisé où le joueur se sent à l’aise et en maitrise de son espace grâce à l’utilisation de normes et de codes visuels communs.
En proposant une interface utilisateur sombre, le designer parle au joueur hardcore en lui disant “ Ce produit est fait pour toi !”. En jouant sur cet aspect communautaire il s’assure à priori une adhésion plus simple du client qui ira plus volontiers utiliser les fonctionnalités de son produit.
Conclusion
On constate finalement dans cette tendance, un bon exemple de situation où besoins marketing et UX peuvent se compléter . Se conformer aux attentes du client pour le fidéliser tout en lui proposant un confort d’utilisation optimal.
L’interface sombre c’est aussi un moyen d’identification pour les joueurs un langage visuel qui représente un corpus de valeurs propres aux amateurs de jeux vidéo et aux geeks plus généralement.
Finalement la question que l’on peut se poser c’est si les gamers ont vraiment besoin d’être à ce point pris par la main pour être attirés et fidélisés sur un produit ou une marque. Cela dit il faut bien reconnaitre qu’en 2018 le succès des interfaces sombres n’est plus à démontrer.
