Digital et green : deux concepts compatibles ?
Cher·e lecteur·ice, vous qui lisez actuellement ces lignes sur un site web.
Vous faites donc partie des 4,2 milliards d’internautes dans le monde, soit plus de la moitié de la population mondiale (55%) passant en moyenne 4h48 chaque jour sur la toile.*
Avez-vous cette semaine échangé au moins un e-mail ? Regardé une (ou plusieurs) vidéo·s sur Netflix ? Effectué une (ou des) recherche·s sur Google ? Pas de panique, de notre côté nous avons aussi utilisé le web pour diffuser cet article et même, pour le préparer.
Mais saviez-vous que ces actions, désormais considérées comme banales dans notre quotidien du 21ème siècle, ont une empreinte environnementale bien définie ? Une consommation électrique et des émissions de gaz à effet de serre qui, accumulées individuellement puis multipliées par 4 milliards, deviennent très conséquentes pour notre chère planète.
Dans la société actuelle, où le numérique prend une place essentielle, quels sont ses impacts écologiques, ceux qu’on ne peut voir que de façon indirecte ? Quelles sont les solutions pour y remédier ?
Edouard Nattée, CEO de la start-up Foxintelligence, nous présente son application verte CleanFox et par la même occasion, nous donne son point de vue sur la pollution numérique.
La pollution numérique, qu’est-ce que c’est concrètement ?
La pollution dite digitale ou numérique, désigne la pollution engendrée par toutes les nouvelles technologies. Elle se divise en deux axes : la pollution engendrée par le fonctionnement du réseau internet et celle générée par la fabrication de nos outils informatiques. Bien qu’elles soient aussi importantes l’une que l’autre, nous nous pencherons ici sur la première qui se fait plus discrète.
Le parcours des déchets digitaux
Rien que pour vous cybernautes, voici d’excellents schémas résumant le parcours de vos requêtes web. On vous résume : Ces schémas représentent ce que vous ne voyez jamais dans votre quotidien. Nous allons peut-être casser un mythe mais toutes nos actions digitales se réalisent à travers un circuit qui va bien au-delà de nos ordinateurs.
Et pour le parcours d’envoi d’un email, c’est aussi un long parcours.
Ci-dessous, une petite infographie (réalisée par nos soins) vous montrant en terme d’équivalence, ce que valent nos actions digitales.
En image, les serveurs où passent nos données
Mais à quoi ressemble l’endroit où nos données voyagent ? Réponse en image, chez ici le moteur de recherche n°1 dans le monde : Google.
Impressionnant n’est-ce pas ? On y trouverait même une beauté singulière. Mais c’est bien un lieu où tourne une quantité d’énergie énorme pour traiter et renvoyer sur vos ordinateurs et smartphones, les recherches et navigations de notre quotidien.
Cette entreprise qu’on ne présente plus s’attelle à faire alimenter son Internet en 100 % d’énergie renouvelable, comme d’autres géants le font également (Facebook, Apple, IBM, Amazon, HP, Adobe..). Plus de 20 entreprises ont rejoint le mouvement en passant à l’énergie verte.
Mais lors de notre interview, Edouard Nattée, lucide CEO de Foxintelligence nous confia un avis aiguisé sur cette pratique :
“Ce n’est pas tant l’énergie verte qu’il est important d‘acquérir. Je pense qu’il faut simplement arrêter de faire tourner de façon incessante (24h/24 et 7j/7) ces serveurs. Les mettre en route seulement aux tranches horaires des besoins ciblés est une démarche plus pertinente. C’est ce que nous faisons chez Foxintelligence.”
Même s’ils ont leur part, sachez que ce ne sont pas ces gros entrepôts de données qui provoquent les dégâts numériques majeurs. Sans grand étonnement finalement, ce sont nous, consommateurs, les plus grands responsables en représentant 47% des gaz à effet de serre émis par Internet (fabrication du matériel et consommation d’énergie) contre 25% pour eux.
Les solutions actuelles et à venir
“Dans la vie, il n’y a pas de solutions : il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent.”
Antoine de Saint-Exupéry ; Vol de nuit (1931)
Les initiatives en faveur de l’écologie numérique tendant à être de plus en plus connues : moteurs de recherches, applications, journée de sensibilisation et entreprise de “chaudières numériques”… Nous en avons sélectionnés certaines mais la liste n’est pas exhaustive.
→ Ecosia, le moteur de recherche qui plante des arbres
Créé le 07 décembre 2009 par Christian Kroll, Ecosia est un moteur de recherche éco-responsable qui utilise 80% de ses bénéfices pour favoriser la plantation d’arbres situés dans des régions victimes d’abattage massif.
D’autres moteurs de recherches éco-responsables : Lilo, Ecogine
→ Le 13 octobre, journée internationale des déchets électroniques
Le Global Recycling Day a pour but de sensibiliser le public au recyclage des déchets électroniques et inciter les consommateurs à le faire.
Cette journée a été instaurée en 2018 par le forum WEEE, soutenue par 27 entreprises à but non lucratives de déchets électroniques et provenant de 21 pays différents.
→ Des applications pionnières au cœur de la green tech
De nos jours, une personne civile sans adresse email est presque inaccessible. Si nous regardons chacun dans notre entourage, tout le monde ou presque en possède une. Nous vous avons déjà présenté Cleanfox, une application rassemblant aujourd’hui plus d’1,6 millions d’utilisateurs.
Déclinée sous format desktop et mobile, Cleanfox nettoie nos boites mail de ceux qu’on ne lit pas, par exemple, spams et newsletters jamais ouvertes pour enlever du stockage inutile sur les serveurs. Au bilan des deux premières années, ce sont plus de 700 millions de mails qui ont été supprimé, soit l’équivalent de plus de 7 000 tonnes de CO2.
Autre application intéressante, Plana, pour s’informer quotidiennement de notre propre consommation digitale. Il s’agit d’un assistant vocal sur smartphone développé par Digital for the Planet, la première organisation mondiale dédiée à l’écologie digitale.
Choisissons un avenir numérique éco-responsable
On ne peut plus nier la pollution digitale. Elle est présente même si discrète car excentrée de notre parcours de vie où nous naviguons, presque constamment, dans l’immatériel. Gardons en tête que son augmentation s’établit en parallèle de l’évolution technologique mondiale. Cela dit, les actions en faveur d’une conscience numérique plus (éco)responsable continuent. À nous d’en être les acteurs.
Cette “pollution moderne” nous implique malgré nous, génération vivant dans cette constante expansion du digital. À l’heure où l’empreinte écologique humaine dépasse la bio-capacité de notre planète, il nous semble un devoir d’avoir conscience de ce fléau numérique, mais plus encore, de choisir des attitudes responsables.
Numériquement vôtre.
*source: Internet World Stats, datant du 30 juin 2018
** Article réalisé dans le cadre d’un exercice pédagogique de reportage avec des étudiants en première année.**