Quand les vélos deviennent des déchets.

Depuis la seconde révolution industrielle, la pollution de l’air n’a pas cessé d’augmenter dans les grandes villes où la consommation est omniprésente. Aujourd’hui, cette pollution provoque 7 millions de morts prématurées dans le monde chaque année.

Quelle est la cause de ces morts prématurées ?

Dans l’air se trouvent des particules PM 2.5, les particules fines les plus petites et mortelles qui existent, puisqu’elles pénètrent au plus profond des poumons. Ces particules provoquent des maladies comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les cancers des poumons, les maladies chroniques des poumons, ainsi que les infections respiratoires.

Ces particules sont issues de phénomènes naturels tels que les éruptions volcaniques, mais elles sont aussi générées par les activités humaines telles que les centrales thermiques et surtout la combustion de carburants fossiles dans les véhicules.

Photo de congestion des axes de transport. Source : http://www.wypr.org/post/blocking-box-could-cost-you-starting-june-1st

De fait, le trafic routier est le premier responsable de la pollution de l’air que les habitants des agglomérations respirent, puisque 51% des particules proviennent des moteurs des véhicules, plus particulièrement de ceux roulant au diesel. Ainsi, 46 000 tonnes de particules fines sont émises par le trafic routier chaque année, puis se propagent et empoisonnent l’atmosphère… et nos poumons !

Création des bicyclettes en “free-floating”

Cette dégradation de l’environnement grandissante a provoqué un éveil de la conscience écologique dans le monde. De plus en plus de personnes cherchent des alternatives aux voitures, comme les véhicules électriques ou les vélos individuels et partagés. En Chine par exemple, se sont développées de nombreuses entreprises de “free-floating”, proposant des vélos partagés en libre-service et sans borne d’attache.

Cette initiative est née en 2008 dans la ville de Hangzhou, dans la province de Xiaoshan, où 2 000 vélos, avec des bornes d’attaches dans un premier temps, ont été mis à disposition par le gouvernement local. En 2016, 84 100 vélos en circulation dans cette même ville étaient dénombrés et ce modèle a été dupliqué dans d’autres villes comme Pékin et Shanghai.

En 2016 apparaît donc le système de “free-floating”, qui connait très vite un succès démesuré en Chine, avec l’installation des entreprises ofo et Mobike, aujourd’hui les plus grosses entreprises de vélos en libre-service. Par la suite, de nombreuses autres compagnies, plus ou moins grandes, ont rejoint le marché en mettant à disposition des millions de vélos comme Gobee.bike, une start-up hongkongaise, pendant que les plus grosses commençaient à s’exporter dans le reste de l’Asie du Sud.

Le succès de ce système est dû à la facilité d’accès de ces vélos. En effet, l’utilisateur n’a qu’à scanner le QR code présent sur le vélo avec son téléphone portable, faire le trajet souhaité puis le déposer où il le souhaite, tout cela pour un prix très abordable (50 centimes la demi-heure en France).

Photo d’un vélo en libre-service de l’entreprise Mobike. Source : https://www.reuters.com/brandfeatures/venture-capital/article?id=998

Ces entreprises finissent par s’exporter en Europe et en Amérique du Nord et connaissent un certain succès en 2017 : les différents pays investissent 2,6 milliards de dollars dans les vélos en libre-service.

Cependant, la rivalité de toutes ces entreprises qui ont tenté de prendre la main sur le marché a provoqué une inondation de celui-ci. Comme l’offre dépassait très largement la demande, certains utilisateurs ont pensé que les vélos étaient à usage unique. Ainsi, ces vélos ont subi les conséquences de leur mauvaise facture et du vandalisme des utilisateurs qui n’en prenaient pas soin. Très vite et une par une, les entreprises de vélo en free floating ont du se retirer d’Europe en 2018, mais persistent en Chine où elles sont toujours rentables.

Apparition des cimetières de vélos

A cause du vandalisme, les vélos étaient laissés par terre, entassés par milliers dans les villes, jusqu’à en obstruer les rues. Le gouvernement chinois a donc décidé de prendre ce phénomène en charge. Ainsi, environ 200 000 vélos ont été empilés dans un cimetière de vélos à ciel ouvert qui forme maintenant une colline selon le journal Libération. Ces vélos, laissés à l’air libre, ont commencé à rouiller alors que bon nombre pouvait encore être utilisés. Cela a engendré un gâchis de ce matériel, ainsi qu’une pollution visuelle en plus d’une pollution de l’espace public.

Photo d’un cimetière de vélos en Chine. Source : https://insights.globalspec.com/article/8794/china-s-bike-sharing-programs-lead-to-bicycle-graveyards

En comparaison, en France, environ 20 000 Vélib’ sont en circulation sur Paris , un chiffre largement inférieur à celui de la Chine, puisqu’il y aurait à Shanghai 1,5 million de vélos en libre-service. Cela dit, les dégradations de ces vélos n’en restent pas moindre, puisque par exemple Gobee.bike s’est retirée de la France et de l’Europe pour cause de vandalisme en début 2018.

Enfin, aucune mesure n’a été prise pour réparer ou recycler les vélos ou les différentes pièces qui les composent. Ce qui a renforcé le sentiments de “vélo jetable” et surtout cela a posé beaucoup de questions autour de ce nouveau déchet.

Comment recycler ces vélos ?

Les composants d’un vélo peuvent être modifiés pour de nouveaux usages. En effet, on peut convertir les pneus en ceinture, trousse, bijoux ou miroir, les roues peuvent devenir des tables-basses, des sèche-linges, des lampes, des horloges, etc. De cette manière, les vélos qui ne fonctionnent vraiment plus peuvent avoir une seconde vie.

Créée en 2015, la Recyclerie Sportive, située à Massy en Essonne, propose de réparer ou recycler des équipements sportifs comme des vélos, des équipements de football, de tennis, etc. Les adhérents de cette recyclerie prennent un abonnement à l’année qui leur permettra d’avoir accès à ces services.

Ainsi, le personnel de la Recyclerie collecte dans les magasins ou auprès des particuliers le matériel sportif afin de le réparer pour le revendre dans leur boutique, ou d’enseigner la réparation de ces équipements aux adhérents.

Aujourd’hui en France, alors que les vélos en free floating sont victimes de vandalisme et se retirent doucement des grandes villes, un nouvel arrivant apparaît sur le marché : les trottinettes électriques en libre-service. Combien de temps tiendront-elles ?

Sources de la vidéo : Air Pollution in Beijing, China, by Mostak Ahmed on Youtube. Shanghai Smog — Heavy air pollution in Shanghai during my visit in November 2015, by Sehkraft — aka Draufsicht on Youtube. Traffic Congestion in Shanghai, China, by themapleland on Youtube. Bicycle Sharing in China is INSANE, Tons of ofo Bikes On The Sidewalk, by Lei Zhao on Youtube. Amsterdam Bicycle Rush Hour, by BicycleDutch on Youtube. Riding my bike down a street near Jiao Tong University, Shanghai, China, by Jason Chang on Youtube.

Article réalisé par An Flora, Bertini Emma, Cervoni Jules, Renard Sonia et Schickel Paul

** Article réalisé dans le cadre d’un exercice pédagogique de reportage avec des étudiants en première année.**

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