Zéro déchet, zéro soucis ?

Reportage vidéo

Depuis quelques années, de plus en plus de foyers tendent à mener un mode de vie plus écologique: achat de produits éco-responsables, biologiques, végétariens… C’est dans la continuité de ces tendances que le mode de vie zéro déchet s’inscrit. En effet, de nombreuses personnes ont commencé à réduire leur production de déchets, jusqu’à ne plus rien acheter qui serait susceptible de produire des déchets! Mais est-ce vraiment possible de mettre cela en pratique quand on est une personne “lambda”? N’est-ce pas seulement un idéal uniquement réservé aux personnes les plus privilégiées?

Le Zéro déchet, oui mais…

Il existe un certain nombre de freins et d’idées reçues nous empêchant de nous lancer dans la démarche Zéro déchet. Nous avons donc décidé de les identifier et de voir s’ils sont réellement fondés :

L’inaccessibilité

Qu’il s’agisse d’aliments, de produits d’hygiène, d’entretien ou même en matière de textile, tous ces produits viennent nécessairement avec une enveloppe plastique. C’est pourquoi, il nous paraît impossible et inimaginable d’adopter un mode de vie zéro déchet. Nous sommes conditionnés par ces habitudes de consommation. Comment trouver des biscuits pour le goûter, du lait, du yaourt, du shampooing sans emballage ?

Aucune alternative ne nous semble possible. Même si le vrac émerge peu à peu dans nos supermarchés, les aliments proposés sont encore restreints et se limitent à des céréales et des fruits secs.

Rayon vrac d’un supermarché classique

Le prix

Nous nous imaginons que le vrac coûte cher. Or, contrairement aux idées reçues, cela revient moins cher dans la mesure où il n’y a pas d’emballage et qu’il est possible d’acheter la quantité dont on a besoin. Lily, étudiante en école d’ingénieur, nous affirme que son budget consacré à la nourriture est de « vingt, vingt-cinq euros par semaine, ce qui permet de faire des écarts ».

Elle nous confie qu’il n’est en effet pas rare qu’on lui fasse des remarques telles que « t’es écolo mais ça coûte cher », auquel cas elle répond « non, justement je fais des économies, clairement ».
Néanmoins, il est vrai que pour trouver tout ce dont nous avons besoin, il est préférable d’aller dans des épiceries spécialisées telles que Day by Day ou Biocoop. Elles proposent en effet une large gamme de produits, que ce soit en terme de lentilles, pâtes, riz, produits d’entretien, et même d’hygiène.

Rayon entretien d’une boutique en vrac

Le temps

Nous pouvons également retrouver assez fréquemment le fait que vivre Zéro déchet prend du temps. Or, même si consommer Zéro déchet nous oblige à cuisiner, Lily nous l’affirme : il est possible de « faire des recettes en gros qui ne prennent que 30 minutes et que l’on peut conserver dans des Tupperware[…] pour plusieurs repas » . Concernant les produits d’entretien ou d’hygiène, il est très simple et rapide d’en faire soi-même, elle nous assure même qu’en “ 10 minutes, je peux faire des dizaines de pots de déodorant ”. Concocter ses propres produits est plus économique et écologique, mais également plus durable et pratique sur le long terme.

La vie familiale

L’un des freins à ce mode de vie que nous pouvons également pointer réside dans le fait qu’il est difficile d’adopter le Zéro déchet lorsque nous avons une famille. Virginie, gérante de l’épicerie en vrac Day by Day et mère de famille, nous confie qu’il est en effet « compliqué parce qu’on ne peut pas non plus être trop extrême avec les enfants, il faut leur expliquer la démarche et ne pas les couper de leurs amis”. Cependant, rien n’empêche de commencer à leur enseigner des bonnes pratiques, telle que utiliser son Tupperware pour acheter des bonbons plutôt qu’un sac en plastique. « C’est même parfois ma petite qui me reprend », nous déclare-t-elle.

En addition, le manque de compréhension et de soutien de la part de son entourage peut également être démotivante. Lily nous confie d’ailleurs que certains membres de sa famille ne la comprennent pas et n’hésitent pas à lui dire « bouffe comme tout le monde ». Cependant, ils ne représentent pas la majorité des retours : ses parents essaient, par exemple, de faire des efforts afin de la comprendre et essayer de s’adapter à son mode de vie, lorsqu’ils l’invitent à déjeuner par exemple.

Zéro déchet et étudiant

En somme, le temps et l’argent ne sont pas réellement un soucis, comme nous le confirme Lily ; elle sait qu’en tant qu’étudiante, ces facteurs représentent un challenge. Elle nous affirme d’ailleurs qu’elle a fait entre “vingt et trente pour cent d’économie, concernant le budget concernant la nourriture, par semaine” depuis qu’elle est passée au Zéro déchet. Cependant, elle n’a eu aucun mal à adapter le zéro déchet à sa vie. Si l’on regarde bien, les difficultés que l’on rencontre en voulant changer de mode de vie ne sont basées que sur des préjugés et des appréhensions, qui sont finalement moindre considérant les avantages et bénéfices que nous apportent ce mode de vie.

Les raisons pour lesquelles il faut passer au Zéro déchet

« On n’a plus le choix »

Voilà ce que nous a dit Virginie lorsque nous lui avons posé la question. En effet, un grand nombre d’éléments viennent appuyer cet argument. Soyons honnêtes, les raisons qui pourraient nous pousser à adopter un mode de vie zéro déchet sont nombreuses : pour l’environnement, pour notre santé, notre budget… « On a tout à y gagner. »

Zéro déchet pour une planète apaisée

L’une des raisons la plus évidente d’adopter ce mode de vie est l’environnement. Aujourd’hui, un français produit 354 kg de déchets par an, et seulement 20% d’entre eux sont recyclés (source : www.cniid.org). Les déchèteries et les décharges se multiplient, le nombre de poubelles affluant dans les rues est phénoménale. C’est une pollution aussi bien environnementale que visuelle, les déchets deviennent proéminents dans nos vies.

Près de 800 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année en France. Et même si nous avons des décharges pour les stocker, une grande partie d’entre eux finit dans la nature, sur le bord des routes, sur les trottoirs, dans nos océans… Comme nous l’ont dit Virginie et Lily, nous pouvons tous, à notre petite échelle, faire un geste, aussi minime soit-il.

« Nous avons fait des erreurs, tant pis, nous allons les réparer. »

En passant au mode de vie zéro déchet, on réduit non seulement le nombre de déchet que l’on produit quotidiennement, mais en plus, en choisissant des aliments plus écologiques, on devient plus responsable, on réduit notre empreinte carbone et on fait un grand geste pour notre planète.

Déchets de deux semaines de Lily

Zéro déchet, zéro soucis pour la santé

Ce mode de vie apporte également de nombreux avantages concernant notre santé. Lily, titulaire d’un double diplôme ingénieur en biotechnologies, a pu nous renseigner sur la partie santé et sur les risques que notre consommation actuelle engendre pour notre corps.

La pollution est un facteur risque pour nous. Les fumées dégagées lors de l’incinération des déchets polluent l’air, le rejet de déchets dans les rivières contamine l’eau que nous buvons. Cependant, ce n’est pas la seule chose dont nous devrions nous méfier.

Vivre entouré de plastique nous semble peut-être pratique, mais ce n’est peut-être pas une aussi bonne idée que nous le pensons. Par exemple, stocker de la nourriture dans un contenant en plastique peut-être une mauvaise chose car lors du contact avec des aliments, un transfert de microparticules a lieu, particules que l’on finit par ingérer. Encore plus risqué si on utilise un micro-onde.

Le plus dangereux provient sûrement des produits tout fait que nous achetons. Dans les placards de nos salles de bain, tous les produits cosmétiques et hygiéniques que nous utilisons sont remplis d’une quantité d’ingrédients dont aucun de nous n’avons jamais entendu parler et dont nous ne sommes même pas capables de prononcer le nom correctement. Il en va de même pour les plats préparés, les biscuits et bonbons sous vide, remplis d’additifs en tout genre. Cela fait des années que nous savons, sans vraiment l’admettre, que ces ingrédients inconnus sont néfastes pour nous et que nous devrions les limiter au maximum. Quand on passe au zéro déchet, la solution est simple : on dit non à tout ce qui n’est pas naturel et emballé. On achète des produits sains pour soi, qui nous font véritablement du bien, et dont nous connaissons la composition.

Rayon hygiène d’une boutique en vrac

Le Zéro déchet fait du bien au porte-monnaie

Pour finir, comme nous avons pu le voir précédemment, ce mode de vie est bénéfique pour notre budget. En effet, voilà l’une des raisons qui a poussé Virginie à adapter sa routine pour tendre vers un mode de vie plus minimaliste. En plus d’être dans une démarche écologique, en devenant mère, elle s’est inquiétée du nombre de produits qu’elle allait devoir acheter puis jeter.

Dans une famille, deux adultes, deux enfants, le budget course s’élève en moyenne à 470€ par mois rien qu’en alimentaire. Un prix déjà élevé auquel il faut évidemment rajouter les produits d’entretien, les produits hygiéniques, les vêtements et les loisirs… La liste de dépense est longue, et l’addition plutôt salée. Faire attention à son budget n’est pas négligeable pour s’en sortir correctement, que l’on soit en ménage, retraité, ou encore étudiant. En adoptant un mode de vie zéro déchet, on prend conscience des quantités que l’on achète. Plutôt que d’acheter des paquets tout fait, avec un emballage et un packaging dont le prix dépend, on n’achète plus que ce dont on a besoin. On choisit consciemment et en accord avec nos habitudes, et si on en prend trop, on stocke pour plus tard. Lily nous avoue avoir réduit son budget d’au moins 50€ par mois, ce qui lui permet aujourd’hui de se faire plaisir dans des sorties avec ses amis ou des voyages.

Mais concrètement, comment passer au Zéro déchet ?

La transition à un mode de vie zéro déchet ne dépend en réalité que de deux choses : de l’organisation et de la volonté. Avant de se lancer complètement, il est important de prendre quelques minutes pour trier ce qu’on a déjà, ce qu’on pourrait réutiliser, remplacer et ce qu’on n’est pas (encore) prêt à remplacer. Ensuite, on fait des recherches, on prend contact avec des adeptes, on n’hésite pas à demander des conseils et à se déplacer en magasin. Virginie insiste sur la force des magasins en vrac qui sont des petits commerces de proximité où il est rapidement possible de nouer le contact entre des convertis depuis longtemps et les petits nouveaux. L’échange est facile.

« Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous aider. »

Et les astuces sont nombreuses. Les mots d’ordre : réutiliser, recycler et créer.

Primo : on dit adieu aux sacs et aux boîtes en plastique

On les remplace par des bocaux, des sacs à vrac ou des boîtes en verre ou en bois. On recycle les bocaux de confiture, achète des légumes en bocal qu’on conserve une fois vide, ou on les trouve les directement en magasin. Pareil pour les sac à vrac ou les tote-bags, généralement, on en a déjà, il suffit de bien chercher. On peut aussi les fabriquer soi-même si on a la main ou les acheter. N’hésitez pas à demander autour de vous, à vos proches et vos amis s’ils n’ont pas de quoi vous dépanner dans leur garage ou au grenier, ou alors à vous rendre dans des brocantes ou des marchés.

Lily avec son tote-bag

Deuxio : on fuit au maximum les supermarchés et on achète en vrac

Il existe des enseignes spécialisées qui sont de plus en plus nombreuses et accessibles. Là-bas, vous y trouverez des graines, des fruits secs, des légumineuses et des féculents en vrac, quelques fruits et légumes, et également des produits d’entretien et d’hygiène. Aller sur les marchés avec vos sacs à vrac pour récupérer des produits frais, aller dans des AMAP ou des associations locales, amener vos boîtes chez le boucher ou le poissonnier pour qu’ils les remplissent directement plutôt que de les emballer. On privilégie toujours les aliments locaux et de saison, quitte à ne pas toujours acheter bio « Il vaut mieux acheter un produit brut qui a peut-être été une ou deux fois en contact avec des pesticides, qu’un produit bio mais qui a fait des heures de trajet et dont l’empreinte carbone est énorme » nous conseille Lily. Et pour le reste, si vous allez en supermarché, privilégiez ce qui est contenu dans du carton ou des contenants recyclables en totalité, ou au maximum.

Virginie, gérante d’une boutique vrac

Tertio : on met la main à la pâte

Pour les produits d’entretien comme pour les produits d’hygiène, Lily nous donne ses trois indispensables : huile de coco, vinaigre blanc et savon de Marseille. Il existe des centaines de recettes pour fabriquer vos propres cosmétiques, vos shampooing, votre liquide vaisselle… À nous les produits sains et économiques ! Petit bonus : Le compost. Plutôt que de tout jeter, on fait le tri des déchets à la maison et on composte tout ce qui est organique.

Crème visage et déodorant fait maison

En vrac…

Avec une planète qui va de plus en plus mal, le zéro déchet est devenu une nécessité qui n’a fait que de plus en plus se démocratiser durant notre décennie.
De ce fait, son accessibilité n’a fait que s’accroître avec l’ouverture de plus en plus de boutiques en vrac, et même l’existence de rayons vrac dans les supermarchés. Plus qu’un mode de vie, c’est vraiment une philosophie, qui met du temps à se mettre en place par de petits gestes au fur et à mesure.

L’objectif est de réduire ses déchets avant tout. Des dispositifs tel que la rue Zéro déchets, mise en place dans le 10ème arrondissement de Paris, et des défis tels que “Février sans supermarché” permettent ainsi de sensibiliser le public à la démarche Zéro déchet.
Peu importe qui nous sommes, où nous vivons et nos revenus, le Zéro déchet peut nous permettre à tous de faire un geste. Il ne nous reste plus qu’à nous lancer !

Remerciements : Merci à Lily de nous avoir accueilli chez elle et de nous avoir expliqué son mode de vie.
Merci également à Virginie de nous avoir reçu dans son magasin et consacré du temps pour notre interview.
Et merci à Mme. Adourian pour nous avoir permis de travailler sur ce sujet !

Écrit par BOUDOUMA Nora, BRECE Julie, FABRE Marie et MEYER Andréa, dans le cadre d’un travail pédagogique

** Article réalisé dans le cadre d’un exercice pédagogique de reportage avec des étudiants en première année.**

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