Comment j’ai monté une néo-banque en 6 semaines | Episode 3

Nagib Beydoun
Yeeld
3 min readDec 22, 2017

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En visio avec Nancy, Bruxelles et Ho Chi Minh | le 25 septembre 2017

Cela fait des semaines que je cogite non-stop sur le business model que je veux développer. Il n’est pas question de rester dans la simple digitalisation de services traditionnels bancaires. Non seulement il faut changer de source de revenus et développer des services innovants mais en réalité il faut complètement changer de philosophie. Voilà ce que je commence à expliquer à mes associés par visioconférence.

Quand on y réfléchit, avec les taux d’intérêts négatifs, pourquoi une banque traditionnelle voudrait stimuler les dépôts de ses clients ? Au contraire, les incidents de paiement génèrent 6.5 milliards d’euros par an de revenus pour les banques. C’est malheureusement l’un des seuls leviers que les banques traditionnelles peuvent actionner pour amortir leurs énormes frais de structure. Les achats d’impulsion et les comportements dispendieux mettent leurs clients dans le rouge. Et qui dit rouge, dit jackpot : presque toutes les banques font payer à leurs clients le maximum légal et génèrent des marges indécentes sur les incidents de paiement.

Or, le propre des startups de la Fintech c’est d’avoir la capacité de construire un produit centré sur le client (en terme de besoin et d’expérience), précisément ce qu’une banque traditionnelle est incapable de faire. Donc si l’on veut réellement aider nos utilisateurs et qu’on ne les considère pas comme des vaches à lait, on va construire un service autour de leur besoin qui va leur permettre de stimuler leur épargne en fonction de leur capacité (pour ne plus être dans le rouge) et on va les aider à financer les projets qui leur tiennent à cœur (notamment en leur donnant les moyens de réduire leurs achats d’impulsion). S’affranchir de la peur des fins de mois, de la peur de l’appel du banquier, de la peur de l’imprévu, c’est une belle utopie, non ?

Je n’ai pas honte de le dire : j’ai passé des heures au téléphone avec des gens pris au hasard dans la base d’utilisateurs de Piggou, la startup que j’ai reprise à la demande d’André et dont mon concept serait la version aboutie. Je leur ai présenté notre service, j’ai intégré leurs remarques, je me suis rendu compte de ce qui n’était pas simple à comprendre, j’ai itéré de nombreuses fois, j’ai écouté leurs anecdotes sur leur banquier, je me suis fait raccrocher au nez, plein de fois, j’ai découverts leurs inquiétudes, j’ai enlevé le superflu de notre produit et je suis finalement arrivé au MVP (Minimum Viable Product) :

  • Un service d’épargne automatique utilisant la collecte de données bancaires et l’intelligence artificielle pour déterminer la capacité optimale d’épargne d’un utilisateur
  • Un système de gestion de projets pour ne jamais perdre de vue pourquoi l’on épargne
  • Une carte bancaire intelligente qui permet de ne dépenser que ce que l’on a, sans impacter ses projets, et de récupérer automatiquement un abondement chez des partenaires soigneusement sélectionnés

Et c’est ce dernier point qui est important : on ne va plus gagner d’argent en ponctionnant nos clients, on va gagner de l’argent en partageant avec eux la commission que nos partenaires commerçants et distributeurs nous reversent lorsque nos utilisateurs dépensent chez eux.

Du coup, pourquoi ne pas aller plus loin : essayons de rendre notre service bancaire aussi gratuit que possible tout en réduisant au maximum nos coûts d’acquisition et de marketing. Nous proposerons donc à nos clients un service bancaire gratuit à condition qu’ils nous accordent un peu de leur temps en parrainant 5 personnes par an. Ce qui en réalité revient à dire à 5 personnes combien ils sont satisfaits du service qu’on leur apporte.

Fin de la visioconférence, fin des débats, tout le monde est chauffé à blanc.

Prochain épisode : bootstrap et growth hacking

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