Comment j’ai monté une néobanque en 6 semaines | Episode 2

Nagib Beydoun
Yeeld
Published in
4 min readDec 4, 2017

Nancy | le 20 Septembre 2017

Il pianote frénétiquement sur son Macbook Pro, lève les yeux vers moi, me sourit d’un air narquois, et se replonge dans ses lignes de code en marmonnant:

“Putain, j’arrive pas à merger. C’est la dernière fois que j’arrête de faire du refacto pendant un mois”

André m’explique la stratégie du Paddock: on incube des hordes de jeunes geek, on les accompagne jusqu’au MVP pour qu’ils aillent chercher un product/market fit.

Le process de sélection des projets est rigoureux. Ils recherchent des porteurs des projets qui soient capables de quitter des jobs de 40h/semaine pour vouloir en bosser 80. Agilité, standup, gitpush, branche, prod sont autant de mots proférés à tort et à travers dans cet open space de 500m² dédié à l’innovation au coeur de la Lorraine. On se croirait à la Paris Games week.

Ils sont 6, parfois 8, autour d’une petite table où se mélangent les tasses de café, les claviers qwerty et autres goodies qu’ils ont récupérés à l’école 42. L’un est sur photoshop, l’autre édite son html/CSS-JS sur imax, et les autres parlent du produit et de comment faire grossir la user base.

Là, André me dit: “On a une petite startup qui génère pas mal de traction avec très peu de moyen. Le concept est connexe avec ce que tu cherches à faire. Pourquoi ne pas étudier la possibilité que tu la reprennes? Ca te ferait une bonne base de user pour démarrer. En plus, on te seed.”

L’idée paraît assez séduisante mais la condition est de rester basé à Nancy. Bon, 1h30 de TGV, c’est pas la mort. En plus, LornTech, le Grand Nancy, la Caisse d’Epargne et la CCI semblent assez actifs pour financer l’innovation locale donc cela permettrait de ne pas se diluer trop tôt. Cela mérite due diligence…

Le problème, selon moi, c’est plus le business model de sa startup: il y a embryon de système d’épargne qui permet au client de mettre de l’argent de côté de façon automatique et indolore (quelques centimes sur chaques transactions par carte bancaire via le système de l’arrondi). Mais on reste dans un schéma auquel je ne crois plus car on facture très cher (3.9% sur chaque retrait d’argent) au client un service avec un coût marginal que l’on peut assumer par ailleurs. Continuer comme ça, c’est reproduire les mêmes erreurs que les banques dont le modèle est centré sur la maximisation de leur PNB alors que le miens veut être centré sur le client et la maximisation de ma proposition de valeur.

Paris — le 21 Septembre 2017

Il est 17h15. David réclame au maître d’hôtel du Bristol qu’il nous rapporte le chariot de pâtisseries une seconde fois.

David est comme moi, parti de rien, avec son diplôme en poche, il a fondé un groupe de développement digital de 500 personnes, présent sur 3 continents. Sa base arrière depuis le départ est le Vietnam. C’est là qu’il y source les talents qui sont si difficiles à trouver en Europe, à des prix qui restent encore (relativement) compétitifs même si ce n’est plus le principal driver de sa présence locale.

Cela fait plusieurs fois que l’on évoque l’idée de s’associer sur un projet et je crois que cette occasion est la bonne. David n’est pas le genre à me demander un business plan. Il croit en moi compte tenu de mon track record et parce que nous nous retrouvons sur des valeurs humaines. Et il aime le projet que je lui présente. Vu les dernières levées aux US, il y a clairement un intérêt pour mon business model.

Seul hic, il me faut une équipe full stack en place d’ici un mois si je veux pouvoir lancer mon service début 2018. Et pas des juniors. Cela sous-entend 1 architecte, 1 dev iOs, 1 dev Android, 1 Java tech lead, 1 front end/back end dev, 1 quality controller, 1 DA, 1 product owner et 1 project manager. N’importe quel startuper, même bien financé, vous dira que c’est impossible. Du coup David l’a fait.

Prochain épisode: une team, un seed, maintenant on fait quoi?

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