Comment nos biais cognitifs impactent-ils notre manière d’épargner ?

Romain Pchr
Yeeld
Published in
4 min readOct 15, 2019
balance entre épargne et investissement

Certaines de nos décisions en matière d’épargne ne sont pas toujours rationnelles, notamment quand il s’agit de notre propre argent. Pourquoi dépensons-nous parfois de manière frénétique au lieu de mettre de côté pour des achats plus utiles ?

L’explication est que notre cerveau est souvent exposé à ce que l’on appelle les “biais cognitifs”. Ce sont des mécanismes de pensée faussement logiques voire même erronés. Ils influencent nos choix en produisant une forme de dysfonctionnement dans notre raisonnement.

Parmi les nombreux biais connus, les 4 principaux lorsque l’on parle d’épargne sont : l’incohérence temporelle, la perception des risques et des pertes, le Digital Nudge et l’ancrage.

1. L’incohérence temporelle, un arbitrage entre “le moi présent” et “le moi futur”

L’importance accordée au présent varie d’un individu à l’autre. Certains préfèrent profiter, alors que d’autres veulent anticiper. Ce mécanisme est lié au “moi présent” et au “moi futur” : le premier a une préférence pour une utilité immédiate plutôt qu’une future. Il faut bien-sûr prendre en compte que la gratification immédiate est souvent bien plus forte ! Prenons l’exemple du régime, le “moi futur” souhaite perdre du poids mais le “moi présent” préfère manger du chocolat. C’est parce que l’arbitrage entre « plaisirs et peines » est inhérent à nos choix.

Cette situation entraîne fréquemment des regrets, notamment en matière d’épargne. Une enquête récente du Global Atlantic group a montré que sur 4000 américains, pré-retraités et retraités, interrogés sur leurs économies, 55% d’entre eux avaient des regrets et que le plus important était celui de ne pas avoir assez mis de côté. Dans le cas de l’épargne, nous négligeons généralement nos besoins futurs (les prochaines vacances, les impôts, l’achat d’un appartement, etc) et nous préférons investir notre argent dans des achats immédiats.

Par ailleurs, ce biais d’incohérence temporelle permet d’expliquer de nombreux autres phénomènes bien connus comme la procrastination qui consiste à remettre au lendemain ce que l’on pourrait faire aujourd’hui.

2. La perception des risques et des pertes, une représentation pas toujours rationnelle

La peur de la perte influence notre manière de faire des choix. Nous épargnons rarement le montant optimal car nous assimilons l’épargne à un argent que nous ne pouvons pas consommer dans le présent puisqu’il n’est pas disponible.

Pour parer à ce phénomène, Richard Tahler, le prix nobel d’économie 2017, a développé un programme nommé “Save More Tomorrow” aux Etats-Unis. Il consiste à allouer automatiquement une part des augmentations salariales à venir des employés à leur plan d’épargne-retraite. En mettant directement cet argent de côté le sentiment de perte est nul car ce montant n’a ni été perçu ni impacté le salaire actuel de l’employé. Cela a été confirmé par de nombreuses expériences qui ont démontré qu’une fois le sentiment de perte disparu notre tendance à épargner augmentait.

3. Digital Nudge, une influence positive sur nos choix

La Théorie du Nudge parfois appelée “paternalisme libéral” ou encore “coup de pouce”, également développée par Richard Thaler, décrit les “incitations douces” qui nous poussent à prendre les bonnes décisions. Ce sont des mécanismes qui nous encouragent à faire certains choix sans y être contraints.

Cette théorie a été appliquée à plein de domaines différents dont la gestion, la culture ou encore la santé. Prenons l’exemple de l’automatic enrollment pour l’épargne d’entreprise. La souscription à des produits d’épargne paraît souvent fastidieuse car il faut effectuer des démarches comme comparer des offres et/ou remplir des formulaires. Cela empêche beaucoup d’individus de mettre de l’argent de côté. Avec l’automatic enrollment, qui consiste à inscrire automatiquement les salariés à des plans d’épargne, à moins qu’ils en formulent la demande. Dans ce cas précis, les salariés ont étés aidés à épargner sans en y être contraints.

4. L’ancrage, une vision biaisée

En psychologie, l’ancrage est un biais cognitif qui désigne la difficulté que nous rencontrons à nous défaire de notre première impression. En se focalisant sur une première information, une première valeur ou un premier élément, notre esprit n’arrive plus à prendre en considération les nouvelles informations.

Le fait de rester ancré sur une valeur de référence (arbitraire et donc incorrecte), va influencer nos choix. L’ancrage nous conduit par conséquent à accorder plus d’importance aux informations connues ou immédiatement observables.

Prenons l’exemple d’un individu qui pense que 1 euro est le montant maximal qu’il est capable d’épargner par semaine. S’il épargne 2€ la deuxième semaine, 3€ la troisième… jusqu’à 52€ la 52ème semaine alors sa vision de ce qu’il est capable d’épargner augmentera progressivement. Finalement, il aura réussi à mettre plus de 1400€ de côté alors qu’au départ il ne pensait économiser que 52 euros.

Chez Yeeld, ces questions nous passionnent et nous nous inspirons de toute cette connaissance pour proposer des solutions d’épargne nouvelles. Nous connaissons bien ces biais cognitifs qui nous empêchent parfois d’épargner notre argent. Pour de nombreuses personnes, l’épargne représente une perte, une contrainte ou une source de stress.

C’est pourquoi, nous avons développé des règles d’épargne simples et adaptées aux styles de vie de nos utilisateurs. Le but est de rendre l’épargne ludique, sans effort et sans contrainte. Découvrez nos règles d’épargne qui permettent de gérer son argent en fonction de ses besoins, son mode de vie et ses projets !

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Romain Pchr
Yeeld
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Eng Manager at Pennylane. Ex Co-founder & CTO @ Yeeld and Eventmaker