Comment les GAFA veulent transformer la maison

La révolution de la maison connectée promise maintes fois se heurte inlassablement à sa non adoption par les foyers. Trop chers, trop vite obsolètes et surtout trop gadgets, les objets connectés peinent à trouver leur place. Pour tenter de leur donner une nouvelle chance les GAFA sont sur le pont, à moins que la révolution ne vienne tout simplement d’ailleurs ?

Sébastien Louradour
Yellow Vision
5 min readOct 3, 2016

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Nous attendions la keynote d’Apple de septembre pour en savoir davantage sur l’avenir de Siri.Finalement peu de nouvelles choses ont été dites : Siri va bien permettre de commander à la voix de nouveaux services. C’est désormais le cas pour commander un Uber, envoyer un message avec LinkedIn ou encore appeler quelqu’un avec WhatsApp et la liste s’allonge de jours en jours. Cela confirme en tous cas le mouvement initié vers une interface unique commandée par la voix.

La surprise vient davantage d’une information confidentielle qui a fuité quelques jours plus tard annonçant qu’Apple travaillerait sur une tour équivalente à Amazon Echo et qui serait actuellement testée comme prototype. Pour rappel, Amazon Echo, qui n’est pas encore sortie en France, est une petite tour que l’on installe chez soi et qui permet de contrôler des services et applications uniquement grâce à la voix. Avec la sortie prochaine de Google Home, une tour proposant les mêmes fonctionnalités, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ont définitivement décidé d’investir la question de la maison connectée.

Dépasser l’illusion moderniste

Il faut bien le dire, la domotique telle qu’elle a été promise depuis des décennies, n’a jamais servi à grand chose. Souvent assez chers, fonctionnant dans un écosystème fermé, tombant rapidement en obsolescence, les objets connectés de la maison n’ont jamais réussi à séduire davantage que les technophiles convaincus. Il faut aussi reconnaître que la promesse de ces objets reste quand même assez superficielle : gestion de la lumière à distance, arroseur de pelouse programmable, volets roulants automatiques, pas de quoi disrupter la maison. En 1958 déjà, Jacques Tati soulignait dans Mon oncle la promesse illusoire de modernisme qu’une maison automatisée pourrait apporter. Depuis, la liste des objets connectés n’a cessé de se ralonger sans pour autant convaincre davantage. Dernière illustration en date, la machine Nespresso du jus de fruit proposée par Juicero à 699$… Bref, l’objet connecté, promis chaque année comme le nouvel entrant dans les foyers, ne dépasse pas le stade de l’objet cher et accessoire. Et c’est bien ce que les GAFA tentent d’inverser en misant sur deux points : devenir accessibles et indispensables.

Un objet totem

Aux Etats-Unis, Amazon Echo (179$) est déjà un succès colossal. En avril 2016, une étude affirmait que 3 millions d’unités avaient été vendues. Depuis, Amazon a décidé de franchir une nouvelle étape pour conquérir davantage de foyers en proposant la même technologie mais sans haut parleur pour 49$ avec Amazon Echo dot. Equipé de l’assistant virtuel Alexa, Amazon Echo peut grâce à la voix commander un Uber, réaliser un virement bancaire, simplifier les usages des abonnés au programme Amazon Prime et bien sûr gérer les objets connectés de la maison. Apple va visiblement suivre le chemin avec un objet qui sera, on peut l’imaginer, équipé de Siri et Google va sortir début octobre Google Home, toujours sur le même format avec Google Assistant, équivalent de Siri et Alexa.

Une expérience unique

En proposant chacun un hub connecté, et une interface unique pour tout gérer, les GAFA permettent l’accès à une panoplie complète de services. En premier lieu, ils ont ouvert aux développeurs des plateformes permettant de rendre les objets compatibles avec leurs applications de gestion de la maison. Apple en lançant l’application Home, permet par exemple de gérer l’ensemble de ses objets connectés de chez soi ou à distance, ou encore de définir des Favorite scenes comme regarder un film ou se réveiller. En définissant la fonction se réveiller par exemple, je peux dire que telle ou telle lampe doit éclairer de telle manière, que la machine à café doit démarrer et que la température de ma cuisine doit être de 22 degrés. Il est également possible de régler des tâches automatiques avec Automation Tab, comme fermer automatiquement le verrou de sa porte d’entrée lorsque l’on quitte son domicile. En ayant chez soi l’Apple TV 4ème génération ou un iPad disposant d’iOS 10, on peut en outre commander à distance les objets connectés de sa maison.

Ainsi, les Gafa ont décidé, non pas de repenser la façon dont la maison connectée a été conçue, mais davantage d’y apporter de la fluidité, des services accessibles à tout instant et une expérience utilisateur unique.

La maison autonome par Tesla

Et si la véritable révolution de la maison passait par son autonomie énergétique ? C’est en tout cas le pari d’Elon Musk qui souhaite combiner la technologie des batteries Tesla avec celle des panneaux solaires de la société Solar City (dont il est le co-fondateur et futur CEO) pour proposer une maison autonome en électricité capable de redistribuer cette énergie entre les foyers. L’impact d’une telle adoption aurait d’autres implications que la domotique que l’on a connue jusqu’à présent en nous engageant sérieusement dans la ville intelligente et dans la production d’énergie propre.

Et la recette d’Elon Musk pour y parvenir est loin d’être farfelue ou doucement bohème. Il souhaite que cela soit aussi simple que brancher sa batterie au mur et gérer l’installation de ses panneaux solaires en un coup de téléphone. Bref lui aussi veut vendre une expérience utilisateur calquée sur le modèle Apple et sortir du bricolage technologique. Pour cela il souhaite (i) proposer un objet désirable, (ii) créer un écosystème d’applications et de services simples et fluides et (iii) créer un nouvel usage. C’est déjà la voix qu’il a emprunté avec succès pour lancer les véhicules électriques Tesla, et le projet en cours de Gigafactory permettant de produire en masse des batteries démontre que ce plan est parfaitement réaliste.

Une chose est en tous cas certaine, les grandes entreprises de la tech ont une vision précise de ce que sera le futur de l’habitat et de la ville, il s’agit désormais de voir comment ces derniers seront en mesure de l’influencer.

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Sébastien Louradour
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