Des interprètes virtuels pour les personnes sourdes et malentendantes

Grâce aux progrès de la technologie, le quotidien des personnes sourdes et malentendantes s’améliore, rendant les conversations accessibles et permettant d’entrevoir une meilleure adaptation de la société à leurs besoins.

Lilas D.
Yellow Vision
3 min readAug 24, 2017

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Pensez “homme augmenté” et immédiatement votre esprit dérivera vers des imaginaires futuristes, allant du biohacking aux cyborgs, dans lesquels l’humain et la machine ne font qu’un. Mais sans aller jusqu’à des manifestations aussi spectaculaires, l’homme augmenté est déjà là. Tous équipés de technologie embarquée dans nos smartphones et nos objets connectés, nous sommes constamment aidés dans nos actions quotidiennes par les machines, devenues de véritables béquilles.

Dans cette ère de super-communication, le smartphone représente un vrai changement de paradigme pour les personnes malentendantes et sourdes, rendant les échanges plus faciles et interactifs. En attendant l’invention des oreillettes connectées ou des lentilles intelligentes qui pourront lire sur les lèvres de votre interlocuteur, voici déjà trois belles idées qui facilitent la vie des personnes sourdes et malentendantes.

Ava, le compagnon des conversations

Créée par Thibaut Duchemin en 2014, Ava est une application qui facilite les interactions entre les personnes sourdes ou malentendantes et les entendants. Thibaut Duchemin a grandi en étant le seul entendant de sa famille, avec qui il communiquait grâce à la langue des signes, constituant leur trait d’union avec le monde pour beaucoup de démarches de la vie quotidienne. Et puis il a décidé de faire tomber les barrières de communication grâce à l’intelligence artificielle. Accompagné par une équipe établie dans le monde entier, il a créé Ava, un assistant personnel intelligent. Installée sur le smartphone de tous les participants à une conversation, Ava en capte tous les sons et retranscrit instantanément les échanges sur l’écran, comme un prompteur, en identifiant tous les locuteurs. La personne malentendante peut ainsi participer en temps réel aux conversations, sans se sentir exclue.

Kophosight, la traduction grâce à la réalité mixte

Lancé par un trio d’ingénieurs de l’ECE Paris en partenariat avec l’Institut national des jeunes sourds, Kophosight est un traducteur en temps réel de langue orale au langage parlé complété, un code qui “permet de comprendre la langue française phonème par phonème, grâce à des clés de main apportant une information parallèle afin de comprendre les multiples sons syllabiques, en particulier ceux dont il n’est pas possible de voir la différence sur les lèvres comme pain, bain ou main”, raconte Louis Brillet, l’un des fondateurs, à RSLN. Le langage parlé complété est un code courant au sein de la communauté sourde. Pour faire ses traductions, Kophosight a recours à Hololens, le casque de réalité virtuelle de Microsoft : une fois le phonème reconnu, le casque affiche la main correspondante pour traduire la langue orale. Cette innovation augure un futur meilleur pour les personnes atteintes de surdité profonde, qui pourraient à terme se passer d’interprètes. Une innovation cruciale alors que la profession est en manque d’effectifs par rapport à la demande.

Uni, la tablette qui reconnaît la langue des signes

Vétéran des solutions de communication pour personnes atteintes de handicaps auditifs, l’entreprise MotionSavvy a depuis 2011 cartographié la langue des signes grâce au machine learning. En 2015, l’entreprise a lancé Uni, une tablette et un logiciel capables de reconnaître la langue des signes et de la traduire en texte pour faciliter la communication entre malentendants et entendants. S’appuyant sur la reconnaissance des gestes via la caméra de la tablette (ou de l’ordinateur si on n’utilise que le software), Uni se veut être un interprète accessible, simple et fiable.

On reproche de plus en plus aux nouvelles technologies de créer des besoins qui n’en sont pas, de générer des dépendances, de nous isoler les uns des autres plutôt que de nous rapprocher. Mais quand elles sont mises au service de réels besoins, elles permettent d’inventer des solutions sous un angle jusqu’ici trop peu exploré : il ne s’agit pas d’aider les personnes porteuses de handicaps à s’adapter au monde, mais bien de rendre la société elle-même plus adaptée à tous ceux qui la composent.

Originally published at Yellow Vision.

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