Elon Musk, l’homme qui veut sauver la Terre et coloniser Mars

Elon Musk, fondateur de Tesla Motors, la compagnie qui a décidé de s’attaquer frontalement à l’ensemble du secteur automobile, voit les choses en grand. L’empire qu’il construit a en effet deux objectifs : sauver notre planète et coloniser Mars. Pas moins.

Sébastien Louradour
Yellow Vision
7 min readAug 4, 2016

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Elon Musk, dont la fortune est estimée à 12 milliards de dollars, a en effet de grands projets. Pour cela, l’ancien CEO de PayPal a décidé de ne pas perdre de temps à essayer de convaincre tout le monde, il préfère agir. C’est dans cet esprit qu’il a mené avec succès de nombreux projets, parfois tout droit tirés de la science fiction : voitures autonomes, fusées pouvant atterrir, trains qui roulent à 1 200 km/h…

Elon Musk semble presque s’excuser d’être là. En décembre 2015, l’université Panthéon-Sorbonne a décidé d’inviter le brillant homme d’affaire à une conférence dans le cadre de la Conférence Climat de Paris et ce dernier introduit son propos presque en murmurant, visiblement peu à l’aise en public. Et pourtant Elon Musk a des choses à dire.

Dans une démonstration de 20 minutes, ce dernier explique avec une simplicité déconcertante l’enjeu de demain pour notre planète : passer de l’ère de l’énergie fossile à l’ère de l’énergie durable le plus rapidement possible sans quoi une grande partie de la population mondiale pourrait vivre un désastre environnemental. Et si l’on s’y met maintenant, il estime qu’il faudra 10 à 20 ans pour y parvenir.

Et ce que l’on peut dire c’est que la contribution personnelle d’Elon Musk à ce projet pourrait peut-être faciliter grandement ce processus.

La Tesla, véhicule propre et autonome pour tous

On pourrait à première vue considérer que le but d’Elon Musk est avant tout de vendre des voitures de sport électriques dont le prix dépasse allègrement les 80 000 euros aux riches CEO de la Silicon Valley.

Mais lorsqu’on parcourt le second plan stratégique de Tesla Motors (Master Plan, Part deux) mis en ligne le 20 juillet par son CEO, on réalise que sa stratégie va en réalité dans une toute autre direction. Son but est de totalement démocratiser l’accès à l’énergie électrique via une flotte de véhicules abordables beaucoup plus étendue, allant de la berline aux SUV compacts sans oublier le pick-up, très populaire aux Etats-Unis. Le prochain modèle, Model 3, dont le carnet de commandes a atteint les 373 000 véhicules à ce jour, doit sortir fin 2017 au prix plus raisonnable de 35 000 dollars, globalement le prix de la Toyota Prius toutes options. Ça reste cher, mais si on considère les frais de maintenance très faibles du moteur électrique et le coût de consommation cinq fois moins cher que le carburant, ça devient plus acceptable.

Ces véhicules auront en outre la capacité d’être à terme autonomes, comme c’est déjà pour partie le cas en version test, et uniquement sur autoroute, pour les modèles déjà commercialisés : le Model S et le Model X.

Une fois ces voitures parfaitement autonomes, ce qui devrait intervenir lorsque Tesla aura fait la preuve qu’elles sont 10 fois plus sûres que celles conduites par des humains, celles-ci pourront être ouvertes à la location lorsqu’elles ne seront pas utilisées par leurs propriétaires. L’idée est d’une part d’intensifier l’usage des véhicules dans les zones urbaines denses comme peut déjà le faire Autolib à Paris, et d’autre part de générer une source de revenus pour le propriétaire suffisante pour que la Tesla devienne abordable pour presque chaque foyer.

Et celui qui semble vouloir marcher dans les pas d’Henri Ford en démocratisant les véhicules électriques, a même une société idéale en tête : la Solar City.

Le Model X de Tesla Motors. Coût de départ : 80 000 $. Elon Musk
Le Model X de Tesla Motors. Coût de départ : 80 000 $

Une société autonome grâce à l’énergie durable

SolarCity, c’est également le nom d’une autre société de la galaxie Elon Musk. Composée de 13 000 personnes, celle-ci produit et installe des panneaux solaires à travers l’ensemble des Etats-Unis. Elon Musk, qui n’était jusqu’à présent que co-fondateur, a décidé de racheter la société pour en faire une pièce maîtresse de son projet : combiner la technologie des batteries Tesla à celle des panneaux solaires pour créer un écosystème d’habitats autonomes en énergie propre et capables de s’échanger de l’énergie en fonction des besoins de chaque foyer.

Stocker l’énergie électrique représente en effet un défi technologique que Tesla Motors a pour grande partie résolu. Cette dernière a non seulement développé une technologie de batterie hors norme mais a également construit sa propre usine de batteries, la Tesla Gigafactory, opérationnelle dès 2017 et capable à elle seule de produire en 2020 plus de batteries Lithium ion que la production mondiale totale de 2013. De quoi également réduire le prix faramineux de ces batteries (estimé entre 20 000 et 50 000 dollars pour une Tesla) de près de 30%.

A terme, la production de masse de batterie à coût réduit va permettre de décupler la force de frappe de Tesla Motors et SolarCity. En équipant en batteries les véhicules et les logements (via les Powerwall, spécialement dédiés à la maison), Elon Musk compte faire massivement adopter l’électricité verte et atteindre ainsi son but : accélerer la transition mondiale vers l’ère de l’énergie durable et au bout du bout sauver la Terre.

Un passage rapide aux énergies renouvelables, l'ambition d'Elon Musk grâce au rachat de SolarCity
Un passage rapide aux énergies renouvelables, l’ambition d’Elon Musk grâce au rachat de SolarCity

Le plan B : coloniser Mars

Vous l’aurez compris, Elon Musk pense global, et donc quitte à vouloir sauver la planète Terre, pourquoi ne pas envisager un plan B en cas d’échec ? Et pourquoi ne pas considérer la planète Mars comme plan B ? Ne riez pas, car ce projet est très sérieusement envisagé par le CEO de Tesla Motors qui a pour cela fondé SpaceX, entreprise spécialisée dans la construction et le lancement de fusées.

Car pour coloniser de nouvelles planètes, tout comme pour accélérer la transition énergétique, autant prendre les choses en main. En 2001, lorsque Elon Musk décide d’engager le projet, le prix des fusées est astronomique. Plutôt que se ruiner dans l’achat de fusées, Elon Musk décide tout simplement de se lancer dans leur construction avec pour objectif de diviser par 10 leur coût de production.

En s’y penchant de plus près, pour coloniser une planète (son objectif est que 80 000 personnes vivent sur Mars en 2040) il faut quelques fusées, et que leur prix diminue drastiquement. Ainsi en décembre 2015, SpaceX a réussi une prouesse technologique, renouvelée en avril : réussir à faire atterrir une fusée. Dès-lors, plus besoin d’en reconstruire à chaque fois une nouvelle, il suffit de la reconditionner puis de la faire repartir, un peu comme un avion.

Pour ce qui est du transport d’équipage sur Mars, SpaceX mise sur une mission en 2024 grâce au Mars Colonial Transporter, toujours au stade d’étude. D’ici là, la société construit et lance des fusées pour mettre en orbite des satellites ou fournir des équipements (et dès l’année prochaine des astronautes) à la station spatiale internationale. Les revenus ainsi générés doivent permettre de financer le programme de colonisation de nouvelles planètes.

Atterrissage de la fusée Falcon 9 sur une plateforme située au beau milieu de l’océan : une première mondiale

Un train plus rapide que l’avion

En 2013, Elon Musk décide d’engager des équipes de Tesla Motors et SpaceX pour encore accélérer une idée digne des livres de science fiction : créer une navette se déplaçant sans frottement dans un tube sous basse pression pour relier les villes entre elles.

L’objectif initial du projet est de relier San Francisco à Los Angeles en 35 min soit à la vitesse de 970 à 1 200 km/h en vitesse de pointe. Pour réaliser cela, et faute de temps et d’investissements suffisants, les travaux d’amorçage d’Elon Musk et ses équipes ont été ouverts en open source, de façon à faire contribuer le maximum de scientifiques et ingénieurs sur le sujet. C’est ainsi que de nombreuses sociétés, dans lesquelles Elon Musk n’a pas de participation, se sont crées pour poursuivre le projet.

La plus avancée est à ce stade Hyperloop One. Cette dernière a en effet réalisé un premier test grandeur nature dans le Nevada, et compte réaliser du transport de marchandises dès 2019 et de personnes dès 2021.

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Le projet Hyperloop : déplacer une capsule à plus 1 000km/h dans un tube sous pression pour relier les villes entre elles

Intelligence artificielle éclairée

Plus récemment, en octobre 2015, Elon Musk a annoncé la création de l’association de recherche Open AI également en open source. Cette structure est destinée à promouvoir une intelligence artificielle (AI) générale (principe évoqué dans un précédent article posté sur Yellovision) qui bénéficie vraiment à l’humanité.

Elon Musk, comme des scientifiques tels que Stephen Hawking et Stuart Russell, considèrent en effet que l’humanité pourrait un jour être mise en danger par une intelligence artificielle globale capable de prendre le dessus sur les hommes. D’où la nécessité de prévenir dès à présent ce risque en menant des travaux de recherche ouverts qui vont dans le sens d’une AI éclairée et altruiste. Le principe d’ouverture des données de recherche est clé car cela peut prévenir les erreurs scientifiques grâce à la revue par les pairs dans un domaine aussi sensible où le risque est de tous finir exterminés par un Terminator devenu incontrôlable.

Pour cela, Elon Musk a réalisé un appel de fonds auprès des grands noms de la Tech et a réussi à lever 1 milliard de dollars.

Comme le dit avec une certaine ironie Richard Branson à propos de celui qui a récemment annoncé vouloir se construire la tenue d’Iron Man : “c’est un paradoxe de voir Elon Musk travailler à améliorer notre planète tout en développant une navette spatiale pour nous aider à la quitter”. Mais le patron de Virgin a omis un point crucial qui rend ce paradoxe tout à fait viable : Elon Musk veut sauver l’humanité.

Originally published at Yellow Vision.

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Sébastien Louradour
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