La voix est-elle l’avenir de la machine ?

S’adresser à un interlocuteur à qui il faut répéter plusieurs fois le même message pour être compris, n’employer que des phrases déclaratives simples voire simplistes, et tout cela pour conditionner une interaction limitée avec le monde… il y a de quoi sentir la frustration monter. Et pourtant, dans le cas des assistants dits « intelligents », comme l’Amazon Echo ou le Google Assistant (qui arriveront bientôt en France), les commentaires sont dithyrambiques : « ils anticipent nos besoins », « ils sont capables de nous parler », « ils nous rendent la vie plus facile ». Qu’en est-il vraiment ?

Ariane Ville
Yellow Vision
3 min readMay 2, 2017

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Après quelques heures d’interaction avec Amazon Echo, je dirais que l’enceinte intelligente nous rend en effet le shopping plus facile, en particulier — vous l’avez deviné — le shopping sur Amazon. Mais ses applications au-delà sont pour l’instant encore limitées.

La libération des mains

Premier de la série, l’Amazon Echo a été proposé au public américain en juin 2015. Il est équipé d’un assistant « intelligent » qui répond au prénom / mot commande « Alexa ». On peut alors directement interpeller l’interface vocalement pour lui demander de résoudre des questions simples : quel temps fera-t-il demain ? Ou lire un article de Wikipedia, ou encore programmer le réveil du lendemain si on a positionné l’enceinte sur sa table de nuit. Le véritable avantage par rapport à l’utilisation de l’ordinateur pour ces tâches est qu’Alexa libère nos mains. Une fois qu’elle sera au point, la reconnaissance vocale dont sont capables l’Amazon Echo, Google Home et compagnie sera source d’un véritable progrès dans notre interaction avec le monde des services connectés (Voir ici par exemple). Pour l’instant, nous sommes dans la phase d’apprentissage, donc les utilisateurs doivent prendre leur mal en patience.

Au-delà des ampoules ?

Les assistants vocaux seront clairement un point de contrôle central et utile pour nos maisons connectées une fois que celles-ci seront en effet… connectées. A ce stade, l’Amazon Echo peut contrôler vos ampoules intelligentes Philips Hue et les faire changer de couleur en fonction de votre humeur, votre thermostat Nest pour adapter la température de la maison à nos habitudes et éviter le gaspillage énergétique, contrôler votre porte de garage. S’il est agréable de pouvoir centraliser ces commandes en les adressant à une seule interface, le champ d’application est pour l’instant limité par le type d’objets connectés que nous pouvons installer dans nos demeures.

Des assistants shopping

Là où les bidules comme l’Echo sont plutôt efficaces, c’est pour nous inciter à consommer les services et produits de leur maison mère. Rien de plus facile avec Echo que d’acheter des chansons sur le Digital Music Store ou des produits physiques par Amazon Prime. L’assistant de Google se différencie en vous proposant la commande de produits « locaux » (comprenez disponibles dans les magasins près de chez vous qui ont des partenariats commerciaux avec Google…).

Le futur

Dans quelle direction vont évoluer ces assistants domestiques ? La première est vers la compatibilité avec plus d’objets connectés, au fur et à mesure que ceux-ci entrent dans nos maisons. Ensuite, les progrès en traitement du langage naturel feront certainement que nous aurons moins de problèmes de communication, moins besoin de répéter plusieurs fois les commandes simples. Amazon et Google réfléchissent à transformer leurs assistants en « téléphones » — autrement dit, nous assisterions non sans ironie au retour du téléphone fixe. L’ajout d’écrans est aussi envisagé, puisque les recherches ont montré que l’écran est le moyen le plus efficace dont dispose une machine pour nous transmettre des informations (c’est le MIT qui le dit). Facebook envisage de se mettre dans la danse, même si Mark Zuckerberg préfère communiquer par SMS avec « Jarvis », pour ne pas trop déranger l’entourage.

Il faudra attendre encore quelques mois pour l’arrivée de l’Amazon Echo et de Google Assistant dans nos contrées. Peut-être ce délai se révélera-t-il salutaire ?

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