Le camion autonome Uber réalise sa première livraison

OTTO, la startup récemment rachetée à prix d’or par Uber vient de réaliser sa première livraison commerciale autonome par camion, une première mondiale.

Sébastien Louradour
Yellow Vision
4 min readNov 16, 2016

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Dans la course au véhicule autonome, il y a les voitures, bien sûr, mais également les camions de marchandises. La startup OTTO s’est spécialisée dans ce domaine depuis sa création en début d’année. Rachetée quelques mois plus tard par Uber, la startup vient de réussir l’exploit de livrer 50 000 canettes de bières sur une distance de 190 km de façon (presque) parfaitement autonome.

Si je peux vous donner un tuyau sur une bonne idée de startup, je dirais comme ça de miser sur les véhicules dotés d’intelligence artificielle. Prenons l’exemple d’OTTO : ses fondateurs ont réussi en moins d’un an à lancer leur startup, la revendre au prix estimé de 700 millions de dollars et réussir leur première livraison autonome commerciale par camion. Tous n’ont pas connu ce succès, à l’instar de la startup Comma.ai lancée en grandes pompes par le sulfureux Georges Hotz, qui annoncait vouloir démocratiser l’accès à la voiture autonome et qui a finalement annoncé il y a quelques semaines l’abandon pur et simple du projet.

Pour autant, à une valeur moyenne de 10 millions de dollars par salarié pour OTTO (la société comptait 70 collaborateurs au moment de son rachat), il semble que se tourner vers ce domaine de spécialisation est un bon conseil d’orientation à donner à ses enfants.

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Livrer 50 000 budweiser

Le contenu de la cargaison ne fera peut-être pas date, en revanche le trajet pourra figurer dans les dates à retenir. Le 25 octobre dernier, un camion équipé par la startup OTTO, rejoignait la ville de Colorado Springs depuis Fort Collins. Vous ne voyez pas où c’est, moi non plus, mais il faut globalement s’imaginer une route droite coupant à travers une plaine déserte avec les Rocheuses comme horizon lointain. C’est dans ce paysage de far west qu’un camion réalisait sa première livraison commerciale sans chauffeur au volant.

Rassurons-nous, il y avait bien un chauffeur, mais celui-ci a lâché le volant dès qu’il a rejoint l’autoroute pour ne le reprendre que 2h30 plus tard pour sortir de cette même autoroute. Au cours du trajet, celui-ci a pu prendre le temps de s’adonner à d’autres activités, avec, en cas de besoin, la possibilité de reprendre le contrôle du véhicule à tout moment.

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Réduire les accidents

Equipés de 30 000 dollars de haute technologie les camions OTTO disposent d’un auto-pilote plus avancé que les Tesla model s. Dans l’échelle du véhicule autonome, le camion OTTO se classe au niveau 4 sur 5, qui signifie que dans un une zone géographique définie à l’avance, le véhicule peut évoluer sans avoir besoin d’un conducteur. L’air de rien, c’est énorme. Tesla a en effet annoncé vouloir améliorer la performance de ses véhicules en niveau 2 et Ford annonce qu’il pourrait atteindre le niveau 4 en… 2021.

En termes de sécurité routière, la présence de camions autonomes, respectueux du code de la route comme aucun, et surtout, ne connaissant pas la fatigue, pourrait permettre d’éviter bien des accidents graves. Les chiffres de la sécurité routière font en effet réfléchir. 1 routier sur 3 risquerait un accident à cause du manque de sommeil, et selon une étude de Volvo, l’erreur humaine est considérée comme la première cause d’accidents provoqués par les poids lourds. En Europe, 17% des accidents mortels impliqueraient ainsi des camions.

S’agissant du camion autonome, pas d’erreur humaine à prévoir, ce qui à l’avenir pourrait sécuriser grandement les trajets sur autoroute.

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Quel avenir pour les chauffeurs ?

On ne va pas se mentir, l’industrie de la livraison va clairement s’intéresser à ces camions autonomes pour réduire la voilure en matière de masse salariale. OTTO imagine d’ailleurs à terme des zones à l’entrée des villes où les camions autonomes vont pouvoir se garer comme des grands pour être ensuite pris en charge par un vrai chauffeur qui réalisera la conduite sur le dernier tronçon. Grâce à ce principe, on réduirait ainsi la présence des chauffeurs au strict minimum, en les faisant conduire uniquement sur les portions de route les plus complexes à prendre en charge : les villes.

Autant dire qu’une telle technologie risque de vite se propager, OTTO affirme désormais être opérationnelle pour réaliser des livraisons commerciales en mode pilote. Reste à savoir si, dans une période de chômage structurel, les gouvernements verront d’un bon oeil l’émergence d’une technologie siphonnant à ce point les emplois.

Originally published at Yellow Vision.

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Sébastien Louradour
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