Le TechShop d’Ivry nous ouvre ses portes

Lilas D.
Yellow Vision
Published in
4 min readSep 3, 2017

On s’est retroussé les manches et on a chaussé nos lunettes de sécurité pour tout tester.

C’est en 2015 que le makerspace américain TechShop, fondé en 2006 en Californie, premier lieu de fabrication payant pour particuliers, s’installe en France; la même année, en Novembre, le lieu ouvre son enseigne à Ivry.

Première particularité du lieu, il est gigantesque : 2000 mètres carrés d’anciens entrepôts. Puis, il y a le sous-titre : “Ateliers Leroy Merlin”. Non loin se trouve en effet le magasin Leroy Merlin Ivry. Le groupe qui a investi dans TechShop en France et souhaite créer des ponts entre leurs structures. Et les deux associés voient grand : un autre espace ouvrira à la rentrée dans les locaux de la très prestigieuse Station F. Ce TechShop-là (de “seulement” 650 m2) sera spécifiquement dédié au prototypage pour les start-upeurs, alors que celui d’Ivry se destine au grand public et à l’utilisation de grandes machines industrielles. On en pousse les portes un mardi matin d’août en compagnie de Mathilde Berchon, chargée des évènements et des partenaires entreprises de TechShop, qui joue les guides pour la journée et répond à toutes nos questions pour mieux connaître les recoins de cet espace.

Qui passe la porte de TechShop à Ivry ?

Mathilde Berchon : Nous avons une communauté dynamique de membres avec des profils très variés. En journée, nous avons plutôt des designers indépendants qui utilisent l’espace comme co-working où ils travaillent sur leurs propres projets ou ceux de clients. Nous avons également beaucoup d’entrepreneurs qui ont une idée de produit qu’ils veulent lancer et qui ont besoin de TechShop pour le prototyper. Enfin, un nombre important de particuliers qui, eux, viennent le week-end ou le soir (jusqu’à 22h30) pour travailler sur des projets personnels.

Comment devient-on usager de TechShop et de ses machines ?

MB : Chaque machine nécessite une formation. ll faut pouvoir maîtriser le b.a.-ba des normes de sécurité. Par exemple, l’imprimante UV nécessite trois heures de formation (l’heure coûte 24 euros). Une fois votre habilitation en poche, vous avez accès à la machine librement en devenant membre. Notre abonnement mensuel commence à 60€ par mois (pour un engagement d’un an) si vous venez en semaine de 9h à 16h. L’abonnement illimité, quant à lui, coûte 180€ par mois. Ce qui reste moins cher que la location d’un bureau dans un espace de co-working à Paris, alors qu’ici vous avez accès à 150 machines industrielles.

TechShop est aussi dénommé “Ateliers Leroy Merlin”. Quels liens entretenez-vous avec l’enseigne ?

MB : TechShop est une entreprise à part entière mais nous sommes une filiale de Leroy Merlin en France. C’est-à-dire que Leroy Merlin est notre actionnaire majoritaire, et c’est l’entreprise qui finance le projet. Notre objectif chez TechShop c’est d’arriver à l’équilibre aussi vite que possible, même si Leroy Merlin ne nous met pas de pression. Nous ne cherchons pas à faire des marges énormes, pour le moment il s’agit de trouver un équilibre pour un modèle économique qui demande à être expérimenté.

Quelles sont les synergies qui sont mises en place avec Leroy Merlin ?

MB : Nous sommes en train de voir quelles passerelles nous pouvons mettre en place avec le magasin, qui se trouve à cent mètres d’ici. Je dirai que l’on est dans la phase “test and learn”. Nous sommes en train de réfléchir à des manières de proposer dans le magasin des parcours pour drainer les clients jusqu’ici. Par exemple, vous êtes dans le rayon luminaires et un panneau vous invite à personnaliser la lampe que vous allez acheter. Le défi, c’est de trouver les bons produits à customiser ici, mais le lien est évident en tous cas. Pour tout ce qui est décoration, mobilier et création d’objets, TechShop est un vrai vivier créatif pour donner une touche plus personnelle aux articles achetés chez Leroy Merlin.

YV : Ikea est tellement connue que des designers et bricoleurs ont mis en place “Ikea Hackers”, un site qui permet à chacun d’upcycler ou de détourner le mobilier Ikea. Est-ce que c’est une direction que Leroy Merlin a envie d’encourager avec TechShop ?

MB : Un projet un peu similaire a déjà été mis en place : Makeit. Les Makeit sont des petites fiches ou tutoriaux qui sont distribués librement en magasin et sur le site Internet de Leroy Merlin. C’est le fruit d’un partenariat avec des designers qui ont imaginé une deuxième vie à des tuyaux de plomberie, entre autres, pour créer vos propres objets. Le consommateur peut donc acheter des pièces et articles, détournés de leur usage initial, pour fabriquer un objet. En l’occurrence, ils peuvent être réalisés à TechShop ; c’est l’un des ponts auxquels on pense. Car le vrai avantage de TechShop, c’est qu’en plus d’avoir accès à toutes ces machines, vous pouvez y développer votre créativité.

Originally published at Yellow Vision.

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