Les services de Galileo dans les starting-blocks
La géolocalisation de tout et de chacun de nous est devenue familière et indispensable. Mais cette révolution technologique cache aussi une révolution économique, militaire et stratégique qui conduit les grandes puissances à se doter de leurs propres systèmes de géolocalisation.
Depuis 2011, l’Europe progresse avec son propre système de navigation par satellite, connu sous le nom de Galileo. Quatre satellites Galileo ont décollés depuis la Guyane française le jeudi 17 novembre 2016 à bord de la fusée Ariane 5. Ces satellites Galileo vont permettre de rendre opérationnel les capacités de navigation en Europe, réduisant ainsi la dépendance à l’égard du système de positionnement global (GPS) des États-Unis.
C’était la première fois que la fusée Ariane 5 de l’Agence spatiale européenne (ESA) lançait quatre satellites Galileo d’un seul coup dans l’espace. Jusqu’à présent, 14 satellites Galileo étaient lancés deux à deux sur des fusées Soyouz depuis la Guyane française. Ce dernier lancement inaugural par Ariane 5 fait passer ce nombre à 18 sur les 30 prévus à terme en 2020.
Les satellites Galileo pourraient être opérationnels dès la fin de l’année 2016, ce qui est une bonne nouvelle pour les utilisateurs de smartphones en Europe.
Galileo est le système de navigation par satellite civil mondial d’Europe. Il permettra aux utilisateurs du monde entier de connaître leur position exacte dans le temps et l’espace avec une grande précision et fiabilité. Une fois terminé, le système sera constitué de 24 satellites opérationnels et de l’infrastructure au sol pour la fourniture de services de positionnement, de navigation et de chronométrage.
Galileo une précision accrue
Galileo promet une très grande précision dans la localisation de personnes ou des objets tout autour de la planète et pourrait avoir un effet profond sur la façon dont nous vivons nos vies. Jusqu’à présent, nous avons utilisé le GPS américain (Global Positioning System) qui est précis jusqu’à quelques mètres. Galileo peut quant à lui devrait offrir une précision de quelques centimètres. Les avantages pratiques d’une navigation plus précise incluent des potentiels pour les voitures sans conducteur, un contrôle du trafic aérien plus efficace, une navigation plus précise pour les navires et même aider les aveugles à se déplacer dans les villes.
Le système de navigation Galileo donnera des lectures en temps réel beaucoup plus précises des emplacements des trains, ce qui devrait permettre aux opérateurs d’exécuter plus de trains sur un tronçon particulier de la piste — bienvenue pour de nombreux navetteurs si cela signifie moins de surpeuplement dans les heures de pointe. Elle pourrait également contribuer à améliorer la capacité des réseaux ferroviaires européens.
Les avantages de la constellation Galileo
L’avantage stratégique de Galileo est de s’appuyer sur un dispositif civil de l’Agence spatiale européenne (ESA), à la différence des systèmes GPS et Glonass, développés respectivement par les armées américaine et russe dans le contexte de la guerre froide.
Une des particularités de la configuration du système Galileo est de transmettre un message d’intégrité accompagnant chaque signal émis en direction des récepteurs ce qui permet de prévenir du même coup les usagers de sa validité. Si un signal est faussé en raison d’un dysfonctionnement du satellite qui le diffuse, il sera recommandé à l’utilisateur de ne pas tenir compte de ce satellite dans le calcul de sa position.
Les signaux de Galileo sont aussi censés mieux résister aux perturbations dues à leur passage dans l’ionosphère, cette couche de l’atmosphère chargée électriquement qui peut fausser les données.
Cinq services seront proposés aux utilisateurs dont L’Open Service gratuit et universel. Les services commerciaux proposés aux utilisateurs auront un niveau de précision inégalé aujourd’hui avec une garantie de signal, une sorte de signature électronique, qui rendront ce service incontournable. D’autres services seront dédiés à la sécurité, ainsi qu’un service spécialement réservé aux États membres de l’Union européenne.
Galileo et ses concurrents
Tout le monde connaît le GPS américain, pionnier des systèmes mondiaux de localisation-navigation par satellite. Mais il existe aussi d’autres systèmes satellitaires mondiaux comme Glonass (Russe), BeiDoo (Chinois) et IRNSS (indien).
- Le système GPS
Le système de positionnement global (GPS) le plus connu au monde a été initialement conçu pour les applications militaires et de renseignement au plus fort de la Guerre froide dans les années 1960. Ce n’est qu’après que l ‘URSS ait abattu un vol de passagers coréen 007 en 1983 que l’ administration Reagan aux États Unis a décidé d’ouvrir le GPS pour les applications civiles afin que les avions et les transports maritimes puissent déterminer leurs positions afin d’éviter de s’égarer dans un territoire étranger. Aujourd’hui le GPS est utilisé par de nombreuses applications de navigation, la recherche d’itinéraires, la cartographie, la recherche sismique, les études climatiques et aussi pour des jeux de chasse au trésor connu sous le nom de géocaching.
La plupart des satellites GPS actuellement sur orbite ont dépassé leur durée de vie opérationnelle. Les Américains doivent entamer la modernisation de leur constellation et pour soutenir et moderniser la constellation, c’est l’US Air Force et Lockheed Martin qui développent la prochaine génération, connue sous le nom GPS III.
- Le système GLONASS
GLONASS est l’abréviation de Global Navigation Satellite System. Initié à l’origine par l’Union soviétique en 1976. C’est un réseau composé de 29 satellites couvrant la terre et dont le dernier a été lancé le 29 mai 2016. Il est actuellement exploité par les Forces de Défense Aérospatiales russes et fournit une position en temps réel et la détermination de la vitesse pour les usages militaires et civils. Le lancement de huit nouveaux satellites est prévu d’ici 2017.
Le système de navigation russe par satellite GLONASS a une précision de 2,8 m et augmentera à 0,6 m d’ici 2020.
GLONASS ayant été créé à l’origine comme une alternative au GPS, mais nous voyons que l’association des systèmes GPS et GLONASS apportent des avantages majeurs pour fournir un positionnement précis de localisation. Cette association de plusieurs systèmes à couverture mondiale se nomme GNSS pour Global Navigation Satellite System.
Si vous êtes geek vous savez certainement que l’intégration du système GLONASS existe bien dans la plupart des smartphones depuis plusieurs années, pour exemple il a été introduit par Apple depuis l’IPhone 4S.
- Le système BeiDou
Le système de navigation par satellite Beidou a été construit et exploité indépendamment par la Chine en tenant compte des besoins de la sécurité nationale du pays et du développement économique et social. En tant qu’infrastructure spatiale d’importance nationale, le BDS fournit des services de positionnement, de navigation et de chronométrage à haute précision aux utilisateurs mondiaux.
C’est en Décembre 2011 que le système BeiDou est entré en service avec une constellation de 10 satellites. Le 23e satellite du système chinois Beidou a été mis en orbite en juin 2016 à bord d’une fusée Long March 3C.
En 2020, BeiDou atteindra sa pleine capacité opérationnelle avec une constellation de 35 satellites. BeiDou fournira des services mondiaux de navigation, de manière similaire au GPS, GLONASS ou Galileo.
- Le système IRNSS — NAVIC
L’IRNSS est un système régional indien de navigation par satellite appartenant au gouvernement indien. Le système est développé par l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO). Il est conçu pour fournir un service d’information de position précise aux utilisateurs en Inde ainsi que la région s’étendant jusqu’à 1500 km au-delà de sa frontière, qui restera sa zone de service primaire.
En Avril 2016, avec le dernier lancement de satellite de la constellation, IRNSS a été rebaptisé Navigation Indian Constellation (NAVIC) par le Premier ministre Narendra Modi de l’Inde. Le septième et dernier satellite a été lancé le 28 Avril, 2016.
La clé du succès de Galileo dans ce marché international sera d’assurer son adoption par l’ensemble des fabricants de périphériques LBS (Location-based services). Le premier smartphone compatible Galileo est l’Aquaris X5 Plus de la marque espagnole BQ.
Article écrit par Jean Pierre Fourcarde