Entre-preneurs : Entrevue avec Chloé Freslon de URelles

Chloé Freslon est une entrepreneure, consultante et conférencière qui évolue depuis plus de 15 ans dans le domaine du web et dispose donc d’une grande expertise dans le secteur des technologies.

C’est durant son expérience en tant que gestionnaire des plateformes numériques au journal Métro Montréal qu’elle identifie le problème du manque de diversité dans l’écosystème technologique. Commençant d’abord sous la forme d’articles, elle développe plusieurs itérations d’URelles et cherche la forme finale du projet. C’est finalement en 2019 qu’URelles, un cabinet de consultation en équité, diversité et inclusion voit officiellement le jour.

Chloé Freslon de URelles

“Je n’ai jamais voulu être entrepreneure. Je ne fais pas partie de ceux dont c’était le rêve depuis des années de fonder une entreprise, mais j’ai fini par me lancer, car j’ai identifié un problème qui m’a tellement touché et passionné que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.”

Qu’est-ce que t’apporte l’entrepreneuriat?

“C’est la chose la plus difficile de toute ma vie et la plus gratifiante à la fois. Tous les jours, je suis confronté à des problèmes que je n’aurais jamais pu imaginer. L’entrepreneuriat ce n’est pas comme un emploi classique dans lequel au bout de 1 ou 2 ans, tu maîtrises tes tâches et tes responsabilités, c’est être dans un inconfort perpétuel. On le dit souvent en entrepreneuriat : il faut être confortable avec l’inconfort. On ne peut comprendre cette phrase que lorsqu’on le vit. Par contre, c’est très gratifiant de travailler pour un de tes passions, pour faire face aux injustices et de savoir que tous les jours, tu contribues à changer les choses. C’est très satisfaisant.”

Quelle est ta définition d’un.e entrepeneur.e?

“Je n’aime pas donner des définitions. Souvent, on va essayer de définir ton état d’esprit entrepreneurial, mais à chaque fois que l’on définit quelque chose, on donne des paramètres et si tu ne rentres pas dans ceux-ci, tu es exclu. Qui je suis pour dire que telle ou telle personne est un.e entrepreneur.e ou pas? Il y a tellement de façon de l’être. Par exemple, être parent et gérer à la fois une vie professionnelle et familiale. En jouant sur plusieurs tableaux de cette manière, on peut être considéré comme entrepreneur.e. La définition d’un.e entrepreneur.e se décline afin que chacun puisse se retrouver. Et puis il n’y a qu’en essayant que tu sauras si ça te correspond.”

Un ou une entrepreneur qui t’inspire ?

Farnel Fleurant de Workind

“Farnel Fleurant de Workind, c’est une plateforme qui offre aux entreprises une façon de gérer les avantages sociaux. Souvent, les grandes entreprises offrent des ensembles d’avantages, mais les besoins de chacun diffèrent. La plateforme permet de gérer l’offre de service selon les besoins des employés. Je la trouve très inspirante et elle a beaucoup de mérite, car c’est un marché difficile.

Sinon, Arach Tchoupani, co-fondateur de Breathe life. Je l’aime beaucoup, car il a une approche très humaine de son expertise et envers les personnes qu’il recrute. Il met un bon accent sur l’équité, la diversité et inclusion.”

Comment considérer l’échec en entrepreneuriat?

“Tout comme le succès est personnel et subjectif, l’échec l’est aussi. L’échec, c’est difficile à définir comme mot. Pour moi, c’est toujours un apprentissage, une rencontre, une découverte de qualité. En tant qu’entrepreneur.e, les mauvaises nouvelles font parties du quotidien, mais les « non » ouvrent de nouvelles perspectives. Évidemment, certaines personnes sont dans l’obligation de fermer leur compagnie, mais c’est souvent car toutes les options ont été explorées. À partir de ce moment-là, tu arrêtes, mais tu as l’expérience et les connaissances pour commencer une nouvelle aventure.”

URelles : Équité, diversité, et inclusion.

URelles est un cabinet de conseil en équité, diversité et inclusion. La mission d’URelles est de rendre les lieux de travail diversifiés et inclusifs afin que chaque employé.e puisse être authentique dans son environnement professionnel.

“En 2016, URelles a commencé sous la forme d’un blogue pour le Journal Métro. Quand j’ai constaté l’homogénéité du monde de la technologie et à quel point il n’y avait pas de diversité. Je suis donc allé voir le rédacteur en chef en lui présentant le sujet. Contre toute attente, il m’a donné la responsabilité d’écrire par rapport à ça alors que je n’avais aucune expérience en tant que rédactrice !

J’ai abordé le sujet par la diversité de genre en parlant à des femmes de l’industrie technologique. Au fil des rencontres, j’entendais les mêmes problématiques et enjeux à résoudre. L’industrie était prête à recevoir le message. De là, j’ai commencé une chronique à Radio-Canada et animé plusieurs conférences. De plus en plus, les entreprises demandaient ce qu’elles pouvaient faire pour changer les choses. Ce fut la première étincelle. J’ai ensuite réalisé qu’agir seulement pour la diversité de genre, c’était trop restrictif et exclusif et j’ai donc étendu mes horizons pour faire face à ces problématiques.”

Quelle fut la plus grande difficulté que tu as rencontré lors du développement de URelles ?

“La difficulté, c’était de partir d’une expertise que je partageais (à travers des articles, à la radio, lors de conférences, etc.) vers une entreprise offrant des services qui ont un prix et qui se vendent sur le marché. Dans le monde des médias, quand on te pousse à maîtriser un sujet, tu deviens journaliste et tu écris sur la question à chaque semaine en présentant des tendances, de l’actualité, etc. Mais en entrepreneuriat, tu dois faire ça et également établir une gamme de prix adéquate, des services qui vont se vendre, recruter des personnes, faire la comptabilité, etc. C’est vraiment très différent !”

Quel a été l’impact de la pandémie sur les activités de URelles?

“Beaucoup de choses ont été mises sur pause, notamment nos activités liées à l’événementiel. Au printemps 2020, nous n’étions pas une solution à un problème essentiel alors que les autres entreprises tentaient de survivre.

En revanche, les mouvements sociaux, très liés à la pandémie, ont permis de faire entendre de nouvelles voix. Il y a eu une pression sur les entreprises pour qu’elles se penchent sur les enjeux sociétaux et ça, ça a eu un impact sur nos activités. Plus d’entreprises sont maintenant à la recherche de solutions pour améliorer leur environnement de travail.”

L’écosystème entrepreneurial montréalais est-il inclusif ?

“Il y a une volonté d’inclusion qui est au reflet des gens et des entreprises. Pour l’instant, cela reste une volonté, mais certains organismes sont vraiment « champions » et je veux être sûr que ce soit mentionner, car ils existent, mais c’est une minorité par rapport à la masse. On commence à chercher des solutions et à bâtir de nouveaux réflexes, mais c’est encore loin d’être parfait. Il y a rarement une mauvaise volonté, mais c’est un problématique complexe qui nécessite encore beaucoup d’éducation.”

Conclusion

Quels sont les prochaines étapes pour URelles?

“Les objectifs et les ambitions toujours liés à l’impact que l’on veut avoir sur la société. Avec URelles, l’objectif est de rassembler plus d’entreprises dans ce mouvement pour qu’il y ait plus de bienveillance envers chacun. Ce que j’offre est lié à là où la société veut se rendre. Les problématiques changent constamment et ne font pas forcément partie de ma réalité. Donc je m’assure de m’entourer de personnes qui connaissent et sont capables de parler des différents problèmes liés à l’équité, la diversité et l’inclusion.”

Aurait-tu des conseils pour les lecteurs qui pensent à se lancer en affaires?

“Ne pas croire qu’on peut tout faire soit même. Plein de solutions existent dans notre écosystème riche. Voir lesquelles peuvent nous aider à quels stades. Faut se renseigner sur ce qui existe et laisser tomber orgueil et demander de l’aide.”

Merci beaucoup à Chloé Freslon pour cette entrevue très intéressante.

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