Stephen Curry, parcours d’un MVP historique.

Yohan Mizzi
Yohan Mizzi
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8 min readMay 12, 2016

Comme attendu, Stephen Curry a été élu ce mardi MVP de la saison régulière de NBA. Un sacre historique puisque la star de Golden State a obtenu, pour la première fois de l’histoire de la ligue, l’unanimité des votes en étant classé premier par les 131 votants. Un MVP qui a tout fais pour en arriver là. Pour apprécier le parcours du joueur vers ce titre de MVP, il faut remonter au jour de sa naissance…

Dans le sport depuis ses premiers pas

Stephen Curry est né le 14 mars 1988, dans la ville d’Akron (Ohio). Ville banale me direz vous, mais cette ville a vu naître un autre MVP : LeBron James, l’homme considéré comme le meilleur joueur de la ligue. Mais contrairement à LeBron pour qui les éloges fusaient alors qu’il n’était qu’un lycéen, Stephen Curry a, lui, dû attendre longtemps avant d’être au centre des attentions.

Fils de Dell Curry, redoutable tireur longue distance (15 saisons en NBA), et de Sonya Adams Curry, une ancienne joueuse de volley-ball, Stephen Curry a passé une jeunesse aisée au milieu du monde sportif et médiatique.

C’est dans la ville de Charlotte (Caroline du Nord), que la famille Curry déménage peu de temps après la naissance de Stephen. Dell, son père, a signé un contrat avec le club de la ville, les Hornets, où il y restera 10 ans. Alors qu’il est encore jeune, Stephen accompagne son père à ses séances d’entraînement et côtoie donc des joueurs NBA. Naturellement, Stephen se passionne pour le Basketball. Plus qu’une passion, le jeune Stephen veut en faire son métier, il est sûr de lui à seulement 14 ans.

Après la retraite de Dell, les Curry retournent à Charlotte. Stephen a alors 15 ans mais a l’air d’en avoir seulement 12 et s’il étale déjà son talent au lycée Charlotte Christian, Stephen a un problème au shoot. Sa précision est déconcertante seulement, il déclenche son tir au niveau de la poitrine, s’exposant donc aux contres. Son père va alors passer tout l’été à pousser son fils à corriger et même changer son geste.

“Pendant plus d’un mois, j’étais maladroit au point que les gens se demandaient pourquoi je jouais au basket” S.Curry

Avec son tout nouveau geste, Curry cesse alors les passes décisives et passe de meneur créateur à meneur shooteur. Son coach au lycée, Shonn Brown, veut qu’il continue de créer tout en se servant de son shoot mais avec modération. Car, lui qui prenait en moyenne huit shoots pendant sa première année, en prend deux voire trois fois plus l’année suivante.

En 2006, Stephen Curry décide de rejoindre la NCAA. Fort d’être le meilleur scoreur de l’histoire de son école, le jeune joueur est confiant. Mais faute de qualité athlétique et jugé trop petit et trop frêle, aucune université de renom ne lui propose un contrat universitaire. Il rejoint donc la plus proche : Davidson, petite école de Caroline du Nord, dont l’équipe de basket n’a plus remporté le moindre match du tournoi final depuis 1969…

A la découverte de la NCCA

A son arrivée chez les Wildcats de Davidson, personne ne sait véritablement qui il est, si ce n’est le fils d’un ancien joueur NBA retraité. Mais Stephen Curry veut prouver à tous qu’il n’est pas seulement le “fils de Dell”.

Malheureusement Curry passera complètement à côté de son premier match en perdant un nombre incalculable de ballons et en manquant d’adresse et de lucidité. Tout le monde se pose alors des questions sur le joueur mais celui-ci va finalement confirmer les attentes placées en lui en terminant deuxième meilleur marqueur parmi les joueurs de première année, derrière un certain Kevin Durant. La deuxième année, il bat le record du nombre de trois-points marqués en une saison universitaire (159) et permet à Davidson de participer à la March Madness, le tournoi final de la NCAA regroupant les meilleures universités américaines.

Au premier tour, Stephen Curry et ses coéquipiers sont opposés à Gonzaga. Curry marque 40 points au total (8 sur 10 aux tirs à 3 points), offrant au donc à l’université de Davidson sa première victoire dans un tournoi NCAA depuis… 1969.

Stephen Curry sous le maillot des Wildcats de Davidson en 2008.

Grâce à Curry, Davidson atteint les finales régionales. Les Wildcats s’inclinent finalement de deux petits points face à l’équipe qui finira par remporter le tournoi, Kansas. Stephen Curry termine le match avec 25 points, près de la moitié du total inscrit par son équipe. Une soirée qui va changer la vie du joueur. En effet, sa performance n’est pas passée inaperçue grâce à la médiatisation du match. Ce joueur au physique encore enfantin devient une jeune star du jour au lendemain.

Des stars de la NBA, comme LeBron James, se déplacent spécialement pour voir Curry jouer, lui qui est devenu le meilleur marqueur universitaire lors de sa troisième et dernière année à Davidson avec une moyenne de près de 29 points par match.

Dans une rencontre face à Loyola, les joueurs adverses n’ont eu qu’une seule consigne : empêcher Stephen Curry de marquer. Loyola parviendra à atteindre son objectif, Curry ne réussissant pas à inscrire un seul point. Mais l’équipe s’incline face à Davidson de 30 points. En conférence de presse, le coach de Loyola, Jimmy Patsos, se contentera de dire : “Je suis diplômé d’Histoire. De quoi les gens se souviendront, que nous avons perdu de 30 points, ou qu’il n’a pas marqué un seul point ?”. C’est dire de l’espoir placé en Curry pour le futur.

A l’assaut de la NBA

C’est en juin 2009 que Stephen Curry participe à la Draft NBA. Lors de celle-ci, Curry est sélectionné en septième position par les Golden State Warriors.

Stephen dans les bras de son père lors de la Draft 2009.

Les observateurs pensent qu’il lui sera impossible de réitérer les performances qu’il a établies en NCAA, face à des adversaires plus grands et plus athlétiques. Plus cruel encore, selon les journalistes, une carrière à l’image de celle de son père attend Stephen. Et lorsqu’un éventuel futur titre de MVP est évoqué, leur réponse : jamais.

Sa première saison en NBA est plutôt encourageante. Stephen Curry termine même 2e dans la course au titre de rookie de l’année derrière Tyreke Evans.

“Lorsqu’on voit Steph aujourd’hui, comparé au joueur qu’il était il y a seulement quelques années, on comprend qu’il a dû y passer beaucoup de temps, dépenser beaucoup d’énergie et d’efforts pour atteindre cette polyvalence… et c’est magnifique à voir.” Isiah Thomas

En 2011, Stephen Curry souffre de multiples entorses aux chevilles (7 en 14 mois), et l’année suivante, il subit deux interventions chirurgicales sur ces mêmes chevilles et ne joue que 26 matchs. A ce point de sa carrière, son avenir en NBA semble compromis. Mais Stephen Curry n’en reste pas là et décide de collaborer avec une société spécialisée dans la fabrication de chevillère dans l’espoir de clôturer cet épisode une bonne fois pour toute. Une fois l’affaire des chevilles réglée, Curry décide de travailler son jeu, mais aussi et surtout son attitude sur le parquet. Le joueur veut être plus décontracté et transmettre sa zen attitude et sa réussite à ses coéquipiers. Une longueur d’onde que veut avoir Curry avec toute son équipe. Et cette longueur d’onde ils vont la trouver.

En 2013, Stephen Curry commence à développer son jeu de manière exceptionnelle, sa capacité à marquer de très loin, même quand la balle semble incontrôlable, est effrayante et plombante pour les défenses adverses. Il bat le record de 3 points en une saison et atteint les play-offs avec les Warriors pour la première fois ; ils seront finalement éliminés en demi-finales de la conférence Ouest par les San Antonio Spurs (4–2).

L’année suivante, les Warriors (privés de Bogut) seront éliminés dès le premier tour des playoffs face aux Clippers de Los Angeles (4–3).

Au début de la saison 2014/15, les Warriors enregistrent l’arrivée sur le banc de Steve Kerr. Une arrivée qui va emmener les Warriors vers la gloire. Avec une défense aussi forte qu’imprenable, une attaque foudroyante et un collectif digne des plus grands, Stephen Curry et ses coéquipiers éblouissent la NBA de leurs talents pour devenir l’une des meilleures équipes de l’histoire de la ligue. Stephen Curry est alors élu MVP en mai 2015. En play-offs les Warriors n’auront aucun problème pour se qualifier en finale NBA face aux Cavaliers de… LeBron James, la star aux qualités athlétiques exceptionnelles. Une qualité que Curry n’a pas, mais cela n’empêchera pas son équipe de l’emporter et de créer la sensation dans le pays.

« De même que Michael Jordan était un extraterrestre, ce mec est sur sa propre planète. C’est formidable pour le basket ! » Kevin Garnett

Stephen Curry avec le trophée de champion NBA.

Privés de leur coach Steve Kerr à l’entame de la saison 2015/16 en raison d’une opération au dos au cours de l’été, les champions en titre ne se laissent pas déstabiliser. Dirigée par l’adjoint Luke Walton et menée par un Stephen Curry sur la lancée de sa saison de MVP, la franchise renverse tout sur son passage. Les Golden State Warriors terminent premiers de leur conférence et font tomber le record historique du nombre de victoires en saison régulière établi par les Chicago Bulls de Michael Jordan lors de la saison 1995–1996. Avec 73 victoires en 82 matchs, les coéquipiers de Stephen Curry inscrivent alors leurs noms dans l’histoire de la NBA. De quoi faire trembler…

Aujourd’hui, Golden State est qualifié pour les finales de conférence ouest. Malgré la blessure de Curry qui l’a éloigné des terrains pendant la majeure partie des deux premiers tours, les Warriors sont toujours favoris pour le titre final surtout avec le retour du joueur le plus populaire de la ligue. Pour preuve, le maillot de Stephen Curry est, depuis deux ans, le plus vendu parmi les joueurs NBA.

MVP, champion NBA et joueur le plus populaire, Stephen Curry a tout réussi. Ce jeune joueur tant décrié durant sa jeunesse a donc réalisé son rêve voire mieux, devenir l’un des meilleurs joueurs de l’histoire.

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