Développeuse et jeune maman chez Yousign

Disclamer: Ceci est un récit tiré de mon expérience, de mon histoire. Chaque grossesse, chaque accouchement, chaque situation est unique et se vit différemment en fonction de qui nous sommes. Ne voyez pas ça comme une généralité, mais plus comme une possibilité. Bonne lecture.

Qui suis-je ?

Si je commençais par me présenter: Amélie, 29 ans, Développeuse Front React.js chez Yousign depuis plus de 2 ans maintenant. Je fais partie de la squad en charge des flows de signature. Je vis à quelques kilomètres de Caen et je suis en télétravail à 100%.

Nous sommes en mai 2023 et je viens d’apprendre que je suis enceinte. Cet instant ou le petit baton affiche 2 barres … Qu’on le veuille ou non, on perd pied. Le temps s’arrête.

Mille questions se bousculent dans ma tête.

Qu’est ce que je dois faire maintenant ? Prendre rendez-vous chez le médecin ? Faire une prise de sang ? Appeler ma mère ? Et si je faisais une fausse couche ? Quand dois-je l’annoncer à mon entreprise ? Que vont dire mes collègues et supérieurs ? Quelles sont les démarches ?

Vous commencez à cerner la nana stressée que je suis ? 🙃

Après quelques recherches sur Google et une longue discussion avec ChatGPT je comprends que sur le plan professionnel rien ne presse. Je peux attendre la fin du premier trimestre pour en parler à mon manager et aux RHs.

J’appréhende un peu ce moment. A mon actif, j’ai travaillé avec plus d’hommes que de femmes, et ça ne me dérange absolument pas. Mais là, j’ai peur de venir mettre un gros grain de sable dans l’organisation de mon équipe. Il va falloir revoir les objectifs et les plannings. Peut être même recruter quelqu’un ? Avec 80% d’hommes dans les métiers de la tech, le congé maternité n’est pas monnaie courante. Alors oui je sais que les entreprises n’ont pas à faire de discrimination, qu’elles ne doivent pas faire de remarque à une femme parce qu’elle est enceinte etc… Mais quand même ! J’ai pas envie de passer pour celle qui vient perturber tous les plans préparés à l’avance.

L’annonce précipitée

Je peux attendre la fin du premier trimestre pour annoncer la nouvelle…cela nous amène à mi juillet, début août pour prendre large. J’ai un peu de temps devant moi.

Ou pas !

Yousign organise deux grands rassemblements par an. L’entreprise ayant 50% de son effectif en 100% télétravail, réunir tout le monde le temps d’une soirée ou de quelques jours est très important.

Nous recevons courant mai l’annonce que le Summer Team Meeting de 2023 aura lieu fin juin, il durera 3 jours et se déroulera sur l’île Paul Ricard ! Trop bien ! Un formulaire nous est transmis pour répondre aux questions habituelles — pourrons nous être présent, avec qui souhaitons nous partager une chambre, nos modalités de transport …. Et cette fameuse question, celle qui m’a figée devant mon écran: “Avez-vous des allergies ou restrictions alimentaires ?”

Que dois-je répondre ? Cela fait 3 semaines maximum que je sais que je suis enceinte. Je n’ai même pas encore fait le tour de tout ce que j’ai le droit de manger ou non. Faut-il vraiment que je donne toute la liste ? Mince, il faut déjà que je l’annonce ? Et si je fais une fausse couche d’ici là ?

Je décide de jouer la transparence. J’envoie un message à notre DRH pour lui annoncer ma situation. Elle me félicite et me rassure. Je ne serai pas la seule femme enceinte à participer à l’événement, pas besoin de tout détailler, elle va se charger de cela. Et … c’est tout ? Bon, he bien une épine dans le pied en moins.

Puisqu’une personne est au courant dans l’entreprise, je décide de l’annoncer à mon manager. Je préfère lui dire moi-même pendant notre point hebdomadaire. J’ai trop peur de faire une gaffe pendant l’event. Il me félicite également, me demande comment je vais, si j’ai pas trop de nausées. La squad étant sur un gros projet à ce moment la, il se rend compte que je n’ai rien laissé transparaître.

Il m’apprend par la même occasion que lui aussi est en plein dedans puisque sa femme est également enceinte ! Elle a deux mois d’avance sur moi.

Cet élan de félicitations et de bienveillance me rassure, et me donne envie de l’annoncer à mon équipe dans un premier temps. Le Team meeting aura lieu fin juin, je serai à la toute fin de mon premier trimestre. L’occasion parfaite !

Le Summer Team Meeting

Trajet Caen-Paris-Toulon. Je me souviens de la nausée qui m’a suivi tout le long du trajet en train. Mais quelle surprise j’ai eu en arrivant là bas: une chambre seule !

Durant la première soirée je croise notre DRH et la remercie pour ce geste. Ce à quoi elle me répond que c’est tout à fait normal, si j’ai besoin de quoi que ce soit il ne faut surtout pas que j’hésite. Elle estime qu’être enceinte est déjà bien assez compliqué comme ça, pas besoin de partager nos nausées et nos nombreux aller-retours pipi avec une, deux ou trois personnes. Puis elle rajoute:

Si qui que ce soit te fait une remarque déplacée sur ta grossesse, tu viens m’en informer tout de suite. Zéro tolérance pour la discrimination.

Son ton est dur et plein de détermination. Même s’il y a beaucoup d’améliorations dans les entreprises, ces situations peuvent arriver. Elle le sait, et c’est rassurant.

C’est au tour de mes collègues de squad d’apprendre la nouvelle. Je profite d’un moment un peu à l’écart avec chacun pour leur annoncer que je vais devoir m’absenter 4 mois à partir de décembre. J’ai adoré voir la manière dont l’information que je venais de lâcher à pu être entendue, écoutée, questionnée puis comprise juste avec leurs yeux. J’ai eu le droit à des félicitations et à tout pleins de questions.

Parfois même n’étant pas tout à fait à l’écart, d’autres Yousigners à coté (que je ne connais pas forcément 🤷‍♀️) prennent part à la discussion et me rassurent. Ils sont parents depuis 1, 2, 3 ans et y vont de leur conseils et expériences.

Ils sont intéressés et surtout leurs propos sont très intéressants.

L’effet Domino

Chez Yousign, nos squads se composent majoritairement de 2 fronts, 3 backs, 1 Product Manager, 1 Engineering Manager et 1 Product Designer.

Il y a des turnovers de temps en temps — comme au sein de toutes les entreprises, mais on aime à dire dans la squad qu’on est les maîtres à ce niveau-là:

• Courant juillet, le second développeur front de ma squad nous annonce qu’il part pour de nouvelles aventures. Il souhaite se lancer dans l’entreprenariat avec des amis. Il partira fin septembre.
• Au même moment notre Product Designer nous informe qu’il a donné sa démission pour réaliser son rêve: partir plusieurs années au Japon. Il quitte l’entreprise fin août.

• Notre manager évolue vers un nouveau poste et ne sera plus le responsable direct de notre squad. Mais pour qu’il puisse prendre pleinement ses nouvelles fonctions, nous devons recruter un nouvel EM.
• Début novembre notre PM nous annonce qu’elle aussi, attend un heureux évènement. Bébé prévu pour mai 2024.

Au vu de ma situation, chaque annonce me rajoute un stress et mille questions supplémentaires. Chacune m’impacte d’une manière ou d’une autre puisqu’à moins de trouver rapidement un remplaçant à mon confrère, je vais me retrouver en fin d’année, la seule front de la squad. Puis ce sera à mon tour de disparaitre pour 4–5 mois de congés.

Mon manager devrait a priori partir en congé paternité tout novembre et début décembre. Va-t-on pouvoir se croiser avant que moi aussi je ne parte en congé maternité ? Le process de recrutement pour le remplacer au sein de la squad est lancé, vais-je rencontrer mon nouveau manager avant de partir ?

Et ma grossesse dans ce “chamboule-tout” ?

Transparence et Bienveillance

Est-ce que j’ai dû poser une demie RTT à chaque échographie ou examen ? Oh que non ! Et c’est tant mieux. Si on fait le décompte, en 8 mois je me suis rendue à 9 échographies, 7 cours de préparation à l’accouchement et 3 autres rendez-vous médicaux. Je m’absentais en tout et pour tout 2 heures à chaque fois.

Et pourtant mon manager ne me l’a jamais reproché. Je pense que la transparence et la bienveillance que nous prônons chez Yousign, y sont pour quelque chose. Tant que le travail demandé est fait et que les aménagements d’horaires restent raisonnables, pas de pression inutile sur les agendas.

100% télétravail

J’ai la chance de pouvoir travailler en 100% télétravail.

Chez Yousign, plus de 85% de la tech travaille ainsi. Ca me va très bien. Et pendant ma grossesse cela m’a encore plus arrangée :

• Sans rentrer dans les détails, avoir la nausée c’est pas agréable. Pouvoir aller faire un tour dehors pour prendre l’air — sans se faire “démasquer” et sans se prendre des regards étranges — dès qu’on se sent mal ça a du bon.
• Pouvoir faire une sieste entre midi et deux pour combler les nuits écourtées (Les bébés aiment bien boxer la nuit).
• Autre avantage de travailler depuis la maison: la tenue de travail ! Quand notre ventre s’arrondi et que rentrer dans nos jeans commence à devenir compliqué: vive le legging et le jogging. Pas besoin de se mettre sur son 31 tous les jours, on peut être à l’aise.

La peur de partir si longtemps

Si bien que ma grossesse se passant particulièrement bien, j’ai demandé à repousser le début de mon congé maternité de 2 semaines. Ce qui m’a permis de rajouter ces semaines en post accouchement, et de profiter un peu plus de ma fille (spoiler alert, c’est une petite fille 🎀).

Mais l’idée de partir aussi longtemps m’angoissait. Quand on part 1 ou 2 semaines en vacances, le retour est parfois tellement dur. Pas de motivation, une boite mail pleine à craquer, des pings dans tous les sens, se mettre à jour sur les infos de l’entreprise. Alors m’imaginer partir 5 mois ….

Il peut se passer tellement de choses dans ce laps de temps ! Un collègue peut donner sa demission et partir sans que je puisse lui dire Au revoir. L’entreprise peut décider d’une nouvelle stratégie et remanier toutes les équipes. Tellement de features peuvent être développées et ajoutées à la stack actuelle.

Le stress de partir en oubliant des sujets

Le temps passe et j’avance dans mes sujets. Mon confrère front quitte l’entreprise fin septembre, me laissant seule aux commandes. La stratégie de recrutement évolue: à moins de trouver un profil là tout de suite sans préavis, les chances d’avoir quelqu’un de prêt au moment de mon départ s’amenuisent. Il est décidé de faire appel à un consultant externe. Après quelques entretiens, nous trouvons mon remplaçant. Il arrivera début novembre, ce qui nous laissera 6 semaines d’onboarding.

Je travaille sur une grosse feature — un banger pour l’entreprise. Tout se passe pour le mieux et la feature est enfin dévoilée au monde entier (j’en fais un peu trop ? 😝) début novembre. Et que ce passe-t-il d’autre début novembre ? Mon manager part en congé paternité 🎊

Et c’est là que le stress monte. Je me rend compte que c’est bientôt mon tour, il ne me reste que quelques semaines.

Je termine les sujets que j’ai commencé. Je rédige un maximum de documentations pour palier à mon absence. J’onboard mon remplaçant. J’essaie d’assurer un passage de relais optimal. Mais est-ce suffisant ?

5 mois plus tard

Sans grande surprise: je n’ai pas envie. Que dire d’autre ? Après 5 mois de congés, dont 4 à m’occuper de ma fille: je n’ai pas envie de revenir travailler. Démotivée complètement.

Nous devons prendre conscience que le travail ne constitue plus, désormais, l’essentiel d’une vie.

Jacques Chirac

La situation dans laquelle je me trouve n’arrange pas les choses. Ma fille est née en janvier, ce qui implique de trouver un mode de garde à partir d’avril. A moins d’un heureux hasard, cela reste très compliqué. Les crèches et les assistantes maternelles n’ont de la place qui se libèrent qu’à partir de septembre. C’est logique, les grands vont désormais à l’école, ils laissent leur place aux plus petits. Je me retrouve donc sans mode de garde jusqu’à septembre.

Mon conjoint étant également en 100% télétravail, il va falloir que nous assurions la garde à tour de rôle jusqu’à ce qu’elle rentre à la crèche.

Pour ceux qui se posent la question, la prise d’un congé parental n’est pas envisageable pour nous. Financièrement cela ne serait pas jouable. En tout cas pas à temps plein.

Pour ce qui est d’un congé parental partiel, je me laisse le temps de la reprise pour y songer. Voir à quel point cela sera dur ou non. Je pars tout de même confiante (ai-je le choix ?), nous tombons normalement dans une période plus souple : mai, juin, juillet, août.

Ma reprise

A ma grande surprise mon retour se fait rapidement et “facilement”. Je n’ai pourtant pas touché un clavier plus de 10 minutes depuis 4 mois.

A l’exception de ma PM qui est partie elle aussi en congé maternité, je retrouve la même équipe ! Les choses sont finalement les mêmes qu’à mon départ. Je retrouve mes marques, et me remets assez vite dans le bain.

J’ai eu un remplaçant

En revenant, je ne me suis pas retrouvée sous une pile de tickets à traiter. Mon remplaçant était encore la à mon retour. Il a pu m’onboarder en m’aidant à réinstaller ma stack et me briefer sur les features qu’il a pu mettre en place.

Ma reprise tombant en début d’itération, j’aurais pu me voir attribuer déjà tous les tickets Front de la squad. Le fait qu’il soit encore présent m’a permis de reprendre en douceur.

Sa mission était datée pour terminer 10 jours après mon retour.

J’aurais bien aimé qu’il reste un peu plus longtemps. Etant seule Front de la squad, tous les sujets au moment de son départ, m’étaient ré-attribués. La reprise en douceur n’a finalement été que de courte durée.

Les horaires flexibles

Être en télétravail a ses avantages, cela m’a permis de profiter de ma fille tout en avançant dans le travail, sans être trop à la ramasse. De pouvoir arranger mes horaires en fonction des humeurs de la demoiselle.

Mais ça a également ses inconvénients, puisque je cumulais les heures de travail le matin et le soir. Pendant les horaires “classiques” je n’étais pas à 100% concentrée. Et pendant que je m’occupais de bébé j’avais en tête le travail qu’il me restait à faire.

Physiquement et psychologiquement, cela n’a pas était une période de tout repos.

Mais j’ai pu le faire.

Avantages RH

Le lendemain de mon retour j’ai pu avoir un entretien avec notre HRBP. Durant celui-ci il a été question de savoir comment j’allais, comment s’était passé ma première journée. Elle a mis un point d’honneur à me dire que ma reprise devait se faire en douceur et mes horaires pouvaient être adaptés. Elle m’informe également que:

• Le congé parental est un droit, total ou partiel, il n’y a aucun soucis à ce que je fasse la demande, même plusieurs semaines/mois après ma reprise.
• Je peux refaire une session d’onboarding si j’en ressens le besoin.
• Je peux participer à un Atelier Issence qui permet de donner des tips sur la gestion vie perso/vie pro. Cet atelier rassemble des femmes qui elles aussi, reprennent le chemin du travail après un arrêt maternité. Un moment de partage autour de ce cinquième trimestre.
• Un rendez-vous avec la médecine du travail va être organisé
• Je vais recevoir un avenant à mon contrat car je bénéficie d’une augmentation de salaire ! Oui oui ! Je m’y attendais pas à cette nouvelle. Grâce à la loi n°2006–340 visant l’égalité homme-femme, si une femme ne peut être présente pendant sa revue de performance annuelle, elle est d’office, augmentée de la moyenne des augmentations données lors de cette dite review.

Comment conclure ?

Chez Yousign on encourage le partage. Voilà 2 ans maintenant que j’entend “participez à des forums, faites des présentations, écrivez des articles. Lancez vous ! ”. Encore faut-il avoir un sujet … Et voilà que depuis plusieurs heures maintenant j’écris à propos de mon histoire, je me livre comme dans un journal intime. Je me suis assez vite rendu compte que j’ai eu de la chance d’être chez Yousign pendant ma première grossesse.

Ma belle soeur, actuellement enceinte de 5 mois a demandé un arrêt à son médecin car son entreprise (un grand groupe qui plus est) ne lui a pas fait d’aménagement de poste. Elle doit s’assurer que les rendez-vous médicaux tombent sur les horaires du déjeuner si elle ne veut pas se voir prendre des reflexions ou pire se voir obliger de poser un demi RTT. Elle sait déjà qu’elle demandera un congé parental total car ils refusent toutes demandes partielles.

De mon coté, je n’ai pas eu à me justifier de quoi que ce soit. Je n’ai pas eu à me battre pour avoir des droits. J’ai pu profiter sereinement de ma grossesse et mon retour s’est fait au mieux au vu du contexte dans lequel je me trouvais.

J’espère vous avoir convaincu qu’être une femme dans un métier tech n’est pas une contrainte, et que tomber enceinte n’est pas un problème, mais bien ce que cela devrait être : que du bonheur.

En tout cas chez Yousign, c’est possible.