La vidéo au pouvoir ou le pouvoir de la vidéo

Jonathan Scanzi
évolt stories
Published in
5 min readSep 23, 2015

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Tous les jours, je vagabonde sur Kickstarter, un site de crowdfunding. Le concept est simple : des personnes comme vous et moi présentent leur projet pour être financées par les internautes. Un vélo pliant design, un sac photo révolutionnaire, une application e-learning, un projet de bande dessinée. La diversité des projets est tout simplement incroyable.

En effet, difficile pour des investisseurs en herbe de faire leur choix surtout lorsque l’on a pas l’âme d’un business angel. Alors c’est souvent par coup de coeur ou affinité que l’on décide finalement de « soutenir », mais surtout de financer tel ou tel projet.

Pourquoi Kickstarter mise sur la vidéo ?

Kickstarter suggère aux startupers de présenter leur projet en vidéo comme il l’explique dans ce lien et donne des conseils plus larges sur la préparation d’une campagne dans leur manuel du créateur.

La vidéo renferme, à mon sens, des vertus qui vont bien au-delà de l’aspect ludique qu’on lui attribut le plus souvent. La vidéo est un outil puissant pour véhiculer des messages, mais c’est aussi un support et un guide de réflexion pour son concepteur.

La vidéo est un support complet à partir duquel on peut transmettre des idées, un savoir, raconter une histoire, véhiculer des émotions, guider une réflexion, etc. Les usages sont multiples. Mais prenons le cas de Kickstarter. En quoi la vidéo est-elle un outil puissant pour les porteurs de projet ?

Des outils pour matérialiser ses idées

Une idée encore à l’état de concept est souvent compliquée à transmettre car difficile à interpréter. Notre cerveau manque de repères précis, de tangibilité. Mais si l’on part de l’hypothèse que l’ « objet » cristallise la pensée il s’agit avant tout de créer les « artefacts » qui vont matérialiser l’idée et la rendre palpable.

Si je porte une idée de vélo révolutionnaire, un simple croquis peut matérialiser mon idée.

Dans le cadre d’un service les choses sont plus complexes car un service a souvent une forte dimension immatérielle. Il s’agira, dans un premier temps, de matérialiser tous les éléments avec lesquels l’utilisateur sera en contact durant le service. Ces éléments — que l’on appelle aussi les “touchpoints” du service — pourront s’apparenter à un site web, une application, un simple flyer, etc. suivant la nature du service proposé. Ils seront des repères concrets pour l’utilisateur tout au long du processus de service.

Mais une suite de prototypes ne suffit pas. Il s’agit d’offrir une articulation minutieuse entre l’objet et son contexte pour s’assurer d’une lisibilité et d’une compréhension maximum de la part de l’utilisateur. Autrement dit, un prototype nu n’a aucune valeur. Il faut le contextualiser sans quoi il devient difficile de cerner pleinement les objectifs, les enjeux mais aussi le fameux « POURQUOI » du projet.

Il s’agit d’insérer le prototype dans un scénario de vie, dans une situation qui nous est familière pour la rendre plus intelligible.

Associer quelque chose de nouveau à une situation connue rend la nouveauté plus acceptable et intelligible. C’est à ce stade que l’histoire devient essentielle et que la logique du storytelling — ou l’art de raconter une histoire — prend tout son sens. A titre d’exemple, on peut citer Ikea et IDEO qui ont modélisé la cuisine du futur en vidéo.

Kickstarter, ou quand la vidéo est à la fois pédagogique et émotionnelle

Pourquoi raconter son projet ?

La dimension rationnelle n’est pas le seul élément décisif dans l’ « acte de vente ». Ainsi, comprendre un projet et connaitre sa rentabilité ne suffit pas.

La dimension humaine (l’équipe et ses valeurs), mais aussi la part laissée à sa propre intuition sont autant d’éléments décisifs dans l’acte d’investissement.

Dans ce cadre, le storytelling vidéo devient d’autant plus adapté. Si une histoire est, par nature, génératrice d’émotions, c’est surtout le rythme que l’auteur va lui donner, l’ambiance musicale qui va créer cette atmosphère si particulière, la qualité des plans, etc. qui mettra cette histoire en valeur. C’est ainsi que la vidéo devient un média stratégique pour Kickstarter. D’un côté, elle occupe une fonction pédagogique (comprendre le projet), mais elle devient aussi un outil puissant pour nous toucher émotionnellement et, ainsi, susciter du désir, une adhésion aux valeurs du projet, etc.

Design thinking et vidéo ?

Générer des émotions, faire comprendre un projet nécessite de bien connaître ses utilisateurs. Il s’agit de comprendre leurs contextes, leurs besoins, leurs buts, et leurs motivations pour délivrer le bon message : intelligible, mais aussi séduisant.

Ainsi créer une vidéo nous place par nature dans un modèle de conception centrée sur l’utilisateur et dans une logique Design Thinking.

Bien entendu, la logique du Design Thinking va bien au-delà de la simple approche utilisateur. C’est d’abord une posture, une façon de poser les problèmes et de les résoudre. Et à ce titre, on est en droit de se poser la question suivante : en quoi le Design Thinking est-il un outil puissant pour concevoir une vidéo ? Mais voilà un sujet bien vaste qui nécessitera surement l’écriture d’un nouvel article et certainement de nouveaux débats.

En attendant, je peux vous suggérer la lecture de deux articles sur le Design Thinking. Le premier, écrit par moi-même et le second par mon ami et associé au sein d’Évolt, Pierre Chapignac.

Pour conclure

L’économie contemporaine, drivée par l’évolution du numérique, nous fait glisser peu à peu vers une économie dans laquelle la dimension immatérielle occupe une place grandissante. Aujourd’hui, je m’abonne à Netflix pour regarder des films quand hier j’allais au vidéo club louer mon DVD préféré. Tout est dématérialisé. Ainsi, l’usage de la vidéo tel que nous l’avons décrit dans cet article peut devenir un outil puissant pour véhiculer les idées de services de demain. Il faut donc, au delà de son aspect technique qui se démocratise, apprendre à maitriser les fondements conceptuels de la conception d’une bonne vidéo.

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