Bot test : L’Express à côté de la plaque

Thomas Gouritin
1jour1bot
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4 min readJun 8, 2016

C’est la grande mode et j’en parle de plus en plus ici ou , les bots font rêver tous les professionnels du Web depuis plusieurs semaines. A l’heure où il faut remettre l’humain au centre de la pub et des stratégies numériques, le bot est l’antithèse parfaite de cette idée mais ça fonctionne.

Quelques lignes de code, l’impression d’être innovant, et on peut appeler ça une “intelligence artificielle”. Sauf que quand on veut absolument être le premier sans prendre le temps de peaufiner sa solution, il y a de fortes chances qu’on se plante. Bingo.

Un bot de presse, kesako ?

Les américains l’ont fait, pourquoi pas nous ? C’est sûrement le constat qui a agité les grands titres nationaux après l’annonce des premiers bots lors de la dernière conférence développeurs de Facebook.

“La révolution viendra de ces comptes de messagerie capables de répondre automatiquement aux vrais gens pour leur pousser du contenu du driver du trafic sur le site.”

Dans les faits il me tardait de tester une de ces solutions en version française pour voir ce que le made in France pouvait nous pondre de vraiment différent et innovant. Au détour de Twitter j’ai vu passer le communiqué de presse de L’Express hier soir.

Pourtant le communiqué nous fait rêver :

  • Cette solution offre la possiblité aux médias “d’intéragir directement avec leurs lecteurs”
  • “En innovant avec le concours de l’agence Cosa Vostra​, L’Express explore les meilleures pratiques pour répondre aux besoins des lecteurs

La meilleure pratique pour dialoguer en direct avec les lecteurs serait donc de lui envoyer automatiquement du contenu. Sans être réellement convaincu je me dis alors que si l’algorithme est vraiment bien construit, pourquoi pas. Pour en avoir le coeur net je me suis empressé de le tester grandeur nature. Attention, ce qui suit peut choquer (et rassurer ceux qui ont peur de se faire piquer leur boulot par un bot à court terme).

Pour être certain que le bot est en place je lui demande donc si c’est bien ici, le bot. Bon, apparemment il n’était pas au courant.

Comme je suis poli je me conforme à ce qu’il me propose même si j’ai sur le moment aucune envie d’avoir des infos sur l’EURO2016. Dans un élan de folie je lui demande donc ce qu’il a en stock. Sans faire une phrase complète pour pas que ce soit trop compliqué. Mais en oubliant de préciser “2016”.

Me voici donc avec une sélection d’articles où “Euro” apparaît dans le corps du texte. Pas grand chose à voir avec l’événement phare qui débute en fin de semaine…

Je me permets donc de lui dire (oui, il paraît que c’est des bots intelligent doués de conversation) qu’il n’est pas très au point. A priori ça lui donne des idées de contenu à me proposer. Soit. Pourquoi pas.

Autre sujet qui m’intéresse, la musique. Je lui dis donc très simplement “Musique”. Sa proposition numéro 1 ? Un article sur un prêtre en garde à vue pour viol. On n’arrête pas le progrès.

Pour terminer ce test qui prend des allures de grand n’importe quoi généralisé je lui demande donc des infos sur un sujet d’actualité brûlant, les inondations dans le Nord où je réside. Histoire d’avoir la dernière information fiable à portée de main, en exploitant les meilleures pratiques innovantes en termes de robot de messagerie. Admirez le résultat.

Bref, L’Express est un des premiers à avoir son bot. Grand bien lui fasse. Mais il est toujours bien plus rapide d’aller ouvrir une app ou le site mobile et de cliquer sur la bonne catégorie que d’essayer de faire fonctionner le bot correctement. Pour l’innovation et le gain des utilisateurs on repassera. Bien essayé.

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Thomas Gouritin
1jour1bot

Expert IA et chatbots, product manager, vulgarisateur sur ma chaîne Regards Connectés #tech #IA #chatbots #marketing