#EtMaintenantOnFaitQuoi? On apprend ce dont nous voulons devenir capables … on comprend nos Learning Cultures

Agnès Le Leuch
6 min readMay 14, 2020

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Photo by Carles Rabada on Unsplash

J’écris ces mots un jeudi.

On apprend le jeudi comme on apprend le lundi. Au contraire de la clôture comptable ou des S&OP, apprendre est une activité pertinente chaque semaine. D’autant plus dans un monde où la transformation est devenue la norme, où chacun de nous est « invité » à suivre le pas de course du changement.

Sauf que c’est un jeudi de 2020. Le 15 mai. 8 semaines que nous vivons autrement en France. Encore plus ou un peu moins dans d’autres pays.

Je crois, qu’en ce jeudi de mai, comprendre la manière dont nous apprenons individuellement et collectivement est devenu encore plus nécessaire. Et je suppose, dans l’incertitude de cette période, que cela va durer.

La culture d’apprenance, un sujet pas si nouveau

On n’apprend pas tous de la même manière. Des années que nous nous resservons de quelques tartes à la crème : « parce que moi, je suis visuel !». Quelques décennies que des chercheurs ont été un peu plus loin. Ils ont développé des modèles, des théories, des outils pour nous aider à mieux apprendre, en fonction de notre culture d’équipe, d’entreprise, de pays ; en fonction de la réalité de notre métier, de nos formations, de nos préférences, de notre environnement technologique.

Pourquoi ce souci de comprendre comment nous apprenons ?

Parce qu’apprendre est une « métanoïa », nous dit Peter Senge, un des penseurs les plus entendus de l’apprenance. C’est une transformation durable de notre manière d’appréhender le monde et donc d’être au monde. J’aime à dire qu’apprendre, c’est « se transformer pour devenir ».

Or le monde change de plus en plus vite (pour la tarte à la crème n° 2 : check #VUCAworld). Donc nous devons nous adapter de plus en plus vite à de plus en plus de choses. Il s’agit d’abord d’employabilité et de survie : continuer à pouvoir exercer une activité rémunératrice. Un peu angoissant!

Cela ouvre aussi le champ de l’émancipation et de la liberté : si je sais apprendre, je peux choisir ma vie, je suis moins aliénable ; si nous savons apprendre, nous pouvons emmener notre business vers nos plus grandes ambitions.

En résumé : le monde est devenu Volatile Uncertain Complex Ambiguous. Apprendre plus consciemment, plus efficacement est une nécessité de survie et de liberté, individuelles et collectives.

Or pour mieux faire quelque chose, on commence par comprendre comment on le fait déjà un peu, bien, mal. Puissance de la réfléxité.

Donc comprendre comment nous apprenons, dans toutes les diversités de la notion, nous permettra de mieux apprendre.

La littérature et autres vidéos de développement personnel nous interpellent de plus en plus souvent sur cette question « comment apprendre » en tant qu’individu. Mais qu’en est-il de notre apprenance collective ? Notamment au sein de nos entreprises ?

Comment caractériser la manière dont nous apprenons au sein d’un collectif, notre « learning culture » ?

Crise et transformations fulgurantes exigent de nouvelles compétences, dans un nouvel environnement de travail.

J’écris ces mots le 15 mai 2020.

Pourquoi est-il plus nécessaire encore aujourd’hui de savoir caractériser la learning culture de son organisation ?

Pour toutes les raisons « d’avant ».

Parmi elles, 2 sont devenues urgences

- Le développement de nouvelles compétences

- L’interdépendance entre la culture opérationnelle (ways of working) et la culture d’apprenance (ways of learning)

D’abord, dans la violence de cette crise, beaucoup d’organisations, de toutes les tailles, engagent ou accélèrent une transformation profonde : changement de canal de vente ; re-shoring supply-chain, digitalisation, …. Se pose donc toujours le sujet de la reconversion (reskilling) ou de la montée en compétence (upskilling) dans un métier qui évolue.

Re-skilling : la digitalisation des fonctions comptables réduit les effectifs alors que le développement du e-commerce créé de nouvelles équipes de service client.

Upskilling : le vendeur en magasin (qui vendait les produits disponibles dans son magasin) devient un vendeur omni-canal dans son même magasin. Il vend les produits disponibles dans tous les canaux de vente de l’entreprise, e-commerce comme magasins.

Ces sujets sont abordés depuis quelques années dans d’inspirantes conférences et de beaux powerpoint. En 2020, les changements de modèles comme seule chance de survie ou comme opportunité inespérée sont plus nombreux, plus violents, plus rapides.

Comprendre comment nous apprenons, dans mon équipe, dans mon entreprise, pour saisir les opportunités inattendues … ou juste survivre devient encore plus critique.

Ensuite, pour une partie significative d’entre nous, notre manière de travailler vient de changer brutalement et pour longtemps. Le télé-travail s’est imposé du jour au lendemain. Il est là pour durer, pour une myriade de raisons. Or la principale manière d’apprendre c’est de … travailler (apprendre par la pratique). Quel impact de nos nouvelles manières de travailler sur nos manières d’apprendre par le travail ?

Rien n’est stabilisé, on se cherche encore, notamment sur notre manière de faire collectif quand on est chacun devant un écran.

Or la seconde manière très efficace d’apprendre c’est d’apprendre … par et avec les autres. Comment va-t-on continuer d’apprendre si on est autrement ensemble?

Enfin, bonne nouvelle, il semble que le confinement nous a un peu réconcilié avec les bancs de l’école. Nombre d’entre nous ont repris le temps des cours et des théories, que ce soit par des MOOC, des webinars … voire des livres ! Saura-t-on garder cette bonne pratique.

L’accélération du télé-travail change profondément les conditions dans lesquelles nous apprenons. Elle change les ingrédients du 70/20/10*, boussole des équipes Learning & Development

- ~70% de ce que nous apprenons vient de la pratique

- ~20% de ce que nous apprenons vient de nos interactions avec les autres

- ~10% de ce que nous apprenons vient de l’étude des théories

Donc comprendre la manière d’apprendre qui est spécifique à notre organisation (notre learning culture) est encore plus critique puisqu’il s’agit d’apprendre toujours plus quand la manière de travailler est bouleversée pour une partie significative de la population.

Et donc on fait quoi MAINTENANT? Besoin d’une approche systémique, adaptable et concrète pour renforcer nos apprenances

« Le monde change » (tarte à la crème n°3). Donc nos business doivent changer. Donc les femmes et les hommes qui opèrent, créent, pensent, développent, évaluent, vendent doivent changer leurs compétences et leurs capacités

Pléthores de recherche, d’outils, de théories. Nous avons à disposition des modèles puissants et holistiques, mais qui nécessitent d’enclencher un grand projet de transformation culturelle. Des centaines de start-ups et autre newsletter nous proposent LA solution sous forme d’un outil, d’une méthode ou d’une app. Chacune est unique, chacune est vendue comme quasi magique. La grande majorité sont utiles. Chacune est quasi inopérante seule.

Alors on fait quoi ?

Ca dépend.

Mais on fait maintenant.

Et on fait … en fonction de sa learning culture !

En fonction de qui on est, de notre manière individuelle et collective d’apprendre en travaillant, en étudiant, en interaction, ensemble. Développer le feedback dans 3 équipes, diffuser des vidéos de managers qui ont mis en place la vente omni-canale dans leur boutique, organiser des Beer Game, créer une bourse aux projets sur de nouveaux outils collaboratifs, financer 30 inscriptions à un MOOC et animer le suivi.

A chaque équipe son cocktail !

Mais comment on choisit quoi ?

Le Learning Culture Index de ForMetris

Il est d’autres méthodes. Elles sont efficaces aussi.

Je connais Laurent Balagué depuis 10 ans. Pilier du monde du Learning depuis 20 ans, fort de 3 ans de recherche, il a développé le Learning Culture Index.

Il me l’a raconté. J’ai trouvé cela concret et simple, ni réducteur, ni simpliste. Ça a parlé à l’ancien manager opérationnel et à l’actuelle consultante en learning que je suis.

On a e-bu des e-cafés sur les 4 dimensions de son Learning Culture Index.

- Agilité d’apprentissage / Learning agility

- Engagement des managers dans le développement de leurs équipes

- Ressources et Opportunités de développement

- Partage et apprentissage au contact des autres

J’ai bien aimé le fruit de nos échanges. Alors j’ai eu envie de les partager.

Au cours des semaines qui viennent, je publierai nos échanges dans 4 articles qui tenteront d’illustrer chacune des dimensions. En espérant que cela vous donnera des idées !

On n’aura pas LA solution à chaque situation, mais vous trouverez peut-être des inspirations pour accompagner votre équipe dans ce voyage en incertitude que nous partageons tous.

A suivre …

NDLR : je n’ai aucun interêt particulier dans l’entreprise ForMetris. Cela va mieux en le disant 😉

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Agnès Le Leuch

Self-employed consultant supporting teams in the transformation of their management and their learning culture. Facilitating learning & complex projects.