Automne 2021 : Ce que le Conseil des femmes surveillera au cours des prochains mois

L’automne au Nouveau-Brunswick est habituellement marqué par un discours du Trône qui ouvre une nouvelle session de l’Assemblée législative. Cette année, le discours a été soudainement annulé et l’Assemblée législative a simplement repris la session qui avait été levée en juin. Avec ou sans discours du Trône, voici un aperçu de ce que nous surveillerons pendant les prochains mois en ce qui concerne l’Assemblée législative et le gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Négociations avec le SCFP

La grève et le blocage des négociations qui l’ont précédée concernent-ils l’égalité des femmes? Sans aucun doute.

Les grévistes sont membres de sections locales du SCFP du Nouveau-Brunswick, ce qui veut dire qu’ils et elles sont des employé-e-s de la fonction publique. Nous n’avons pas de données ventilées selon le genre sur les sections locales du SCFP qui sont en grève, mais nous savons que les femmes représentent la majorité des fonctionnaires. Selon le plus récent profil de l’effectif, qui porte sur 2020 et qui englobe les parties I, II et III des services publics, 73 % des fonctionnaires sont des femmes. Les femmes représentent plus précisément 51 % de l’effectif de la partie I, 75 % de l’effectif de la partie II et 84 % de l’effectif de la partie III.[1]

Il est essentiel de garder ces données en tête lorsque le gouvernement dit que les salaires du secteur public sont trop élevés par rapport à ceux du secteur privé. En voici la raison, gracieuseté du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) :

Les préoccupations soulevées par les salaires dans le secteur public émanent du principe selon lequel personne ne devrait être payé plus cher simplement parce que l’intéressé travaille dans le secteur public. Est-ce toutefois le cas? Non. Les salaires sont plus élevés dans le secteur public précisément pour les groupes qui vivent le plus de discrimination dans le secteur privé — parce que le secteur public fait davantage pour corriger ces pratiques discriminatoires.

Publié en 2014, ce rapport est fondé sur des données de 2011, mais les progrès pour combler l’écart salarial sont lents et les données sont encore trop pertinentes aujourd’hui. Dans son analyse, le CCPA s’est penché sur les salaires des travailleurs à temps plein dans le secteur public et le secteur privé et a constaté « d’importants écarts salariaux chez les femmes, les travailleurs autochtones et ceux qui sont membres d’une minorité visible. Dans chaque cas, ces écarts sont plus importants dans le secteur privé. »

À quoi le CCPA attribue-t-il cette situation?

Plusieurs facteurs semblent contribuer à réduire la discrimination salariale dans le secteur public. Il existe un lien solide entre la syndicalisation et la facilitation de l’accès à la négociation collective, d’une part, et une réduction de l’inégalité salariale, de l’autre.

Le CCPA a fait la conclusion suivante : « Il en découle non pas des salaires plus élevés, mais plutôt un système de rémunération plus égal. »

Cocréation

Nous espérons que le gouvernement aura recours à la cocréation dans la plupart de ses travaux. La cocréation consiste à faire participer les personnes et les collectivités touchées par une situation au processus de détermination du problème, à la conception de services pour y faire face et à l’établissement d’une méthode pour évaluer les services. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet, de même que sur les raisons pour lesquelles ce processus est rarement mis en œuvre, ici.

Il importe de signaler que, plus tôt cette année, le gouvernement a parlé de cocréation relativement aux collectivités des Premières Nations au Nouveau-Brunswick, mais il a abordé le travail proposé d’une manière qui ne s’inscrit pas dans ce processus. La cocréation n’est pas simplement un nouveau langage à appliquer aux méthodes de travail dominantes existantes afin de prétendre les rendre plus inclusives et plus équitables. Il s’agit d’une approche précise, qui s’enracine dans le partage du pouvoir et qui oblige les décideurs à adopter une posture d’humilité culturelle.[2]

Une telle approche est particulièrement importante en raison de la quantité de travail que l’Assemblée législative et le gouvernement ont en vue relativement aux personnes et aux communautés marginalisées, mal servies ou lésées par le gouvernement ou la société en général. Cela comprend le travail de la commissaire sur le racisme systémique, le projet de recherche sur le racisme systémique contre les Noirs, l’élaboration d’une loi sur l’accessibilité, la réforme de l’aide sociale, la collecte d’informations sur les externats Autochtones dans la province, la conception d’un plan triennal pour contrer la violence sexuelle sur les campus et l’élaboration de la prochaine version du plan gouvernemental en matière de prévention et d’action face à la violence contre les filles et les femmes Autochtones. Ce travail exigera que le gouvernement envisage et planifie des approches tenant compte des traumatismes, l’éthique de la recherche et la rémunération équitable des personnes qui participent et collaborent à la recherche se rapportant à ces travaux (lorsque l’éthique de la recherche le permet).

Relations de travail respectueuses avec les Premières Nations, les communautés des Premières Nations et les Autochtones

La réconciliation est essentielle à l’égalité des femmes Autochtones, et l’égalité des femmes Autochtones est à la base de l’égalité de toutes les femmes. Il ne saurait y avoir d’égalité pour les femmes au Nouveau-Brunswick sans réconciliation.

Nous espérons que le gouvernement accordera la priorité à l’établissement d’une relation de travail respectueuse axée sur la réconciliation avec les Premières Nations, les communautés des Premières Nations et les Autochtones au Nouveau-Brunswick. Nous avons présenté des recommandations sur la question, notamment un engagement envers une exploration du mouvement de restitution du territoire.

Vous trouverez ici des informations sur ce que les femmes Autochtones ont dit au Conseil des femmes à propos de leurs expériences et des questions prioritaires dans le cadre du projet Résonances. Nous voulons également nous assurer que vous êtes au courant de deux organisations particulières : Indigenous Women of the Wabanaki Territories et Wabanaki Two-Spirit Alliance.

Résultats de l’examen des soins de santé

Le GNB devrait bientôt dévoiler son plan quinquennal de la santé. Vous pouvez lire ici la soumission complète du Conseil des femmes pour l’examen des soins de santé que le gouvernement a mené au printemps, mais notre prémisse est la suivante : pour que le prochain plan de la santé du Nouveau-Brunswick soit efficace, il doit être équitable pour les femmes. Il doit prendre en compte les besoins et les expériences propres aux femmes et y apporter des réponses, faute de quoi nous nous dirigeons, purement et simplement, vers un échec. Voici certaines des recommandations de haut niveau que nous avons faites au gouvernement :

  • Pour soutenir les soins de santé, il faut soutenir les femmes sur le marché du travail.
  • Le travail lié aux soins doit être traité comme l’infrastructure cruciale qu’il est.
  • Il faut éviter de se reposer principalement sur des stratégies axées sur des changements de mode de vie individuels pour améliorer la santé et le mieux‑être de la population du Nouveau‑Brunswick; lutter contre les oppressions qui ont une incidence négative sur la santé des personnes, notamment les inégalités fondées sur le genre, le racisme, la pauvreté et la discrimination fondée sur la capacité.

Notre soumission donne également un aperçu de l’expérience des femmes en matière de soins de santé au Nouveau-Brunswick, en plus de fournir des recommandations concrètes sur des questions particulières concernant les soins de santé ainsi que de l’information sur des concepts essentiels pour les politiques de soins de santé, la conception de programmes et la prestation de programmes comme l’intersectionnalité et l’inclusion des personnes transgenres.

Mesures visant à augmenter le nombre de femmes candidates à l’élection provinciale

En juin, le Comité permanent de la procédure, des privilèges et des hauts fonctionnaires de l’Assemblée législative a déposé un rapport en réponse à une motion demandant au Comité « d’entreprendre un examen des initiatives qui inciteraient plus de femmes à présenter leur candidature afin de représenter les gens du Nouveau-Brunswick à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick ». (Notre contribution à cet examen, qui portait non seulement sur l’accroissement du nombre de femmes candidates, mais aussi de leur diversité, peut être entendue ici, à compter de 6 min 12 s, et la soumission écrite de suivi peut être consultée ici.) Nous attendons avec impatience de voir ce que l’Assemblée législative fera avec les recommandations du rapport.

Accord avec le gouvernement fédéral sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants

Seuls le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, l’Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut n’ont pas encore signé des ententes bilatérales avec le gouvernement fédéral pour le plan d’apprentissage et de garde des jeunes enfants pancanadien. Le Nouveau-Brunswick doit conclure une entente en qui favorise l’accès à des services abordables et de grande qualité. Cette entente doit corriger le problème des salaires trop bas des travailleuses et travailleurs et de faire évoluer le Nouveau-Brunswick vers un secteur sans but lucratif.

Communications publiques sur l’analyse comparative selon le genre

L’analyse comparative selon le genre (ACG) est un outil qui sert à évaluer les incidences des politiques, programmes et projets sur certaines tranches de la population comparativement à d’autres. L’ACG va au-delà du sexe et du genre, prenant en considération les facteurs de croisement qui forment les expériences individuelles, soit l’âge, la situation résidentielle, l’ethnicité, la culture, la capacité et la langue. Il s’agit d’un élément essentiel d’une politique publique efficace fondée sur des données probantes.

Le Conseil des femmes a continuellement rappelé au gouvernement l’importance d’effectuer des ACG rigoureuses et recommandé, aux fins de transparence et de responsabilisation, qu’il publie davantage d’information sur son utilisation de l’ACG et sur les données issues des processus d’ACG.

Plus tôt cette année, le gouvernement a réalisé des progrès dans ce domaine en publiant un énoncé relatif aux effets spécifiques selon le genre dans le cadre du budget. Cet énoncé comportait un certain nombre d’éléments positifs touchant la sensibilisation du public, l’accroissement de la transparence et l’affirmation de l’importance de l’ACG dans la prise de décision. L’énoncé n’était toutefois pas aussi clair dans sa description de la façon dont l’ACG a instruit et façonné les décisions et les priorités budgétaires. L’énoncé fournissait des renseignements de haut niveau sur le processus et les points saillants du produit final sans rendre compte de la façon dont le gouvernement y est arrivé.

En ce qui a trait à l’ACG, nous avons toujours recommandé au gouvernement de nous faire part de son travail. Nous lui avons conseillé de reprendre l’énoncé pour parler plus vigoureusement de l’utilisation de l’ACG dans le processus budgétaire et de la façon dont elle contribue à la prise de décisions budgétaires. Nous avons également demandé au gouvernement de rendre compte publiquement et de façon détaillée de la manière dont l’ACG a orienté le futur plan de la santé.

Vous voulez plus d’analyses d’enjeux, de conseils et de recommandations? Consultez notre sommaire des enjeux et nos questions cruciales sur la COVID-19 (vous pouvez également consulter la liste complète des mémoires et des soumissions antérieurs au gouvernement ici). Nous avons aussi lancé une bibliothèque numérique de contenu sur la pandémie de COVID-19 qui prend en compte les populations marginalisées, le secteur sans but lucratif ou adopte une optique de justice sociale

[1] Voir les pages 2–3 de ce document pour apprendre pourquoi c’est un problème de confondre sexe et genre et pourquoi le Conseil des femmes traite les données portant sur des personnes de sexe féminin comme données que nous pouvons interpréter comme s’appliquant également aux femmes.

[2] Ce lien externe est disponible en anglais seulement.

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