GS THAILAND 2016 : Voyage de Reco

Deuxième partie

T3 Aventure
10 min readAug 21, 2015

Jour 5: Dans les entrailles du vieux Siam

Debout sur ma GS, je fends la bise, blouson ouvert et casque rempli de notes d’Iggy Pop que je chante à tue tête, quand une imperceptible mais forte image d’un vieux paysan dépenaillé et errant sur le bord de la route me rend muet.

Tout en continuant, à rouler vers le Nord, mon cerveau analyse cette image imprimée derrière mes rétines, d’un vieillard esseulé à la recherche de quelques petites raisons de se réjouir ce jour. On vit dans deux mondes différents, alors qu’on partage la même planète.

“ Je réalise une fois de plus notre chance d’être dans ce rôle de fantôme passager.”

Et même si on aime s’arrêter dans les petits villages pour échanger avec ces gens démunis de la campagne Thai pour mieux connaître leur vie, on sait bien qu’au final, on retournera dans les paillettes de la nôtre. Cependant, on réalise avec le temps en observant le bonheur de ces autres avec si peu, que plus on voyage, plus on s’éloigne d’un mode de consommateur abusif. C’est toujours ça.

En parcourant le petit centre ville du village de Kamphang Phet, il faut pousser le chariot surchargé d’un triporteur tombé en panne de moteur pour libérer le passage de nos motos sur cette rue étroite.

Ca fait rire les commerçantes locales. On poursuit notre croisière asphaltée vers le Parc National du Ramkhamhaeng.

Sukhothai est une cité fondée au début du 13ème siècle en tant que première Capitale du Royaume de Siam. Découvrir les abords de son parc immense et vert, parsemé de monuments de plus de 700 ans est impressionnant.

Mais en arrivant à l’approche de l’entrée de la cité historique, un flic local nous arrête sous prétexte que nous roulons debout sur nos motos dans la ville. Il nous explique que c’est dangereux car on n’a pas de rétros assez haut. Un point pour lui… Mais on lui rétorque qu’au niveau sécurité on voit beaucoup mieux par dessus les voitures pour anticiper les freinages devant… Et comme on roule sur de longues journées assis sur nos motos avec toutes ces bosses, ca détend les lombaires… 2 à 1.

On gagne, il rigole. On s’intéresse à sa moto, une 300 CBR Honda et on papote bécanes.

Du coup il nous montre comment rentrer avec nos GS dans l’enceinte de la cité historique de Sukhothai… Là, ça devient jouissif.

Nous roulons doucement dans les entrailles du vieux Siam, debout sur nos GS, le sourire dans tous les angles. Cette cité est surréaliste avec une surface impressionnante, même si tout est en ruine. Dépouillée par les mauvais esprits et détruite par les intempéries sans pitié.

Nous nous laissons immerger dans cette atmosphère Bouddhiste de l’histoire du Siam plusieurs heures pour bien profiter de l’endroit si rare, comme le ferons les participants du GS THAILANDE 2016.

Demain nous partons retrouver les montagnes du nord Thai que nous ne quitterons plus jusqu’au 28 Aout. Tout va aller de mieux en mieux.

Jour 6: Le sourire musical des petits Monks

Etape tranquille de 220 km de route qui nous amène dès midi dans l’univers des montagnes du Nord Thai que nous ne quitterons plus jusqu’à la fin de ce voyage.

Ce matin nous visitons encore quelques ruines abandonnées et loin des flux de touristes, avant de faire une longue pause dans un sanctuaire Monk pour se ressourcer et apprendre les coutumes et croyances, grâce à nos amis Payroth et Prasit. C’est un grand rocher sous lequel est installé un autel de recueillement.

Une fois bien engagés dans les longues séries de virages de ces montagnes vertes, nous nous mettons en mode “Patrouille pif paf“ avec la banane entre les deux oreilles.

Nous profitons d’une nouvelle longue pause dans un marché traditionnel Akka en haut d’un col. Que du bonheur parmi ces échoppes et étalages de produits agricoles et artisanaux, avec des rencontres furtives incompréhensibles verbalement mais appréciées.

Notre belle journée se termine dans cette ville frontalière de Mae Sot où nous allons rencontrer une fois de plus les officiers de l’immigration locale pour préparer et choisir le passage frontière idéal pour notre entrée au Myanmar en été 2016 lors du Tour du Monde en GS.

Le gradé nous accueille avec le sourire et nous apprend que les passages se font dans un sens ou de l’autre en fonction des jours pairs ou impairs… Ca valait le coup de venir se renseigner !.. On récupère les documents de formalités, les contacts des officiels afin de bien préparer ce futur passage.

Puis avant de rejoindre notre hébergement exotique du soir, nous faisons une halte improvisée dans une école frontalière de monks Birmans.

L’endroit est impressionnant, les enfants ont 10 à 11 ans en moyenne et sont là depuis 4 ans déjà. Leur accueille est très timide voire fuyant au début. Impossible de les approcher malgré toute notre douceur et gentillesse.

“ Alors je sors “GOLDEN MELODY“ magique, un Harmonica Hohner spécial blues, pour leur offrir quelques petites notes inédites dans leurs oreilles ”

La relation change du tout au tout et les sourires se délient. Pendant une demi heure, cet échange spontané et fraternel entre voyageurs et petits monks Birmans fait le bonheur de tous !. La vie est belle !

Jour 7: Mae Sariang / Vivre entre deux nations

Au départ de Mae Sot, mon pote Prasit m’annonce 205 km aujourd’hui. Alors que nous enfilons les casques, je regarde l’heure : 8H50. Je lui sourie : “on fait quoi cet après midi ?..“ Il me répond narquois : “on arrive à Mae Sariang vers 17H00“.. Tu déconnes ?.. Huit heures pour faire 200 bornes ?.. Prasit conclue, toujours aussi souriant : “beaucoup de choses et de gens à voir en Thailande ! Surtout dans cette région peu fréquentée. Te connaissant, tu vas t’arrêter sans cesse pour les photos et contemplations“…

Il n’a pas tord le bougre… Difficile de filer impassiblement sur cette route de montagne frontalière avec le Myanmar.

Au bout de 30 km, on franchit un premier check point tenu par l’ONU. Prasit m’explique que ces soldats sont en charge d’un camp de réfugiés qui longe la frontière et qui est installé ici depuis 20 ans. C’est le Roi de Thailande qui a offert ses terres à des minorités ethniques Birmanes persécutés par leur régime et qui sont entassés ici à flanc de montagne par milliers. Le Camp de réfugiés de Mae La est organisés avec des écoles, dispensaires, une administration interne et des métiers de rue. Des ONG impliquées depuis très longtemps sélectionnent chaque année une petite centaine de jeunes Birmans qui ont acquis une bonne éducation, et leur organisent un sésame pour l’Europe, souvent en Angleterre.

Nous n’avons pas l’autorisation d’y rentrer mais en discutant avec l’officier en charge, on apprend qu’en approchant le ministère des Armées Thai, on peut obtenir une autorisation spéciale pour faire entrer un groupe pour mieux comprendre le fonctionnement de ce camp. On va donc y travailler pour vous. Je fais essayer ma veste REVIT à l’officier qui s’installe au guidon de ma F800GS tout sourire. De jeunes Birmans sortent du camp, amusés, pour observer la scène cocasse.

Nous poursuivons notre route, impressionnés par ce camp que nous longeons sur plusieurs kilomètres de long. Plus loin, je bifurque au pif sur la gauche, intrigué par une allée bordée de statues dorées. Au bout du chemin, nous découvrons un temple récent, toujours aussi impressionnant par sa structure et l’énergie requise. Mais ce sont de simples petits “HELLO“ qui m’attirent sur la droite. Je retourne voir les petits gamins d’une école rurale, dont les plus petits sont en pause sieste.

Rapidement l’effet “cosmonaute“ de nos tenues crée le buzz local et nous sommes invités à visiter la petite école précaire de ce village.

Les enfants nous offrent quelques chansons, nous leur offrons des gâteaux et pauses sur nos motos. Encore un bon moment de complicité spontanée.

La journée se poursuit ainsi par des visites et rencontres variées qui font de ce voyage GS THAILANDE une évasion totale !

Jour 8: Mae Hong Son / Des virages en moto et à pirogue

Au petit déjeuner, dans ce guest-house de Mae Sariang, entièrement construit avec de superbes planches recyclées de vieux bois durs, je rencontre 2 couples motards originaires d’Australie. La discussion est vite engagée et je découvre avec un grand sourire que Matthiew est originaire de Tamborine Mountain, le même petit village perché a 800 M au dessus de la Gold Coast — Quensland — où j’ai vécu mes plus belles années sur près de 10 ans. Le Monde est agréablement petit. On se raconte plein d’anecdotes et de connaissances communes. Ces 4 là vadrouillent en Thailande sur des petites Honda et Kawa de 500 cc, une chacun. On les recroisera surement encore aujourd’hui, car ils suivent la même route pour la même destination finale.

La journée est supposée être courte avec seulement 170 km mais les poses et visites étant qualitatives et variées, on mettra encore près de 8 heures pour atteindre Mae Hong Son.

Cette route est d’ailleurs un véritable bonheur une fois de plus avec moult séries de virages vallonnés qui permettent d’affiner notre pilotage et nos trajectoires.

J’essaye différentes positions assis, debout, décalé, déhanché etc, pour rendre le pilotage plus fluide et efficace. Enfiler tous ces virages debout sur les cale-pieds c’est quand même géant !

La pause déjeuner dans le seul grand village disponible sur notre route n’est pas un souci logistique car ici en Thailande on a l’impression que les 2 plus grandes occupations sont de manger ou de préparer à manger…

Petite pause digestive en début d’après midi dans des sources d’eau chaude avant de filer vers Mae Hang Son.

Peu avant cette ville de fin d’étape, Prasit nous fait bifurquer vers un chemin qui descend vers la rivière, jusqu’à une sorte d’embarcadère de fortune et boueuse. On embarque sur une grande pirogue à moteur et on file plein gaz sur une rivière marron tortueuse et remuante. La pirogue bien conçue et agile, prend les virages légèrement couchée ce qui ne nous change pas beaucoup de ce qu’on fait depuis quelques jours : prendre des angles…

Prasit a vérifié le confort à bord. R.A.S!

Au bout de 40 minutes de raid nautique, on débarque au pied d’un village enfoui dans la végétation, le village de Kayan, où vivent les Long Neck.

Cette ethnie est connue par ces colliers dorés et durs qui ornent le cou des femmes du village. En fait ce n’est pas leur cou qui s’allonge mais leurs épaules qui s’inclinent vers le bas au fil des années, où leur corps est ainsi restreint. L’ambiance ici est très bon enfant et le contact très facile. Autrefois producteur d’opium et de cocaïne, ces villageois isolés vivent de l’artisanat et de cueillettes plus politiquement correctes.

Les enfants sont épanouis, la plupart des hommes encore une fois se détendent tandis que les femmes se dépensent pour produire le nécessaire quotidien….

Pour ceux qui, comme nous, arriveront ici dans le GS THAILANDE, après quelques heures de virolos luxuriants, vivront très certainement un sentiment d’évasion totale et une rencontre humaine marquante. Ces femmes ont l’air vraiment étranges par leur coutume à nos yeux, mais il est a parier que nous autres et nos accoutrements de motards baroudeurs, nous sommes surement encore plus extra terrestres !.. On est toujours le bizarre d’un autre !

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Eric Massiet du Biest / T3 Aventure

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