La vie d’après

Anahi Lozza
4 min readJan 29, 2022

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Bacalar, Mexico

J’ai attendu 3 ans avant d’écrire cet article parce que je n’étais jamais sûre que ce soit le bon moment. Aujourd’hui je pense qu’il est temps de faire le point et de vous partager ma vie d’après la fin d’une boite à laquelle j’avais attaché une importance cruciale dans mon quotidien.

Après avoir échangé avec beaucoup d’entrepreneurs (sans surprise plutôt féminines) qui étaient/ sont dans la situation dans laquelle j’étais fin 2018, je pense que mon témoignage pourra aider certaines (certains) à sortir de l’impasse.

Le début de ma nouvelle vie

Fin 2018, j’ai décidé d’arrêter ma boite de l’époque après 4 ans de hauts et de bas, et à la fin surtout de bas. J’avais écrit à ce sujet ici. Ce qui était pour moi un “échec” à l’époque avait été une décision extrêmement difficile mais il le fallait pour ma santé mentale et physique.

Sur une note d’échec, j’avais pour seule obsession de chercher un projet à remonter, une autre start-up à faire décoller ou la bonne idée qui allait tout changer. Sauf qu’il fallait l’admettre, j’étais épuisée, usée par ce qui s’était passé les 4 dernières années et cela m’obsédait tout autant que ça m’angoissait. Il m’a fallu du temps pour comprendre que je voulais une revanche rapide, pour prouver, me prouver que j’étais capable. Je ne voulais pas avoir l’impression de terminer sur un échec.

Ce que je n’avais pas encore en tête à l’époque, c’est que ce que je considérais comme un échec allait être le début de ma nouvelle vie.

Quand je suis devenue digitale nomad

Début 2019 je pars en Californie où je rencontre celui qui est aujourd’hui mon mari (oui, oui beaucoup de choses peuvent se passer en 3 ans 😉 ). Tous les deux fans de voyages, on décide de tout quitter à Paris pour vivre plusieurs mois à Bali où nous faisons le premier confinement. En 3 ans nous sommes devenus ce que l’on appelle aujourd’hui “digital nomads”: j’ai travaillé depuis le Vietnam, le Mexique, le Costa Rica, la Malaisie, la Thaïlande… Sans compter notre van que nous avions aménagé pour parcourir l’Europe. J’ai donc ouvert mon ordi depuis le Portugal, l’Italie, l’Espagne, la Hongrie, la Roumanie, la Bosnie, la Croatie, le Montenegro, la Serbie.

J’avais enfin l’impression d’être libre, loin de ce qui m’avait “enchaîné” à Paris! Je pouvais être n’importe où dans le monde, je devais juste avoir un ordinateur et un téléphone pour travailler.

D’un seul coup, mon “nouveau projet” était de découvrir Hoi An, le volcan Arenal, faire du snorkeling dans les fonds marins des îles Gili, admirer les couchers de soleil à Holbox ou prendre l’apéro sur les plages de Koh Phangan. Tout cela en compagnie de mon meilleur partenaire de vie.

Quand j’ai finalement remonté une boite

Cette obsession de remonter une boite n’était plus ma priorité, voir même je démontais toutes les idées que je pouvais avoir une par une car je ne voyais que les points négatifs d’une start-up. J’étais freelance, à mon compte, mais je n’avais plus ce “poids” d’une boite. Car oui j’en étais arrivée à considérer qu’une boite n’était pas une aventure fun, dynamisante et passionnante mais un poids.

Sauf que j’ai fini, “sans m’en rendre compte”, par remonter une boite. Je travaillais en collaboration avec mon mari qui est développeur, lui aussi en freelance, et nous dépassions tous les plafonds. Nous n’avons pas eu le choix que de créer une structure pour continuer à nous développer. C’est comme ça qu’est né Dreamfactory Pro: Nous développons et accompagnons la croissance de e-commerces sur Shopify.

Nous n’avions pas de logo, nous n’avions pas de site — nous n’en avons d’ailleurs toujours pas car nous n’avons même pas le temps/nécessité d’en faire un — nous n’avions pas de nom. La seule chose que nous avions c’était des clients, et plus que ce que l’on pouvait absorber: il a donc fallu se réorganiser et commencer à penser “scale”. N’était-ce finalement pas la croissance après laquelle je courais dans mon ancienne boite et qui était là juste devant moi aujourd’hui?

Dreamfactory Pro est une agence web, tout ce qu’il y a de plus classique. Nous facturons nos clients sur ce que l’on sait faire: créer des beaux sites e-commerces qui convertissent. Sur le papier, bien moins attractif que révolutionner la mode, créer un produit éco-responsable qui change la consommation, mais dans la réalité une boite “profitable from day 1”, qui me permet de vivre la vie que j’ai envie d’avoir par ailleurs.

Le mot de la fin

Je ne dis pas qu’un jour je n’aurais pas envie d’un autre projet, celui qui va “révolutionner quelque chose”, mais ces années étaient nécessaires pour me poser avec moi-même, apprendre à profiter et être heureuse.

En 3 ans, j’ai rencontré l’Homme de ma vie, je suis devenue digital nomade, j’ai voyagé dans plus de 20 pays différents, et j’ai fini par remonter une boite. Et surtout j’ai reconsidéré la vie différemment.

Alors je m’adresse à celles et ceux qui sont le “moi” de fin 2018: On a le droit de faire le choix d’arrêter, on a le droit de vouloir autre chose et on a le droit de se dire que c’est un échec. Ce n’est pas grave. La seule personne qui vous juge, c’est vous-même. Ce qui vous parait un échec aujourd’hui, sera le meilleur choix de votre vie demain, j’en suis la preuve.

xx

Anahi

P.S: Si tu es dans cette situation et tu as besoin de soutien, cela m’intéresse toujours d’aider les entrepreneurs alors n’hésite pas à venir me parler sur Insta.

P.S.bis: Si tu es intéressé par ouvrir un e-shop sur Shopify mais tu ne sais pas comment démarrer, fais-moi un petit mail (anahi@dreamfactory.pro), je prends toujours un peu de temps pour y répondre gratuitement, car je sais ce que c’est d’être un entrepreneur dans le flou.

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Anahi Lozza

French Entrepreneur - Ex Co-Founder & CEO L’Habibliothèque