Comment est né Julien Letailleur?

Antoine Brachet
8 min readJan 1, 2017

(je sais pas, j’ai ressenti le besoin d’écrire ces quelques mots au début de ce millésime 2017 dont j’attends beaucoup, et que je souhaitais adresser d’abord à tous ceux qui participent de près ou de loin à cette aventure magnifique : créer de toute pièce un candidat virtuel aux Elections présidentielles en 2017, sans ego. Un activateur citoyen. Toutes mes excuses par avance pour la longueur du texte et mes félicitations à ceux qui iront au bout, je n’ai jamais su faire court)

Le premier mot qui me vient en tête est celui de bouillonnement. Mais un bouillonnement dont on pourrait commencer à discerner quelques contours, un dessein qui s’établirait peut être, non contrôlé, comme tout dessein qui se respecte.

Il y 6 mois, un siècle, une éternité, décision était prise au cours d’un week-end barbare d’extraire Julien Letailleur des pages du roman qu’il habitait, que j’avais commencé à écrire depuis plusieurs années.

Cette décision était d’abord comme toujours chez les barbares une expérience méritant d’être tentée (pourquoi pas ?). Mais également — je m’en rends compte aujourd’hui — l’aboutissement logique de réflexions que nous menions collectivement au sein du mouvement depuis deux ans, et à titre personnel depuis plus longtemps encore. Depuis le début de l’écriture du roman en fait.

Ce livre que j’avais écrit, à tout le moins commencé, et bien son sujet me semblait choisi parmi d’autres qui m’intéressaient tout autant, éternel curieux que je suis. Le fruit du hasard donc.

En fait pas du tout.

Je m’en suis rendu compte sur le chemin qui m’a conduit à consacrer beaucoup de temps au sein de cette tribu barbare que j’avais contribué à faire naître, cette tribu née d’un manifeste écrit collectivement à Macon le 29 juin 2014, mettant en exergue la responsabilité collective que plus que nulle autre notre génération portait afin d’écrire collectivement un futur qui puisse rester humainement supportable. Un futur non exclusivement défini par les GAFA, dont les visées politiques plus qu’économiques commençait déjà à l’époque à se faire sentir. Et dont la puissance croissait chaque jour.

Cette tribu diffuse, semblable à une collection d’abeille pollinisant chacune de leur côté, tentait une expérience singulière. Laisser chacun libre. Favoriser l’échange sur les sujets clés qui structureront le monde de demain. Mais surtout permettre à chacun, dans une atmosphère bienveillante, de PRENDRE LA PERMISSION de faire soi même, différemment. De créer puis de faire avancer ses projets (ses bacs à sables) en accord avec les valeurs clés du manifeste. Et bien sûr d’accompagner les autres abeilles sur leur chemin.

Ce projet que j’avais contribué à faire naître, il était hors de question d’en devenir le chef. Cela aurait été en contradiction immédiate avec le manifeste. Cela détruirait immédiatement toute singularité, et donc tout intérêt au projet. Il devenait urgent de pouvoir signifier que je portais un projet à côté de ceux proposés par les uns et les autres au cours des week end barbares, et pas seulement le projet barbare.

C’est comme çà qu’est né le projet Julien je crois, en tout cas sa composante politique active. De la nécessité de plus en plus aigüe de porter un projet propre, et non simplement la structure permettant à tous les projets barbares d’émerger.

Je m’aperçois que je parle beaucoup de projets mais en fait les projets ne sont rien. Ce sont les personnes. Jérôme d’abord, qui m’a fait connaître Kinnernet, qui m’a renforcé dans l’idée que l’art devait être un maillon clé du changement que nous devions opérer. Jérôme avec lequel nous nous sommes éloignés car de mon côté il était totalement impossible d’envisager monétiser les barbares. Duc et son bac à sable Officience , entreprise en perpétuelle modification pour tenter d’y intégrer les changements du monde. Nicolas et Laetitia & la Multitude & le futur du travail. L’ensemble de tous ceux impliqués dans le mouvement Civic Tech (Thibaud, David, Clara, Leo, Maxime, Audrey, Armel, …) Christophe et l’accueil de la Maison de Macon. Brice, grâce auquel la première rencontre Julien fut le succès que nous attendions. Mag, et cette nécessité quasi physique de travailler le plus possible avec lui. Thibaud et les crieurs de Rue, Laura Jane, Laure, Mathilde, Mau, Henri & l’OGP, et tous ceux qui se sont associés au projet Julien au fur et à mesure et qui sont le corps vivant de Julien.

Les Civic Tech justement.

Julien, le héros de mon roman, est un humain énarque cocaïnomane cynique qui considère que l’expérience démocratique s’essouffle, et qu’il devient urgent de tester d’autres modèles. Parce que le monde avance très vite, et que nos modèles de gouvernances ne permettent plus de penser collectivement ce monde et la manière dont notre pays veut s’y insérer, ni les valeurs et les idées que nous voulons proposer.

Enarque, parce qu’il me semblait à l’époque (je ne connaissais pas aussi bien que maintenant tous les acteurs du changement que je viens de citer) qu’il était plus probable d’arriver à changer le système de l’intérieur.

Cocaïnomane parce que je ne voulais en aucun cas rendre le personnage sympathique et sain. Il devait s’agir d’un être humain normal, donc pétri de défauts et de contradictions, et un long chemin à parcourir pour se découvrir.

Cynique, car j’ai beaucoup de proches cyniques pour lesquels toutes mes activités hors professionnelles ne sont resté longtemps dans leur esprit qu’un amusant passe-temps. Et ce sont eux d’abord que je voulais emmener avec moi. Si les cyniques adhèrent au projet me disais-je, alors le reste du monde suivra aisément.

Humain enfin, car tous les humains ont un chemin à parcourir pour progresser, pour devenir meilleurs, et les héros de roman n’échappent pas à la règle. Et une des étapes consiste justement je crois à délaisser son cynisme, à réactiver l’enthousiasme et la créativité et l’envie qui sont ce que nous sommes à la naissance, avant toutes les couches de sédimentations successives que le passage à l’âge adulte dépose peu à peu sur notre esprit.

Julien donc va décider de quitter les pages du Roman qu’il habite. C’est une décision complexe, cela se fait donc par étapes.

J’avais déjà organisé des ApéRomans proposant de passer l’écriture en mode collectif, et nous étions plusieurs à nous être amusés à imaginer comment nous pourrions permettre à tous d’écrire la suite de l’histoire. Y compris avec plusieurs fins possibles, à la manière des « forks » de code sur GitHub. Pour les profanes comme moi, c’est très simple en fait. Il suffit de considérer l’écriture comme un code informatique. Dès qu’un des écrivains (codeur) à une idée qui bascule dans une autre direction, il crée un fork (une fourchette) et développe son idée (son chemin de traverse).

Nous avons très vite laissé tomber l’idée. Je n’ai pas un talent fou d’écriture certes, mais quelques tests ont vite montré que l’unité stylistique était nécessaire pour conserver le plaisir de la lecture, ce qui est tout de même l’essentiel.

Il y eut donc ce fameux week end, vers Mars 2016 je crois. Au cours duquel décision fut prise de donner vie à Julien dans notre monde en créant son profil sur les réseaux sociaux les plus dynamiques (Facebook, Twitter, Medium notamment). Et de donner à Julien une première mission : se porter candidat à la Présidence de la République française en 2017. Cette première mission n’était pas choisie par hasard.

Elle permettait de profiter d’une vague que nous anticipions d’intérêt quinquennalement renouvellé pour la chose publique dans notre bel Hexagone.
Elle permettait également de créer autour des enthousiasmes nés de la CivicTech une histoire. Et de mettre en valeur de ce fait toutes les actions lancées par les acteurs du changement de la CivicTech. Parce que tout le monde aime les histoires :)
Elle permettait surtout de s’interroger sur les valeurs et les idées clés que nous souhaitions faire passer dans le débat public.
Elle permettait enfin de se fixer un objectif clair, daté et précis : c’est à dire le seul moyen d’activer tout ceux qui le souhaitent mais qui ont un peu peur de se lancer autour d’un projet.

De cette première mission sont nées nombres d’aventures passionnantes : premières interviews, y compris télévisées. Se posant dès lors la question des modalités d’apparition de Julien : masque ou pas masque ? Pas masque bien sûr, car chacun devait pouvoir prendre librement la parole en gardant son identité multiple. Je suis porte parole de Julien certes, mais je suis aussi… et Aussi… et aussi… Julien ne me définit pas. Il me permet simplement d’activer une partie de mon moi citoyen, dans un ensemble plus vaste que moi.

Création de l’image de Julien également. L’idée d’une mosaïque de visages dans un visage a très vite et très naturellement remporté l’ensemble des suffrages. Nous faisons partie d’un tout, nous ne nous définissons pas exclusivement par ce tout.

Puis très vite est apparue la nécessité de définir nos valeurs cardinales, au nombre de trois. Optimisme. Intelligence. Responsabilité. Et la mission réelle que nous nous donnions : porter dans le débat public les sujets clés collectivement définis, qui nous semblent nécessaire de discuter avec tous ceux qui le souhaitent afin de pouvoir répondre à la question du futur que nous souhaitons :

>Comment renouveler le contrat social dans un monde “post travail”? (c’est à dire dans lequel le travail ne représente plus prioritairement ce qui définit notre rôle dans la société)

>Comment faire pour redéfinir le périmètre d’intervention de l’État et pour qu’il arrête de réaliser des missions devenues inutiles tout en préservant le souci de l’intérêt général qu’aucun opérateur privé ne devrait pouvoir briguer ?

>Comment redéfinir l’éducation susceptible de permettre à nos enfants d’exprimer leur personnalité dans un monde post technologique?

>Comment créer les conditions permettant à l’écosystème Terre de survivre, et nous avec?

>Comment faire ensemble?

Deux de ces thèmes ont déjà fait l’objet de rencontres dans la vie réelle, le dernier en date sur le futur du travail ayant donné lieu à un magnifique “Mannequin challenge” :)

Nous sommes le 1er janvier 2017 : Que nous reste-t-il à faire ?

#1 : Dépasser l’entresoi et se souder ensemble

Plus nombreux, plus fous, plus ambitieux chaque semaine.

Le projet faire ensemble de février en serait le point de départ

Il est co-organisé avec des associations de jeune de banlieue (c’est principalement laVidalocalm qui coordonne de leur côté) qui recréent du lien social notamment à Bagneux.

Il a vocation à démontrer qu’on peut bosser ensemble entre tous les milieux (géo, thune, social, bref) dès qu’on partage la même cause.

Il prendra la forme d’un tournoi d’éloquence en équipes, chaque équipe devant répondre à la question “moi président je ferai”? Un peu sur le mode du docu A Voix haute de Stéphane de Freitas, qui j’espère va se joindre au projet

#2 : Continuer à trouver des projets fou

A la manière de la candidature nouvellement annoncée de Julien au comité exécutif du partenariat pour un gouvernement ouvert, né d’un déjeuner partagé avec la directrice d’Etalab et qui a bien progressé depuis)

#3 : Passer à l’échelle

Convaincre les médias de leur responsabilité dans la mise en perspective de ce projet, en complément de l’analyse classique des politiques actuellement menés.

Et #4… Finir le roman bien sûr, en narrant par le menu l’aventure Julien dans notre monde

Bonne année 2017 tout le monde ! Si vous voulez porter votre pierre à l’édifice, n’hésitez pas à partager ce texte, à le commenter, à l’enrichir, et bien sûr à rejoindre l’aventure (il vous suffit de devenir ami avec Julien sur Facebook et de lui envoyer un message privé)

Si vous avez appréciez ce texte, faites un geste : appuyez sur le ❤ juste en dessous.

--

--