Pourquoi les start-ups du tourisme sont Bankable ? (et pourquoi cela va durer)

Ary Augustin
7 min readMar 27, 2016

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La démonstration n’est plus à faire, les start-ups du tourisme sont bankable!
Airbnb, Tripadvisor, Expedia, Kayak, Blablacar, Booking sont autant de noms qui illustrent la réussite dans le milieu des start-ups.
1/3 des publicités dans les métros des grandes capitales concernent la Travel Tech. En 2015 il y a eu 1 milliard de touristes internationaux, ce qui représente 9% du PIB mondial et 1 emploi sur 11.

Les chiffres des Start-ups Travel Tech le confirment.

  • les deal et leur montant sont croissants depuis +5 ans :
  • et ce partout dans le monde :

La Travel Tech fait partie des secteurs qui réalisent les meilleurs “Exit” ce qui explique que ces start-ups constituent le 3ème contributeur de la richesse de Google.

Oui, la Travel Tech est sexy ! Mais pourquoi ?

Parce-ce que ce dont-on parle, c’est de voyage!

Voyager: un besoin vieux comme le monde

L’homme étant un animal curieux, c’est dans sa nature de chercher à découvrir des mondes nouveaux.
Depuis les premiers grands mouvements migratoires, motivés par la survie des populations, au départ de l’Afrique vers l’Eurasie, en passant par la soif de conquête des Vikings pour des mondes nouveaux ; l’homme a toujours eu ce besoin quelque soit l’époque, de voyager.

Le voyage est une nécessité et un besoin croissant dans nos sociétés stressées, en quête de productivité, l’Homme à besoin de renouveau. De plus, la facilité des moyens de transport et de communication participent à cette croissance.

Le voyage est un vecteur de développement personnel. Partir, s’évader, permet d’apprendre, de relativiser notre vie et notre existence, d’acquérir un regard neuf sur soi et sur autrui: c’est la notion d’altérité.

Voyager c’est d’abord consommer

Dans sa quête d’altérité, le voyageur veut vivre ailleurs une expérience concrète et mettre ses sens en éveil.

Ce désir se caractérise par l’achat d’un moyen de transport, d’un hébergement ou d’autres activités, puis par un usage de ces services ; vivre une expérience touristique passe par consommer un ensemble de prestations payantes.

Boire un café à Paris, conduire une voiture décapotable sur les routes de Californie, ou boire un Ti Punch sur les plages de Martinique : ces actes de consommation touristiques assouvissent le besoin d’altérité et permettent à celui qui les vit de rompre avec son quotidien.

Mais comprendre le phénomène touristique du XXIe siècle, c’est prendre en compte qu’il s’inscrit dans l’affirmation de nouveaux besoins de la part des consommateurs. Le touriste ne veut plus consommer “bête”, il veut donner du sens à sa consommation.

Consommer autrement : la quête du “tourisme bio”

Aujourd’hui la figure mythique du “voyageur” s’oppose à celle, plus péjorative, du “touriste”.

Apparu sous l’influence des diktats de la consommation, le touriste est celui qui, contrairement au voyageur, reste cloîtré à l’intérieur d’espaces aménagés spécialement pour lui et refuse de se défaire de ses habitudes. Il est la cible d’arnaques en tout genre, payant le prix fort pour des prestations de faible qualité. C’est le consommateur arrogant qui ne respecte pas les traditions des sociétés qui l’accueille et qui pollue; c’est l’« idiot du voyage[1] ».

A l’opposé, le voyageur représente un idéal, il part à l’aventure, se laisse surprendre par l’inconnu, dépasse ses habitudes et son horizon quotidien. Il est à la recherche de l’autre et du différent.

Face à l’image caricaturale, très nombreux sont aujourd’hui les touristes qui n’assument pas d’en être et sont séduits par une communication qui s’adresse à eux comme à des voyageurs.

En outre, comme dans la grande consommation, nous observons le désir de consommer autrement, plus raisonnablement, plus… “Bio”

[1] Jean-Didier Urbain in L’Idiot du voyage : Histoires de touristes — Poche

Parce-ce que les solutions start-up sont pertinentes

Des solutions qui répondent au besoin d’altérité

L’authenticité s’impose comme le maître mot de l’expérience touristique ; ne pas être victime d’une mise en scène, d’une dénaturation de la réalité, mais pouvoir découvrir le « vrai » pays, la « vraie » culture.

Face à ce désir, les start-ups du tourisme proposent de nombreux produits qui valorisent cette dimension. Par exemple Continents Insolites , Voyageurs du monde ou Marco Vasco offrent à leurs clients la possibilité de vivre un moment privilégié lors d’une cérémonie du thé ou de participer à une fête traditionnelle. Meetrip propose des guides certifiés pour des visites sur mesure avec un grand choix d’expériences locales.

Mais porter un jugement neutre et unique sur l’authenticité d’une expérience n’est pas vraiment envisageable. Par définition, celle-ci appartient à celui qui la vit et qui est donc seul capable d’appréhender sa qualité. Il est difficile de proposer une seule expérience touristique qui soit en mesure de plaire à tous les touristes. C’est pourquoi il est important de proposer des offres personnalisables.

Face à cette difficulté à vivre une expérience véritablement authentique, rencontrer des habitants sans intermédiaires touristiques — ou presque — représente une solution de choix pour garantir un contact direct avec la destination.

Porte d’entrée vers une région et sa culture, “l’habitant” cristallise l’authenticité touristique. Il joue le rôle de référent et de garant de cette authenticité et facilite l’accès du touriste à la réalité de la vie locale en lui donnant à voir son quotidien.

Des produits touristiques adaptés à la démarche d’authenticité

Pour les start-ups, l’enjeu consiste à créer des produits et des services crédibles qui offriront cette tranche de rêve à leurs clients. C’est leur promesse, leur “value proposition”.

Elles font par ailleurs un travail sémantique intéressant. Même s’’il s’agit bien d’acheter une prestation touristique, c’est l’expérience qui reste au centre de la solution start-up. L’idée du produit de consommation n’est plus prégnante: elles proposent avant-tout de partager une aventure, de découvrir l’autre… La consommation est alors placée sous le signe de l’émotion.

Cherchant à donner du sens à notre consommation, nous sommes guidés dans nos choix par les problématiques qui nous tiennent à cœur et nous préoccupent. Ecologie, santé, diversité culturelle, nombreuses sont les motivations qui conduisent à préférer une expérience plus qu’une autre. Commander sa viande directement à l’éleveur de sa région, s’équiper d’une berline Tesla ou opter pour un trajet en covoiturage : autant d’exemples qui prouvent que le consommateur intègre aujourd’hui une dimension sociétale dans ses achats.

Les startups offrent cela.

  • Séjourner chez l’habitant grâce à Bedycasa (1er avant Airbnb) ou Couchsurfing
  • Partager un repas avec des habitants grâce à Vizeat
  • le covoiturage participe à cette dynamique avec Blablacar ou l’autopartage avec des acteurs comme Travelercar et Carfully
  • Et aussi le fait de partager des activités avec des habitants grâce à Tripncoou Bubble Globe par exemples.

Ces plateformes facilitent les expériences immersives tout en offrant une confrontation à l’altérité toujours plus forte.

Le digitale favorisent l’accès à l’altérité

La mobiquité : spontanéité, diversité et personnalisation

Dans cet univers inconnu et affranchi des intermédiaires touristiques classiques, le touriste se tourne au contraire davantage vers les ressources digitales. Connaître la popularité d’un restaurant grâce aux avis des habitants, l’histoire du quartier dans lequel on se promène, les événements proposés dans un lieu culturel : le mobile offre les moyens de son indépendance au voyageur moderne.
Un des terme utilisé est “SoLoMo” : l’expérience Sociale, Locale et Mobile.

Le réflexe mobile est rendu encore plus simple grâce à des start-ups qui ce sont spécialisée dans la mise à disposition de solutions pour éviter de payer du roaming (surcoût téléphonique en voyage): Travel Wifi propose un boitier wifi aux touristes pour rester connecter tout au long du voyage.

S’il souhaite aujourd’hui affirmer ses choix personnels et son indépendance, le touriste est en revanche demandeur de services de qualité accessible rapidement, à tout moment. Il veut des offres réactives, sur mesure pour vivre un voyage spontané.

Ce confort de voyage qu’offrent les technologies mobiles, est accentué avec l’événement de la conciergerie touristique.

La conciergerie digitalisée : une étape décisive pour le tourisme aujourd’hui

On assiste à la désintermédiation du métier type du tourisme, la conciergerie.

Soit d’un point de vue logistique : ménage, checkin/out, changement des draps comme Bnbsitter qui peut alors travailler avec des agences de location d’appartement ou de villas comme Paris Adress, Antilles Exception, Mister bnb, qui font très bien ce service.

Soit sur le métier du concierge réceptionniste : proposition de services et d’activités sur mesure.

Ce type de service est devenu à la fois très simple et d’une exceptionnelle valeur. En un message via sms ou application, le touriste peut demander exactement ce qu’il recherche dans sa quête d’altérité.
Il est alors en lien direct avec un opérateur qui lui répond. Ce dernier peut être un robot grâce au boom du machine learning (helloscout, assist) ou un réel humain.

Ce dernier modèle avec un humain est plus réaliste pour répondre au véritable besoin de personnalisation du touriste. Lui donner de véritables conseils basés sur son profil exclusif, grâce à une connaissance du lieu de destination. En tout cas un système hybride me semble plus adapté au métier de l’accueil.

C’est le cas de hijames : accompagner le touriste avant et pendant son séjour. Par simple conversation chat, ou en allant plus loin, en permettant la rencontre avec un habitant, pour l’aider à préparer et organiser son séjour.
Ce modèle reprend celui du compagnon de voyage qui vous conseille car il connait le pays de destination, et apprend à vous connaitre.

TL;DR

Les start-ups du tourisme sont performantes car le besoin de voyage est ancestral et croissant dans nos sociétés actuelles. Les solutions que proposent les start-ups sont en adéquation avec la mutation des besoins : voyager autrement, voyager vrai.
Le tourisme collaboratif est l’exemple type de cette mutation, avec la volonté d’un voyage authentique, sans intermédiaire en direct avec l’habitant.
Le digital favorise ce lien sans intermédiation et plus particulièrement la conciergerie par chat qui créé un lien direct entre touriste et habitant pour préparer & vivre une expérience de voyage authentique.

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Ary Augustin

Operation Designer for innovative companies —My focus is orchestration and optimization of people, processes and culture for sustainable growth.