La Mano: reine des putes de la nuit parisienne

Luc, calme et volupté
9 min readFeb 5, 2017

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Vous savez où est-ce que le “tout-Paris” se retrouve pour dire merci à la vie… la chanter, la danser, et patati et patata ?
A La Mano. 10 rue papillon, 75009 Paris.
Source: http://m.nouvelobs.com/obsession/pop-life/20160411.OBS8264/la-mano-la-nuit-democratique-fait-son-retour-dans-le-9eme.html

Moi, j’y ai été. Deux fois. Et sur le coup, j’étais tout sauf amour. La vie… j’avais qu’une seule envie, c’était de lui dire “nique ta mère”. Pas de la remercier (ni la chanter, ni la danser, ni “et patati et patata”)… Vraiment pas. Parce que c’est allé loin là-bas. Beaucoup trop, même. Et aujourd’hui encore, même si la vie et moi on s’est un peu réconciliés, mon seum est vivace. Extrêmement, même. Et je m’en bats les couilles du blabla lénifiant de mes amis pro-retour-de-la-nuit-démocratique… je vais chroniquer qui de droit. Dans le désordre. A la Jep Gambardella.

Mais d’abord, la vérité, c’est que moi, le Lionel Benchemoun à qui la pigiste rince la quille dans l’article susmentionné, je le connais pas et il ne m’a rien fait ; pareil pour la pigiste qui lui rince la quille, d’ailleurs ; si ce n’est peut-être le fait qu’elle (comme beaucoup de meufs de son espèce) s’imagine sûrement qu’elle va changer la face du pays avec sa paire de Stan Smith blanches (originalité oblige), sa carte de presse et ses petits reportages de merde qui puent le bac L option “pas de talent”. Mais, je le répète hein… je n’ai strictement rien contre personne: ni elle, ni Lionel. C’est juste que leur “nuit démocratique”, deux fois j’y suis allé et deux fois elle me les a brisées violent ; donc deux bonnes raisons pour régler ça en moi vs. La Mano… CQFD, ma couille.

Dans ce projet un peu chelou sur les bords, j’ai l’entier soutien de mon épicier, un shleuh à moustache poivre et sel qui me dit “jamais deux sans trois” avec un clin d’œil d’escroc à chaque fois que je lui achète des HK. Le soir où je lui ai parlé de mes déboires, et que je lui ai dit que pensais retourner tester le baye une troisième fois, il a directement compris que cet endroit c’était de la merde à l’état pur. Enfin… quand j’écris qu”il a directement compris”, ça signifie in concreto qu’il a froncé les sourcils avec un air pensif pendant quelques secondes, puis s’est exclamé “Zebi deux sans trois, zebi!”. Ne connaissant pas cet adage, j’avoue être resté un peu perplexe sur le coup. Grâce à Dieu, il a rapidement éclairé ma lanterne en enchaînant sur “T’es pas comme eux Khoya! Retourne pas dans ce repère de hatailles et de kerbas”. Hmm. Là, j’ai compris. Bien dit, l’arabe…

La Mano, c’est le néant by night par excellence: #PlaceToBe #GoodMoodNikoumouk pour un tas de tapins de la hype dont la finalité de la venue au monde est de niquer leur mère bien profond. En vrai, je m’en fous que des ex-enfants pourris gâtés se sentent frais parce qu’ils checkent de l’épaule la physio la plus haïe de France et jouissent de s’entasser à deux cents dans trente mètres carrés. Franchement, rien à foutre. Mais ça me tue de voir ces nobodes mâles se comporter comme des spartiates (et leur équivalent féminin jouer les prima donnas) sous prétexte qu’ils sont rentrés dans cet asile sans faire la queue… ça me sidère, gros.
Et je suis prêt à parier que si Molière avait vécu à notre époque:
- plusieurs scènes du Misanthrope se seraient déroulées à La Mano,
- Alceste aurait été qualifié d’atrabilaire niqueur de mères,
- et chaque acte de la pièce aurait comporté plus d’incitations à l’inceste que la discographie de n’importe quel rappeur.
Telle est mon opinion.

Je n’ai qu’un bac ES option anglais mais je peux synthétiser l’état de la situation en une “formule”: Inversion des valeurs du monde réel [niveau général de bluff - consistance des individus] X victoire des forces du mal contre celles du bien (zéro aménité + 97% de fdp) X sentiment de solitude infini = La Mano.
Tout tient là-dedans. TOUT.

Attention aux conclusions hâtives, en aucun cas ce que je dis n’est du seum gratuit. C’est même un gros tchip très concret… Parce que, vraiment, cet endroit de merde donne la haine du genre humain et des envies de finir la soirée en GAV. A l’intérieur, c’est le marteau et l’enclume, entre:
- les desperates vieilles meufs qui veulent oublier grâce aux malboros lights et à l’ivresse de la “fête” que leur comportement naturel à la lumière du jour est de longer, les épaules crispées et d’un pas chancelant, tous les murs qui se présentent à elles,
- et les loss sûrs d’eux-mêmes et sans charisme qui, quand tu leur fais remarquer qu’ils obstruent le passage, ne se desserrent qu’après deux-trois mimiques de thug dédaigneux apprises dans La Haine… alors que ces mêmes sous-merdes n’ont jamais eu les cojones, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, de prendre un Noctilien ou franchir la porte d’un cours de boxe thaï.
Humainement, une atmosphère plus merdique que La Mano, ça n’existe pas. Il n’y a nulle part où tout ce qu’il y a de plus pourri dans l’homo sapiens s’étale de manière aussi vulgaire et condensée. Nowhere. Pas même aux chiottes ou dans les transports en commun aux heures de pointe… C’est dire.

By the way -sans transition-, contrairement à certains auteurs du dix-neuvième siècle qui écrivent trois pages pour dire que des rideaux sont rouges et mal repassés, j’épargnerai à mes lecteurs-lectrices une description exhaustive de l’endroit.
Photo, donc.

Copyrights: l’article suce-mentionné (Le cahier des tendances de l’Obs)

Tadaa!” La voici… la fameuse Mano. Rien d’antipathique, au demeurant, mais en action, c’est une dimension parallèle, a fucking nightmare: un havre de paix pour néo-hipsters décadents (1) qui se prennent pour des humanistes au pays des merveilles sous prétexte qu’ils se torchent la gueule sur fond de salsa et laissent un pourboire à la métisse du vestiaire (2) ; comme si ce cinéma changeait quoi que ce soit à leur statut de sous-merdes lazy et suffisantes (3).
1/ Néo-hipsters qui sont peu ou prou des sous-Romain Duris à barbe de trois semaines accompagnés des fausses meufs qui vont avec ; fausses meufs en question qui, généralement, s’accomplissent professionnellement dans la pub ou la com’ et qui répondent “ah ouais? Intéressant…” avec une main dans les cheveux et sourire mi-bingo! mi-faussement-désintéressé quand elles apprennent d’un mec fraîchement rencontré + un minimum passable physiquement qu’il travaille dans la finance (à la Défense).
2/ Métisse du vestiaire que je soupçonne sérieusement de servir d’alibi à l’atmosphère pseudo-cosmopolite ambiante… mais dont le choix trahit une grossière faute de goût: trentenaire gâtée de type camerouno-auvergnat aux chicots jaunis et tatouée/percée qui se prend pour une black panther parce qu’elle fume des roulées et que ses copines whites lui disent qu’elle a “un truc”… alors que, vraiment, elle a RIEN (non, rien de rien).
3/ Sous-merdes lazy et suffisantes qui croient vaincre la vie en faisant leur numéro de mondains polissons sur des musiques exotiques alors que leur destin objectif est celui:
- de bouffons-bouffonnes nés pour travailler devant un bureau 50h/semaine et baisser les yeux quand leur n+1 leur parle mal ;
- de fils (ou filles) à papa du nouvel ordre mondial ; le genre à se prendre pour des artistes street parce que, après avoir grandi dans un duplex au cœur d’un quartier populaire, ils bossent désormais en sneakers dans une start-up de la rive droite et côtoient quotidiennement des basanés en jogging… pour se faire livrer de la malbouffe via Deliveroo.

D’ailleurs, cette histoire d’artiste urbain de mes deux vient parfaitement à propos puisqu’il y en a un dont je dois absolument parler. De vous à moi, j’ai un petit peu l’habitude d’en croiser des enfants de pute qui jouent les stars, mais lui… il m’a choqué! Wallah.

LA SCÈNE:

Moi, au bar pour me faire fister (i.e. commander un cocktail infect à 10€). A ma gauche, une blonde-châtain plutôt mignonne qui a un look à faire des études de stylisme et avec laquelle j’avais échangé regard de reconnaissance muette un peu plus tôt (air de déjà vu, don’t remember when), au bras d’un des fils à papa susmentionnés:
- une sorte d’eurasien très dilué au visage assez crispé qui a une gueule à s’appeler Gaëtan,
- physiquement élancé et sans carrure,
- sapé tout en noir dans un flow Bleu de Paname (marque de vêtements workwear qui coûtent chers parce que made in France),
- et, surtout, anormalement speed pour passer sa commande.
Traduction concrète de “anormalement speed”: il gesticule pour se faire remarquer par le barman, l’appelle en claquant des doigts, le siffle, “eh psss”, et caetera… l’archétype de la baltringue inconsciente de l’agressivité qu’elle renvoie et qui mériterait de se prendre un recadrage à base de clé de bras devant témoins (sa mère, de préférence).

Rush oblige, le barman, un genre d’épave latino chelou affublée d’une chemisette rouge, ne calcule Trucmuche qu’au bout d’une bonne minute de snobage subtil. A ce moment là, je constate que la “protégée” de ce dernier m’observe fixement. Je lui lâche un sourire mi-amusé mi-curieux, qu’elle me rend dans la foulée, avant de m’affirmer qu’elle m’a déjà vu ailleurs ; “ouf, je ne suis pas fou”, me dis-je en cherchant 4–5 secondes dans ma mémoire… sans trouver de réponse à “qui? que? quoi? dont? où?”. En mode humour caustique, je lui dis que c’était peut-être sur Tinder. Elle répond “haha, pfff” faiblement et me dit que non, “c’était ailleurs”, visiblement un peu agacée d’avoir une panne.
A cet instant, l’ami d’Eurasie, qui vient juste de prendre possession sa bière de 33cl (et dont le visage est toujours aussi fermé/tendu/hostile), la tire brusquement par le bras pour aller je-ne-sais-où, et l’éloigner de moi comme d’un importun charo. Mort dans le film, le type. La fille se retourne pour me dire au revoir avec une moue de gêne voulant dire “excuse-le, il est en crise” ou “bon, bah… désolée”.
Hmm… ok. J’aurai quand même aimé être prévenu que ça existait, les combats de coqs au cours desquels l’assaillant s’envole comme un pigeon dès la première seconde.

Sur le moment, je ne me formalise pas de cette séquence ridicule puisque le barman est enfin disponible pour prendre ma commande ; je lui dis bonsoir avec un sourire courtois et lui demande quel est le cocktail maison, à la fois dans une optique de brisage de glace au calme et par curiosité/épicurisme/etc. Sa réaction n’est pas de me regarder dans les yeux ni de me rendre mon sourire (que nenni!), mais de me baragouiner génériquement je-ne-sais-quoi d’à peine intelligible, un peu comme un pute chinoise blasée indiquerait ses tarifs à un sans papiers subsaharien sur le boulevard de Belleville. Immédiatement, je prends la mesure du fdp. Le mec est mauvais, me dis-je.
Un bref dialogue intérieur s’ensuit…
Voix de la lucidité: “Va-t-en Luc, donne pas dix balles à cette face de FARC anarcho-syphilitique!
Voix de la tentation: “Laisse-moi petite voix de merde… La fête bat son plein! Ce verre, c’est un bon investissement!

Conséquence? J’ai lâché un billet rouge, omettant de répondre à la question fondamentale: “Mais d’où est-il normal de traiter de la même manière un client avenant et empathique ET une grosse baltringue impolie finie à l’urine? Mais d’où, wesh?”. Omission d’autant plus fautive que la boisson innommable en question était absolument dégueulasse.
A posteriori, je suis déçu de constater que mon esprit altéré par l’alcool cède souvent aux sirènes de la tentation quand elles retentissent ; comme si acheter de la tise au prix fort pouvait inverser le cours d’une soirée mal engagée…
Morale de l’histoire: faire confiance à mon radar à fdp + en tirer toutes les conséquences qui en découlent.

Ou p’t’être pas, après tout… Peut-être qu’au final, ce sont les suceurs et les encenseurs qui ont raison, peut-être bien que tout ce que ces gens mainstream disent est véridique, peut-être qu’à La Mano il y a vraiment tout plein de gens trop frais dont l’odeur des pets a un parfum d’encens. Et, pour aller plus loin… peut-être suis-je “trop rigide” de considérer que dans un game sain:
- le client est roi à condition de se comporter comme un prince ;
- aucun prince ne lèche les couilles d’une physio moche comme un poux pour aller cracher à la gueule du “petit personnel” dans la foulée (cf Gaëtan) ;
- et qu’aucun “petit personnel” ne traite comme de la merde un client disposé à interagir de manière décente et équilibrée (cf El Barman).
Sans doute ai-je tout faux sur ces quelques lignes… et, ne suis-je, en définitive, qu’un monstre dont la cruauté virtuelle n’a d’égal que l’aigreur dans la vie réelle. Qui sait?…

Personne?

Moi. Oui… Moi, je sais qu’au-delà de cette esquisse d’autocritique bâtie sur des “peut-être” et des “sans doute” ironiques, deux certitudes ont toujours surnagé à la surface de ce long fleuve sensible qu’est ma vie. La première, que je n’ai jamais désigné la merde par des dénominations alambiquées ; la deuxième, que je ne me suis jamais senti à ma place dans les aquariums trooop stylés où les poissons dans l’eau sont des gros cons. Jamais.

C’est pourquoi, à l’heure de publier cette chronique, j’envisage de lancer une pétition visant à obtenir la fermeture administrative de La Mano.
Ah… et aussi que les magistrats du Conseil d’Etat concluent leur décision par futuat matrem suam. En latin, ça veut dire nique sa mère.

“Dans une oeuvre de perfectionnement individuel, avant même ce qu’on souhaite, il y a ce qu’on rejette.” (H. de Monterlant)

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