“Vers des soins complémentaires fondés sur des preuves”

Free Binder
4 min readJul 4, 2022

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Commentaire introductif d’Allan H. Goroll, MD, à l’article de M. Goyal et al. (2014) concernant la qualité méthodologique de la recherche sur la méditation de pleine conscience.

“Les thérapies qui se situent en dehors du champ de la médecine clinique et de la chirurgie traditionnelles fondées sur les preuves sont souvent étiquetées comme complémentaires ou alternatives. Ces thérapies vont des remèdes à base de plantes et des compléments alimentaires à la méditation et à l’acupuncture, et elles dérivent de traditions orientales et occidentales. Leur utilisation est répandue et souvent promue par des intérêts commerciaux et par les praticiens eux-mêmes […]. Leur popularité découle en partie du fait qu’elles sont disponibles sans ordonnance et de la supposition que l’étiquette « naturelle » les rend sûrs et préférables aux traitements pharmacologiques et chirurgicaux. Malgré leur utilisation généralisée, de nombreuses thérapies complémentaires manquent encore de preuves rigoureuses.

La rareté relative des données scientifiques sur leur efficacité et leur sécurité découle d’un certain nombre de facteurs, allant d’un manque d’incitations financières pour les praticiens et les fournisseurs (pourquoi étudier quelque chose qui est déjà rentable et accepté par les patients ?) à la difficulté de mesurer les résultats. […] Une situation inacceptable pour des traitements qui coûtent annuellement des milliards de dollars de soins de santé aux États-Unis […].

Parmi ces mesures complémentaires, la méditation a occupé une place particulière, vénérée dans les cercles religieux et les sociétés orientales pendant des siècles et redécouverte en Occident au milieu du XXe siècle par des psychologues comme Abraham Maslow qui s’intéressaient à son potentiel d’amélioration de la conscience et de l’expérience humaines. Une application médicale généralisée a suivi environ 10 ans plus tard, popularisée par des livres à succès […]. Les techniques de pleine conscience, qui cherchent à améliorer la conscience de soi […] ont été largement appliquées pour traiter le stress et les conditions liées au stress et deviennent populaires dans leur utilisation au quotidien par un public qui se trouve de plus en plus distrait et perturbé par des interruptions et des facteurs de stress sans fin.

Contrairement à la croyance populaire, les études n’ont dans l’ensemble pas montré beaucoup de bénéfices de la méditation en ce qui concerne le soulagement de la souffrance ou l’amélioration de la santé globale, à l’exception importante que la méditation de pleine conscience a fourni un degré FAIBLE mais PEUT-ÊTRE significatif de soulagement de la détresse psychologique […]. L’utilisation de critères d’inclusion rigoureux comprenant une exigence de contrôle actif [contribue] à limiter la possibilité de confusion due aux effets non spécifiques de l’intervention et aux biais qui affectent de nombreuses études sur les médecines complémentaires. L’attention portée aux études avec des contrôles actifs spécifiques [fournit] une estimation de l’efficacité [en comparaison avec d’autres traitements traditionnels].

[…] Le modeste bénéfice constaté dans [les études de bonne qualité] soulève la question de savoir pourquoi, en l’absence de preuves scientifiques solides, la méditation en particulier et les thérapies complémentaires en général sont devenues si populaires, en particulier parmi les personnes influentes et bien éduquées.

[…] Quel rôle jouent les intérêts commerciaux ? Profitent-ils des inquiétudes du public pour promouvoir l’utilisation de thérapies complémentaires qui manquent de preuves scientifiques ? Avons-nous besoin d’exiger des preuves scientifiques d’efficacité et de sécurité pour ces thérapies ? Quelles que soient les raisons de la situation actuelle, le phénomène provoque une collision d’opinions dans les salles d’examen et les cabinets alors que les médecins et autres professionnels de la santé attachés à une pratique fondée sur des preuves rencontrent des patients qui intègrent avec enthousiasme et sans esprit critique des mesures non validées dans leur vie quotidienne et dans le traitement de leurs maladies.

[…] Les études scientifiques minutieuses et rigoureuses sur ces thérapies complémentaires […] doivent être applaudies et leurs résultats rendus plus largement accessibles au public. Les résultats de ces recherches devraient faire l’objet de débats qui doivent commencer dans chaque salle d’examen et s’étendre aux médias, qui jouent un rôle clé dans les attitudes des patients envers les soins de santé […].”

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Extraits (traduits) tirés de : Allan H. Goroll, Harvard Medical School, dans : « Moving Toward Evidence-Based Complementary Care », commentaire introductif à l’étude de M. Goyal et al., “Meditation Programs for Psychological Stress and Well-being: A Systematic Review and Meta-analysis”, JAMA Intern. Med., 174(3): 357–368, 2014. (Synthèse bientôt disponible sur cette page).

Par Free Binder, 2022. Suivre sur Twitter.

Pour aller plus loin :

https://medium.com/@freebinder/de-la-m%C3%A9thodologie-de-pleine-conscience-d131f31d4be7

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