Y a-t-il mailles qui m’aillent : comment choisir sa cotte de mailles pour la reconstitution médiévale?

HistOuRien
5 min readOct 4, 2016

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La cotte de mailles est, associée au gambison, l’une des premières pièces d’armures que le reconstituteur médiéval vise à acheter. En effet, elle est plutôt répandue dans les différentes périodes qui constituent le Moyen Âge et est, de ce fait, passe-partout. Comme nous l’avons évoqué dans l’article sur le budget pour débuter dans la reconstitution l’armure n’est pas une nécessité pour commencer. Cependant, la cotte de mailles peut avantageusement compléter la protection du gambison tout en donnant du style à son porteur. D’autant qu’elle se porte généralement aussi en-dessous des pièces d’armure. Ça n’est donc pas un investissement inutile. Toutefois, il en existe plusieurs formes et différentes qualités, ce qui implique évidemment une variation de prix. Je vais tenter ci-après de vous donner quelques indications afin de vous permettre de choisir quelle cotte de mailles sera la meilleure pour vous.

Il faut, tout d’abord, souligner qu’il existe aujourd’hui deux types majeurs de mailles pour les cottes vendues sur le marché. D’une part, la maille aboutée et d’autre part, la maille rivetée. Ces deux types vont grandement influer sur le prix et sur la qualité du produit. En effet, la maille aboutée est plus facile à fabriquer. Elle est constituée d’anneaux non-joints qui sont resserrés pour constituer la forme du maillage. Tandis que chaque maille rivetée est jointoyée à l’aide d’un rivet. Le premier type est donc bien moins résistant à la torsion ou à l’écartement que le second. Le prix quant à lui peut varier de 100 à 200 euros pour une cotte de mailles aboutée et de 250 à 300 euros pour une maille rivetée. A noter qu’il existe des cottes hybrides qui allient les deux types de mailles ce qui propose donc une solidité intermédiaire. Certaines mélangent anneaux rivetés et anneaux pleins, ce qui leur confère une résistance égale (peut-être même supérieure) à celles des cottes entièrement rivetées.

Qui plus est, le maillage peut varier dans son assemblage. Les cottes les plus courantes sont montées en “quatre pour un”. En gros, un anneau en relie quatre autres. Par contre, il en existe en “six pour un”, comme présenté ci-contre. Ces dernières sont plus denses que les autres et proposent donc une meilleure protection mais sont moins flexibles et moins répandues sur le marché. En outre, les cottes de mailles assemblées de cette manière sont plus lourdes que les plus “classiques”. Il existe aussi une troisième forme d’assemblage appelée “maille royale” qui ressemble à la méthode “quatre pour un” mais en doublant chaque anneau. Pour en savoir plus ou si vous voulez vous mettre vous-même à la fabrication de votre cotte je vous invite à visiter le site http://www.cottesdemailles.com.

La taille de la maille, le diamètre de l’anneau, la section du fil et sa forme sont aussi des facteurs importants à prendre en compte. Les mailles les plus historiquement correctes sont celles qui sont plates et rivetées. Toutefois, les mailles aboutées rendent plutôt bien, sont moins coûteuses et peuvent constituer un bon compromis. Plus le diamètre de l’anneau est petit et plus le maillage sera fin et résistant. Le diamètre peut varier de 12 à 6 mm avec, en général, une section de 1,6 mm. Ces mailles peuvent être galvanisées ou pas. Evidemment, les non-galvanisées sont celles qui correspondent le mieux à ce qui existait au Moyen Âge. Cependant, l’homme d’arme médiéval disposait d’un ou plusieurs écuyers qui s’occupaient de son matériel, graissant et faisant blinquer les armures. D’autant que cet équipement coûtait plutôt cher. L’armement de l’époque n’avait donc pas un aspect mal entretenu et rouillé comme certains reconstituteurs le croient à tort. Aujourd’hui, nous pouvons nous accorder sur le fait que ce genre d’aide de camp se fait plus rare. Il est donc préférable de choisir une cotte galvanisée si vous n’avez pas le temps ou le courage de l’entretenir vous-même. Celle-ci sera probablement plus scintillante que celles non-traitées mais elle ternira légèrement avec le temps. Par contre, si vous voulez jouer roleplay il n’y a rien de tel que le graissage de sa cotte de maille pour se mettre dans l’ambiance. De plus, la graisse donne au gambison une teinte vraiment “crédible”.

Il reste à définir quel sera l’aspect global de votre cotte de mailles : la longueur du corps et des manches, avec ou sans fentes d’aisance, leur position(cavalière ou latérale), avec ou sans camail intégré. On nomme ces différentes formes haubert pour les cottes longues et haubergeon pour les plus courtes. Comme pour tout le matériel de reconstitution (voir articles “comment bien choisir son épée…” et “Comment définir le budget…”), votre choix doit se plier aux exigences de l’historicité. Il est donc, au préalable, nécessaire d’avoir bien défini la période que vous désirez reconstituer. En effet, la cotte de mailles va s’imposer surtout à partir du XIe siècle et revêtir différentes formes au cours du Moyen Âge et, si vous voulez vous rapprocher de la réalité, il est bon de s’y référer. Schématiquement, plus nous avançons dans le temps et plus la cotte de mailles s’est raccourcie, passant du haubert descendant jusqu’en dessous des genoux, aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, au haubergeon, au XIVe, arrivant au milieu, puis en haut des cuisses.

Et vous, qu’en pensez-vous? Qu’achèteriez-vous comme cotte de mailles? Dans quel contexte de reconstitution? Envoyez-moi des photos de ce que vous possédez déjà ou de ce que vous comptez acheter.

Si, comme moi, vous êtes passionnés d’Histoire militaire médiévale, vous pouvez aussi aller voir cette bibliographie non-exhaustive d’Histoire militaire médiévale.

Vous pouvez aussi acquérir ces ouvrages de référence dans le domaine :

(image d’entête : enluminure tirée de la Bible de Maciejowski, 1244–1254, Pierpont Morgane Library, New York, Ms M. 638, f°29.)

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