Foire Aux Questions

  1. Pouvez-vous vous présenter? Avez-vous des objectifs sociaux ou politiques?

Nous sommes un groupe de Tunisiens indépendants, des professionnels de la santé avec des expériences académiques et professionnelles diverses dans le domaine de la santé publique en Tunisie et à l’étranger. Nous avons tenté d’apporter notre analyse d’experts dans le domaine de la santé publique et de l’épidémiologie pour contribuer à la réponse mise en œuvre par la Tunisie pour faire face à l’actuelle épidémie de COVID19.

2. Quel est le but de l’article?

L’objectif principal était d’analyser les stratégies actuelles mises en place pour atténuer l’impact du COVID-19 et sensibiliser aux scénarios épidémiologiques potentiels. Dans cet article, nous avons spécifiquement évalué l’impact du confinement actuel de 28 jours sur l’évolution de l’épidémie.

3. Allons-nous vraiment voir 15 000 décès et 300 000 cas d’ici août?

Ce scénario reste possible dans le cas où le confinement de 28 jours est totalement levé le 20 avril 2020 et que la vie revient à la normale sans aucune mesure préventive ou réponse élaborée (capacité accrue des soins intensifs ou stratégie de test de masse, par exemple). Cependant, nous sommes convaincus que d’autres décisions visant à réduire ces chiffres seront prises.

En ce qui concerne la fréquence des symptômes et des cas hospitalisés en soins intensifs, le modèle a adopté comme référence les taux de cas en soins intensifs par groupe d’âge, selon les données présentées par Ferguson et al. Ainsi, le taux d’admission en soins intensifs (% des cas en soins intensifs) varie entre 5% pour le groupe d’âge de 0 à 9 ans et 70,9% pour les patients de plus de 80 ans. A noter également que ces taux ont été appliqués en tenant compte de la répartition des catégories d’âge dans l’ensemble de la population tunisienne.

Nous sommes également conscients que certains facteurs que nous n’avons pas pris en considération (car ils pourraient être encore inconnus et / ou difficiles ou impossibles à quantifier) ​​pourraient affecter ces prédictions. Comme mentionné dans l’article, aucun modèle n’est parfait et les chiffres sont prédictifs, et non pas factuels. Et nous sommes ouverts aux critiques et aux contributions supplémentaires pour améliorer le modèle actuel.

4. Dans vos courbes de prédiction, les cas de soins intensifs (patients en soins intensifs) représentent la majorité des cas hospitalisés. Cela n’ignore-t-il pas le profil épidémiologique des patients hospitalisés?

Tout d’abord, il convient de noter que les deux courbes de la figure 3 sont tracées sur une échelle logarithmique (voir la courbe avec une échelle non logarithmique ci-dessous). Deuxièmement, à tout moment, la population totale de l’unité de soins intensifs (cas en soins intensifs) ne doit pas être interprétée comme une proportion de la population hospitalisée, car il s’agit de conditions distinctes dans deux groupes.

5. Pourquoi l’accélération devrait-elle continuer? N’y a-t-il pas déjà une décélération?

“Le confinement réduit les interactions entre susceptibles et infectés. On réduit donc le nombre de personnes pouvant être infectantes car ces dernières vont soit guérir ou mourir. La dynamique de la maladie va être donc ralentie une fois le confinement levé puisqu’il va y avoir moins de personnes infectantes mais aussi moins de personnes susceptibles (en comparaison avec la population de susceptible initiale). Avec le confinement, la dynamique de la maladie est plus lente, et donc on doit donc attendre un peu plus pour arriver au seuil qui nous indique la fin de l’épidémie. Mais le plus important à comprendre avec le confinement, c’est que même si la durée de l’épidémie est plus longue, le nombre de personnes touchées par le virus diminue (et donc aussi les morts).”Ref

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6. La maladie ne guérit pas en 2 à 4 semaines selon la gravité. Comment expliquez-vous que le nombre de cas de maladie continue de s’accumuler comme si les patients ne guérissaient pas?

Vous pouvez voir dans la figure 2 l’évolution de nouveaux cas symptomatiques au fil du temps. Cependant, la figure 3 représente l’évolution du nombre cumulé de cas symptomatiques au fil du temps.

7. Les décideurs tunisiens disposent-ils d’informations fiables pour contrer la propagation du virus?

Le message clé est qu’il est important de suivre les mesures prises par le gouvernement pour éviter la transmission. La distanciation sociale et le confinement sont essentiels pour ralentir l’épidémie et ainsi donner le temps de se préparer aux pires scénarios.

8. Comment évaluez-vous la décision de mettre la Tunisie en lock-out?

Nous observons actuellement l’impact positif de la décision de confinement anticipé. Le nombre de nouveaux cas confirmés et le nombre de décès ont commencé à diminuer lentement. Cela a retardé le pic de l’épidémie et a fait gagner un temps précieux qui peut être investi pour améliorer la capacité du système de santé à prendre en charge un nombre potentiellement plus élevé de patients. Il est clair que la décision de procéder à un confinement n’a pas été facile à prendre, mais nous ne pouvons imaginer un scénario où cette décision n’aurait pas été prise.

9. Quelles autres stratégies auraient été possibles?

En théorie, deux autres options auraient été possibles. Première option: ne pas avoir de confinement et cibler et isoler uniquement les patients infectés (selon le modèle sud-coréen). Deuxième option: ne pas avoir de confinement et ne pas tester les patients suspects de manière ciblée.

10. Le confinement devrait-il continuer?

Un confinement plus long pourrait certainement réduire la propagation de la maladie au point d’arrêter l’infection. Cependant, des interventions stratégiques pour se préparer à l’impact potentiel de levée du confinement devraient être lancées et mises en œuvre correctement. Toutes ces actions nécessitent des sacrifices socio-économiques supplémentaires.

11. Quels sont les obstacles politiques à la mise en œuvre d’une bonne stratégie?

La confiance de la population est le principal défi politique pour la mise en œuvre efficace de la stratégie.

12. Qui prend les décisions politiques?

Le gouvernement s’est vu accorder récemment des pouvoirs spéciaux et il est désormais en mesure de promulguer des décrets-lois à caractère législatif visant à contrôler la propagation du virus et sans en référer au Parlement.

13. Y a-t-il des mesures supplémentaires que le gouvernement devrait prendre maintenant?

Renforcer les capacités du système de santé (en particulier plus de lits de soins intensifs), améliorer la coordination interne entre les parties prenantes impliquées et mieux dialoguer avec le grand public grâce à une communication plus interactive et transparente.

14. Quel est le rôle des citoyens dans cette pandémie?

Il nous incombe en tant que Tunisiens d’assumer nos responsabilités en tant que citoyens pour éviter de propager le virus en se lavant les mains et en utilisant des masques. Tout le monde peut jouer un rôle pour éviter la transmission en gardant une distance physique, en utilisant des masques de protection, en se lavant les mains et en partageant des informations pertinentes sur les réseaux sociaux (et non des fake news). Il est également important de respecter les mesures de confinement actuelles.

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