Mentir sans se faire prendre : la technique ultime

Jonathan Sabbah
3 min readApr 23, 2017

--

Attention du lourd en approche

Il y a deux semaines, je vous racontais comment j’avais transformé une tache de café en un précieux travail de psychologie. Et plus généralement, combien cet épisode m’avait marqué. C’était la première phase d’une longue réflexion. La semaine dernière, j’ai fait le récit des étapes de cette réflexion : études scientifiques puis master en management, innovation et pipeau.

Cette semaine, je vais tenter de poser précisément ce que j’appelle la technique de la Tache de Café.

Trois conditions pour l’utiliser, il faut :

✓ Créer du sens

✓ En piochant dans des données réelles (images, chiffres, faits d’actualité, ou autres)

✓ Mais dans l’intention de tromper.

(je m’excuse pour cette définition quasi mathématique, mais c’est plus fort que moi, il fallait que je le fasse)

Comme c’est mon blog et que je fais ce que je veux, il pourra m’arriver de parler de bullshit ou de pipeau. Tous sont équivalents à la Tâche de Café définie ici.

Tache de Café = Bullshit = Pipeau

On pourrait dire également « Sur-interpréter des évènements réels à son avantage », « Utiliser la complexité d’une situation pour duper son interlocuteur », ou encore « Romancer un ensemble de données, et ce, dans l’intention de tromper ».

Créer du sens

Créer du sens c’est identifier un schéma, une tendance dans des données potentiellement complexes et lui attribuer une signification plausible. Il est possible que l’on ne sache pas si la signification est vraie ou fausse ; mais en réalité on s’en moque. Tout comme, je me moquais de savoir si les formes marron du café renversé sur ma copie témoignaient réellement de tourments métaphysico-théologo-cosmolo-nigologique.

Comme on le verra par la suite, il est facile d’identifier des schémas.

Ne pas changer les données !

Là est la distinction avec le menteur qui connait la réalité et la maltraite. Ou encore avec le baratineur qui ne se préoccupe même pas de connaitre la réalité. Le caféiste (ou bullshiteur) sait parfaitement ce qui est Vrai et va s’en servir. En effet, les évènements, images, chiffres, actualités (en un mot les données) sont irréfutables. En revanche, leurs interprétations (si elles existent !) pas du tout. Le bullshiteur doit résister à la tentation de mentir sur les données.

Du lourd, je vous dis !

C’est d’ailleurs ce qui rend la Tache de Café plus puissante qu’un mensonge classique. Le bullshit passe l’épreuve du fact-checking avec succès. Le fact-checking, c’est la vérification des faits, examen effectué à l’origine par des journalistes. Par exemple, un journaliste consciencieux aurait tout à fait pu vérifier mon papier Canson A4 180g et constater la présence de la tache de café dégoulinante telle que décrite.

Jurer solennellement que ses intentions sont mauvaises

Ici on est clairement méchant. On n’est pas chez Winnie l’Ourson.

Méfait accompli

Le concept de bullshit, littéralement merde de bison, s’associe directement avec une intention mauvaise.

Pour savoir si un discours doit être qualifié de bullshit, il faut donc avoir une idée de l’état d’esprit de son auteur. Le même discours, mais énoncé par quelqu’un de sincère ne doit pas être considéré comme du bullshit.

Autrement dit, le bullshit dépend de celui qui l’émet.

--

--