Métro, Boulot, Impro ! L’improvisation, vecteur de changement en entreprise

Marine Aubert — Le Lagadec
6 min readMar 11, 2020

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Il ne suffit pas d’être un bon designer pour mener à bien un projet.

Ce n’est pas ce que les gens pensent qui importe, mais comment ils pensent. Être capable de comprendre la nature d’un conflit et adapter son comportement en conséquence est une qualité importante pour un UX designer.

En improvisation, nous apprenons à accepter une situation, à écouter, à lire entre les lignes et à construire avec tout cela. En tant que designer, nous devons savoir lire dans l’esprit de nos interlocuteurs. Nous savons que leur expression corporelle peut véhiculer autre chose que ce qu’ils verbalisent. Certains savent s’adapter naturellement, d’autres doivent l’apprendre.

Il y a 3 ans, Morgane, Camille, Matthieu et moi avons animé notre premier atelier d’improvisation lors de l’un de nos deux meetups UX annuels. A l’époque, nous voulions que l’équipe s’exerce à affronter des situations compliquées qui peuvent arriver dans les projets.

Tout a commencé avec des ateliers pour notre propre équipe, puis pour des équipes transverses à la Société Générale. Finalement, nous avons eu l’opportunité cette année de les faire jouer à des designers venant des quatre coins du monde lors d’événements UX à Londres. Voici comment tout est arrivé !

4 UX designers. 4 passions. 1 atelier.

Les bénéfices de l’improvisation dans le cadre professionnel

L’objectif de cet atelier est de faire travailler les participants sur leur capacité d’empathie et leur compréhension d’une situation. Cela peut sembler être une évidence, mais dans la vraie vie, ce n’est pas toujours aussi simple.

Pour chacun des événements auxquels nous avons participé, nous avons créé des ateliers ad hoc autours de sujets bien spécifiques comme :

  • “Comment gérer des situations de conflit”
  • “Comment communiquer sur la méthodologie design”
  • “Comment être un ambassadeur de la digitalisation dans une grande entreprise”
  • “Comment préserver son espace de travail”

Jouer le rôle d’un autre membre de l’équipe projet nous permet de comprendre ses problèmes et ce qu’il ressent. Cela nous apprend à mieux rassurer nos collaborateurs et à les soutenir au mieux.

Jouer des situations que nous n’avons pas encore rencontré nous prépare mieux à les appréhender et à savoir comment réagir lorsqu’elles se présentent.

Vivre sa passion au travail

La genèse

Si vous lisez parfois les articles que notre équipe publie sur Medium, et plus particulièrement l’article de Caroline intitulé « Les 5 choses que nous recherchons chez un UX designer », vous devez déjà savoir que nous sommes tous des gens passionnés. Lorsque nous recrutons quelqu’un, nous lui demandons toujours ce qui le fait vibrer car nous considérons qu’il est important pour chacun d’entre nous de ne pas projeter toutes nos attentes dans notre vie professionnelle et d’être épanoui en dehors de son travail.

J’ai toujours aimé écrire des histoires et des scénarios. J’ai commencé à le faire à l’adolescence. En 2007, cela faisait quelques temps que j’avais arrêté d’écrire et je ressentais le besoin de m’y remettre. Il me fallait trouver des occasions de raconter à nouveau des histoires. C’est alors que je me suis inscrite à la Ligue d’Impro du Barreau de Paris (Libap).

A la même époque, j’ai commencé à proposer de nouvelles choses au sein de mon entreprise, faisant de l’UX design sans le savoir. Était-ce une coïncidence ? Je ne pense pas.

De l’improvisation à l’UX design

Lors de mon premier cours d’improvisation, la prof nous a listé un certain nombre de règles assez simples à suivre tout au long de l’année. Ce n’est que 10 ans plus tard que je réalise à quel point je les ai aussi appliquées à ma vie quotidienne, et plus particulièrement à ma vie professionnelle.

Vous n’êtes pas le centre du monde.
Vous êtes un outil au service d’une belle histoire. Si vous construisez votre histoire tout seul, sans tenir compte des autres, c’est du cabotinage. C’est une faute majeure et vous pouvez être expulsé du jeu à cause de cela.

Tout est dans le détail et l’observation.
Si l’un de vos co-équipiers ouvre une porte imaginaire dans une direction, vous devez vous aussi l’ouvrir dans la même direction. De la même manière, s’il y a une table imaginaire sur scène, vous ne pouvez pas passer au travers et marcher dessus. En étant cohérent et respectueux de ce que les autres injectent dans le jeu, vous pouvez construire de magnifiques histoires (et gagner).

Il n’y a pas de solutions simples.
Vous ne pouvez pas faire de raccourcis en improvisation. Proposer quelque chose de facile et autocentré est considéré comme du non jeu. Ce qui nous amène à la règle suivante.

Collaborez.
Quelque soit la situation, si vous ne respectez pas les autres joueurs, si vous ne les écoutez pas, si vous ne construisez pas une histoire en tenant compte de ce qu’ils vous ont apporté, vous commettez une faute et perdez des points.

L’IDEE

Un jour, Morgane m’a dit qu’elle voulait exercer l’équipe à faire face à des situations compliquées. L’idée a immédiatement germé : nous devions leur faire jouer les situations !

UX Meetup. Octobre 2019 et mars 2019.

Il s’avère que nous avons un autre improvisateur dans l’équipe, Matthieu, qui non seulement enseigne l’impro, mais joue aussi sur des plateaux de stand up. Nous avons brainstormé ensemble et avons défini le type d’expérience que nous voulions faire vivre à l’équipe :

  • Être dans un état d’esprit de jeu et être déconnecté de la vie réelle
  • Être dans un espace bienveillant
  • Comprendre les problèmes des autres
  • Faire l’expérience de l’empathie
  • Partager des expériences
  • Dédramatiser des situations
  • Être en confiance
  • S’amuser

En analysant les tenants et aboutissants de l’exercice, nous avons décidé ensemble que « l’improvisation pure » n’était pas la solution : nous devions coacher nos collaborateurs et leur faire jouer des situations préparées à l’avance. Un mix de jeu de rôle et d’improvisation était LA solution.

Du « juste pour s’amuser » au professionnel

De 2017 à 2018, nous avons principalement testé notre atelier au sein de notre équipe. Bien entendu, le premier n’était pas parfait. Comme dans tout process UX, nous avons commencé par un MVP (Minimum Viable Product). Notre idée principale était d’exercer nos collaborateurs à être préparés à certaines situations et nous étions focalisés sur le contenu des ateliers et leur mise en scène. Les retours de notre équipe ont été positifs, ce qui nous a amené à diriger plus d’ateliers de ce type. Petit à petit nous les avons améliorés en ajoutant plus de supports et d’interactions amusantes.

Future London Academy en août 2019. Séminaire interne Société Générale en octobre 2019. UX Live en novembre 2019.

Finalement, trois ans plus tard, nous avons évolué d’ateliers faits pour le plaisir à des ateliers plus professionnels. L’été dernier, nous avons commencé à les faire jouer lors de grands événements, pour la majorité spécialisés dans l’UX, tels que Future London Academy en août 2019, un séminaire interne à la Société Générale en octobre 2019 et UX Live en novembre 2019.

Merci de nous avoir lus !

Cet article a été initialement publié en anglais.

Si vous voulez en savoir plus sur la manière dont nous avons construit notre atelier et si vous voulez des conseils pour construire votre propre atelier, courez lire le deuxième article de notre série, écrit par Camille !

Et vous ? Vous faites de l’impro avec votre équipe ? Si oui, dites-le nous, nous serions heureux d’en parler avec vous !

Si vous voulez en savoir plus sur nos ateliers d’improvisation, contactez-nous via notre site Design.

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Marine Aubert — Le Lagadec

UX Designer at Societe Generale. #UXDesign enthusiast and #Improv lover. Loves to teach UX Design to developers. Proud mother of two fantastic boys.