Quand le Design Fiction 🔮 rencontre l’Intelligence Émotionnelle ✨

May-Line
8 min readSep 24, 2020

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Comment le Design Fiction et l’Intelligence Émotionnelle peuvent travailler ensemble ?

Article co-Ă©crit par May-Line, Designer & Nathalie, Coach et Facilitatrice en intelligence Ă©motionnelle.

Le design fiction c’est imaginer et maquetter des futurs plausibles, fondés sur des réalités, facilement croyables pour faire réagir.

Le design fiction cherche à nous projeter vers une situation dans laquelle les concepts que l’on imagine aujourd’hui, sont déjà mis en place. Mais puisqu’une image vaut 1000 mots, c’est là que le design intervient. La projection ou l’immersion fonctionnera grâce à la création d’objets tangibles (ici, des artefacts) qui appuieront votre propos.

Pour rappel, « maquetter » est à comprendre au sens large : on cherche à créer l’environnement pour faire l’expérience de ce futur et observer les réactions des participants. En créant l’immersion, le design fiction cherche à provoquer des réactions, qui attisent de nombreuses émotions. Comme si la fiction était là pour stimuler nos émotions, réveiller l’humain pour lui permettre de prendre de meilleures décisions.

C’est une des rares méthodes à se fier à l’intuition personnelle : comme si ce que nous ressentions pouvait devenir une nouvelle valeur de mesure.

C’est sur les réactions obtenues, que le design fiction nous propose de faire des choix. Mais si l’émotion devient notre matière de travail et occupe une place si importante, il est important de se demander : à quel point une émotion est-elle fiable ? Avons-nous bien raison de l’écouter ?

Identifier les émotions, les comprendre, s’en servir pour réfléchir… ça vous fait penser à quelque chose ? L’intelligence émotionnelle !

Pour vous répondre, retour sur la conversation entre Nathalie et May-Line.

Zoom sur l’émotion 👇

L’émotion porte un message, et nous indique lorsqu’un besoin est rempli ou non.

Il faut voir l’émotion comme un indicateur. Elle se manifeste physiquement, de différentes manières en fonction des individus, mais informe toujours sur le fait que nos besoins propres sont comblés ou non. Si on prend l’exemple de la colère, elle nous indique qu’un besoin de reconnaissance n’est pas comblé. Ces indicateurs nous permettent de mieux comprendre une situation, à condition de tous les prendre en compte : il n’y a pas de hiérarchie, il n’y a pas d’émotions positives ou négatives mais des émotions agréables ou désagréables, ayant toutes le même niveau d’intérêt.

Cet état dans lequel nous plonge l’émotion, peut ne pas être fiable. En revanche l’émotion, est fiable bien que conditionnée.

La création de l’émotion et sa relation au reste du corps.

L’émotion reste un sujet technique, qui se construit selon de nombreux critères : l’individu et son vécu, le contexte, les biais, etc. Mais dans une approche telle que le design fiction, pour laquelle l’émotion a un rôle clé, il serait intéressant de prendre le temps d’analyser les réactions en question.

Pourquoi ce participant réagit de cette manière ? Que ressent-il ? Qui est-il ? Et ainsi en tirer des conclusions en pleine conscience. Déterminer la raison d’une émotion permet de s’ajuster vis à vis de soi mais également vis à vis de son environnement. Il est ainsi possible d’accéder avec plus de facilité à l’équilibre et à la cohérence.

D’un autre côté, celui qui réagit doit être conscient de ses propres émotions, pour orienter ses choix de manière objective. C’est là que se fonde l’intelligence émotionnelle.

En résumé, l’intelligence émotionnelle c’est :

  • Identifier ses Ă©motions et celles d’autrui
  • DĂ©terminer les raisons qui donnent naissance aux Ă©motions
  • Transformer une Ă©motion dĂ©sagrĂ©able en Ă©motion agrĂ©able

Bien qu’elle puisse paraître floue et conceptuelle, la sphère émotionnelle peut au contraire s’avérer être d’une grande fiabilité dans bon nombre de situations.

Alors, comment le design fiction peut s’appuyer sur les émotions et à l’inverse, comment le design fiction peut être utilisé pour mieux les comprendre ?

Le point de vue Nathalie đź’¬

“S’intéresser à l’intelligence émotionnelle permet d’avoir accès à une richesse inouïe. Les émotions étant là pour nous renseigner en permanence, lorsque nous les appréhendons vraiment il est plus facile de comprendre les mécanismes qui sont à l’oeuvre.

La perspective d’approfondir le champ de l’intelligence émotionnelle par le design fiction a tout de suite raisonné positivement pour moi.

L’alliance de la sphère émotionnelle et de la visualisation a déjà montré sa pertinence dans différents domaines. En utilisant l’imagerie mentale pour se projeter dans des situations vécues ou possibles et en observant nos émotions et ressentis par exemple.

Mais avec le design fiction, on monte d’un cran. Cette approche permet en effet de créer une immersion (par le réalisme des artefacts notamment) dans un futur possible et ainsi de pouvoir observer les réactions face à ce contexte.

Si l’on regarde le rôle des émotions sous le prisme du design fiction, on peut se rendre compte que les émotions sont au coeur du processus.

En effet, immergé ou face à un futur possible toute personne se verra traverser par des émotions et des ressentis : ces éléments donnent déjà une information de grande qualité.

Les apports et l’innovation en terme d’aide à la prise de décision, implication et adhésion des collaborateurs, affinage d’un projet…sont conséquents. Néanmoins il sera nécessaire d’observer cette ressource d’information en prenant en considération chez chaque individu des éléments tels que :

  • Le rapport au changement
  • Son niveau implication dans la construction de ce futur potentiel
  • Son adaptabilitĂ© vs son besoin de contrĂ´le
  • Et tout autre Ă©lĂ©ment pertinent de contexte et de personnalitĂ©

En facilitant la projection dans une autre réalité, le design fiction et l’intelligence émotionnelle offrent de nouvelle perspectives d’exploration dans le coaching et l’accompagnement de manière générale.

Le point de vue de May-Line đź’¬

“Le potentiel du design fiction ne réside pas seulement dans sa capacité à nous projeter mais aussi dans son impact émotionnel. Car en suscitant la réaction grâce à cette approche nous pourrions responsabiliser, faire prendre conscience et donc, mieux innover.

C’est une manière d’utiliser les émotions comme outil d’analyse, et de prendre des décisions en tenant compte du ressenti des participants.

En pratique, l’expérimentation design fiction, pourrait davantage décortiquer la réaction, à travers différentes phases de suivi :

  • Prendre le pouls du groupe, et de chaque individu pour comprendre l’état d’esprit des participants, comme une Ă©tape de profiling sensible ;
  • Identifier les biais ;
  • Comprendre les valeurs ;
  • Analyser et distinguer LA bonne Ă©motion ;
  • En dĂ©duire ce qui dĂ©range ou ce qu’il faut ajuster pour faire adhĂ©rer au projet.

Et c’est d’ailleurs pourquoi je tenais à en discuter avec Nathalie.

C’est d’autant plus important quand il s’agit de projets d’innovation. Face à une audience réfractaire à un concept ou un scénario, la méthode du design fiction, enrichie de l’intelligence émotionnelle nous permettrait de..

..mieux comprendre l’origine des réactions et de penser des solutions pour aller au delà de cette première impression : accompagner l’acceptation du changement.

Comme le rappelle Édouard Le Maréchal, dans Innover à l’âge du papillon : “il y a de nombreuses raisons de rejet qui ne sont pas directement liées à l’essence du projet”, c’est pourquoi il ne faut pas s’arrêter aux réactions négatives, mais comprendre leurs origines, pour en lever les freins.

Le tout, en application đź’ˇ

Voici un exemple :

Une entreprise de domotique se questionne sur sa stratégie à 2030 : un projet qui s’étale sur une décennie et qui nécessitera des changements profonds — au niveau organisationnel et humain.

Les grands axes conceptuels sont définis : former les collaborateurs à l’éco-conception et transformer les produits obsolètes en nouveaux produits. La mise en oeuvre opérationnelle du projet est encore assez flou, c’est pourquoi l’entreprise à besoin de se confronter à ses collaborateurs. L’adhésion des équipes et leur implication restent essentielles.

Plutôt qu’organiser une réunion pour présenter ces idées, les collaborateurs sont invités à faire l’expérience de leur entreprise en 2030 — à travers des objets, des artefacts tangibles. C’est le design fiction.

Dans une salle, ils feront l’expérience de l’appel SAV d’un client qui a besoin d’être épaulé sur la réparation de son équipement, un entretien d’embauche pour recruter des compétences qui n’existent pas encore. Et sur une table, des extraits d’interviews, de faits divers qui montrent l’évolution des chiffres du groupe et la reconnaissance des clients. Mais aussi, la transformation des métiers techniques historiques…vers un métier de conseil.

Ainsi, les réactions peuvent être recueillies de trois manières différentes :

  • DĂ©briefing en groupe : « qu’en avez vous pensĂ© ? »
  • Auto Ă©valuation : « qu’est ce que je ressens ? »
  • Entretien individuel : « que pensez vous de votre rĂ©action ? »

L’intérêt de se positionner à 3 niveaux est de pouvoir enrichir la palette d’informations en levant les biais, en la confrontant et en évitant de tomber dans l’écueil d’un résultat figé.

L’objectif de la démarche n’est pas de donner une réponse à une commande (« oui, la vision est correcte ») mais bien de permettre aux décideurs d’élargir leurs perspectives et d’avoir en main un large spectre de retours sensibles (« ok, telle équipe n’est pas prête, que pouvons nous faire ? »).

Les résultats de la démarche nous permettront de :

  • Identifier plus facilement les freins Ă  lever et les leviers,
  • Poser des actions qui rĂ©pondent aux besoins, Ă  court-moyen-long terme,
  • CrĂ©er l’adhĂ©sion des collaborateurs par leur implication,
  • Anticiper et/ou ajuster dès maintenant la vision en fonction des retours,
  • Aligner le plan d’action Ă  la rĂ©alitĂ© du contexte.

Une opportunité en entreprise ✨

Organisations, individus, aspirations, tout est en perpétuel changement. Figer les process, les méthodes, maîtriser et planifier, restent sécurisant et nécessaire. Mais ne faudrait-il pas prendre en considération cette évolution constante et en faire une opportunité ? Celle de travailler l’agilité et la réactivité ?

En cela le design fiction combiné à l’intelligence émotionnelle peut apporter perspective, souplesse, vision, tout en renseignant avec fiabilité sur les réalités et les dynamiques au sein des organisations.

Ces idées nécessitent application — car nous sommes convaincues, et nous cherchons notre prochain terrain d’expérimentation. Si cette approche vous intéresse, si cela fait écho à la vôtre, faites nous signe !

👉 Nathalie Boursiac, coach et facilitatrice en Intelligence Émotionnelle

👉 May-Line Grassi, designer et exploratrice en Design Fiction

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May-Line

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