N’y a-t-il plus de respect ?

Rox
RoxForChange
Published in
3 min readFeb 18, 2017

Cet article fait partie d’une série dont voici le premier article :
Uber — l’arroseur arrosé

La liberté d’être désagréable

L’artisan taxi était parfois bourru, parfois trop loquace, trop bruyant, même parfois franchement désagréable. Mais il était libre. Il ne craignait pas pour son job, il gagnait correctement sa vie et si un client l’emmerdait, il ne prenait pas la course ou le déposait sur le bas côté. Bien sûr, il y avait des désagréments. On peut mentionner les taxis baskets, le vomi de fin de soirée etc. Mais bon, il était son propre patron, il connaissait sa ville sur le bout des doigts et s’en enorgueillissait. Comme dans tout métier, il y avait des avantages et des inconvénients. Mais le jour de la retraite venue, il avait sa pension et des histoires à raconter à ses petits enfants. C’était le métier d’une vie.

Aujourd’hui, que ce soit taxis ou VTC, le métier a changé. Plus de libertés. Les taxis souffrent de la concurrence des VTC. Toute la valeur des VTC est aspirée par Uber. Et au final, personne ne va vraiment bien sauf les actionnaires d’Uber.

Le succès d’Uber : un service impeccable

Lorsqu’on réserve un Uber, on touche du doigt un peu de luxe. Il y a quelque chose d’excitant à voir tous ces chauffeurs autour de nous prêts à nous emmener là où nous le désirons. Les voir arriver, bien habillés et avenants a quelque chose d’exaltant. Tous ses gens sont à notre service. Ils répondent à nos commandes. Temporairement, nous sommes un peu leur boss. Et ils veulent nous plaire car nous les notons. Nous nous élevons un peu au-dessus de notre condition quotidienne.

Oui, la qualité de service est importante dans le métier de chauffeur (taxi ou VTC) et oui Uber a permis de ré-hausser un peu le niveau de service. Mais tout ceci se fait à un coût exorbitant tant sur le plan humain qu’économique. C’est une grande partie de la valeur ajoutée du transport urbain qui se retrouve aspirée par quelques investisseurs. Et ce sont les chauffeurs qui paieront les pots cassés.

Le cynisme d’Uber

Au sujet des VTC, j’entends parfois : “ils mordent la main qui les nourrit en faisant grève”. De qui se moque-t-on?

Il y a dans Uber un cynisme sans pareil. Ils vont utiliser une main d’oeuvre de conducteurs bon marché avec pour seul objectif de développer une solution de voitures autonomes. Au final, ils travaillent à la disparition du travail de ceux qui les nourrissent.

Il faut donc se dire une chose. A chaque course, un chauffeur VTC contribue à la disparition de son gagne-pain…

Où a disparu l’économie collaborative ?

Uber est censé être un modèle d’économie collaborative. La seule collaboration que j’y vois, ce sont des dizaines milliers de chauffeurs qui collaborent à l’enrichissement de quelques actionnaires. Le modèle me semble quelque peu dévoyé.

On parle également de la création d’emplois auprès d’une population fragilisée et peu qualifiée. Mais qui ramassera les pots cassés quand tous ces gens seront remplacés par des voitures autonomes ?

Uberisation, une nouvelle forme de proxénétisme?

Quand un proxénète prélève toute la valeur ajoutée de son travail, ne lui laissant que de quoi assumer le quotidien, est-ce que la prostituée devrait être contente? L’ubérisation, c’est la généralisation du proxénétisme. Les plateformes comme Uber pompent la substantifique moelle des travailleurs non qualifiés, avec le seul objectif de les remplacer par des robots, le jour où ils ne seront plus utiles.

Notre démarche a pour ambition de remettre en avant le respect. Le respect des pays : il faut que la valeur créée reste là où elle est créée et ne doit pas s’échapper dans un paradis fiscal aussitôt créée. Le respect de soi : un chauffeur doit pouvoir être fier du travail qu’il accomplit. Le respect de la clientèle : on doit être bien accueilli et en sécurité lorsqu’on fait appel à un chauffeur.

Partagez avec nous vos impressions et commentaires sur cet article. N’hésitez pas à liker et partager.

--

--