Uber — l’arroseur arrosé ?

Rox
RoxForChange
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3 min readFeb 14, 2017

Uber est un formidable succès entrepreneurial. L’entreprise a été fondée en 2009 seulement, et après plusieurs levées de fonds monumentales, c’est une entreprise qui opère dans plus de 500 villes et valorisée plus de 60 milliards de dollars. Arriver à monter une entreprise aussi complexe aussi vite est un coup de maître. En terme d’exécution, il n’y a pas de discussion possible, Uber est une entreprise extraordinaire.

L’entreprise a eu à coeur de mettre à bas l’ordre ancien. Ils ont écrasé les règlementations, ignoré les gouvernements et réussi à s’imposer sur un marché du véhicule avec chauffeur extrêmement difficile. L’ancien monopole semble brisé.

Du coté des entrepreneurs, le modèle fait des émules. Combien de jeunes entrepreneurs veulent désormais monter le prochain Uber? Le Uber à vélo, Uber à moto, Uber pour nettoyer les tombes.

L’entreprise est tellement inspirante que le français est en train de lui laisser une place dans son dictionnaire.

Ubérisation. Un mot étrange que nous aimons résumer ainsi : “Tu te croyais bien au chaud… Je t’ai bien niqu- ! “.

Demain, dans les cours de recré, j’imagine déjà les enfants jouant à s’ubériser les uns les autres, inspirés par leurs modèles générationnels, les entrepreneurs.

Elon Musk, Larry Page, Travis Kalanick. Ces Napoléons des temps modernes.

Oubliés les cartes Panini. Oubliés les Platini, Zizou, Pogba. Oubliées les cartes Pokemon.

Place aux Space X, Google et Uber.

On pourrait passer des heures à épiloguer sur les raisons qui ont fait le succès d’Uber. Qu’importe ! Certains annoncent sa faillite imminente.

Non, Uber ne fera pas faillite.

Uber dispose d’un trésor de guerre de plusieurs milliards de dollards et n’engrenge des pertes que pour financer une incroyable croissance. Uber n’est pas mal géré. Les investisseurs ont accès aux chiffres et veulent tous en être.

Uber ne se contente plus de croître, l’entreprise investit dans la voiture autonome, dans les camions autonomes. Ses réserves de cash actuelles lui permettront de financer au moins une de ses ruptures technologiques. Il finance l’ordre futur.

En réalité, Uber a tellement fasciné et aiguisé les appétits que tout le monde veut son Uber. Chauffeur privé et bien d’autres en France, Lyft aux Etats-Unis, Didi Chuxing en Chine etc. A chaque pays, ses Uber. Pour un investisseur, c’est comme découvrir une gigantesque poule aux oeufs d’or. Pas d’employés, pas de problèmes! Le hack d’une vie. Et pourtant, tout cela n’est qu’un mirage.

Pourquoi? Trêve de suspense, voici notre analyse :

- Uber a atteint une valorisation de + de 60 milliards par la promesse de prélever 1/4 du montant de toutes les courses partout dans le monde.
- Tous ses concurrents ont levé avec l’espoir de réussir la même chose à moindre échelle (souvent celle du pays)
- Si ce pourcentage venait à baisser, sa valorisation baisserait.
- Une baisse de valorisation (down round) n’est pas envisageable pour les investisseurs car ils perdraient de l’argent.
- Une baisse de valorisation mettrait un terme à la croissance du géant car il ne pourrait plus lever de fonds
- Comme ni Uber ni ses concurrents ne peuvent envisager un down round, il n’y a pas de concurrence sur le marché
- Pas de concurrence implique pas de guerre des prix et une entente sur les prix artificielles
- Une entente sur les prix (même tacite et informelle) expose les acteurs du marché à une attaque

On la refait à l’envers :
- si une guerre des prix s’engage, Uber et tous ses concurrents perdent de la valeur. Très peu survivront (max 2 par pays). Uber n’en mourra pas mais il ne pourra plus lever des fonds à des tarifs et des conditions aussi avantageuses. Bref, ce serait la fin de sa croissance exceptionnelle. Au lieu de se retrouver avec des marges dignes du luxe, il n’aurait que de très faibles marges de volume comme la grande distribution.
- Un énorme business, de très faibles marges et beaucoup de concurrence.

Les questions suivantes se posent donc :

- qui va entamer la guerre des prix ? quand ? et pourquoi ?

Que vous partagiez ou non notre analyse, n’hésitez pas à commenter. Nous serons ravis d’en discuter.

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N’y a-t-il plus de respect ?

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