Les outils d’un cadre d’apprentissage serein et épanouissant

(Ce qu’enseigner m’a appris — la suite)

Coline Serra
17 min readDec 31, 2021

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Dans cet autre article (Ce qu’enseigner m’a appris) qui sert d’introduction à celui-ci, je disais que j’avais basé presque toute ma pédagogie de l’année sur cette étude de E.Deci et R.Ryan, qui montre qu’un environnement scolaire est épanouissant à condition de permettre appartenance, autonomie, sentiment de compétence et sens.

Les outils que j’ai développé l’année passée sont donc classés par type en suivant cet ordre (appartenance, autonomie, compétence, sens). Il y a en a 18 en tout, donc en moyenne 4 par grande partie. Je vous invite à scroller pour voir directement ce qui vous intéresse :)

1 Développer le sentiment d’appartenance

Outil #1 : les valeurs de classe

On m’avait prévenue et je n’ai pas été déçue : le sentiment d’injustice est très fort chez les adolescents. La première étape pour créer les conditions d’un “sentiment de justice” et constituer un groupe soudé capable de s’entraider et de coopérer, implique d’établir des règles très claires dès le début. Nul n’étant censé ignorer la loi, chacun sait ainsi à quoi s’en tenir et ne peut donc taxer l’enseignante d’injustice lorsque celle-ci ne fait qu’appliquer les règles, certes relativement arbitrairement fixées, mais communiquées à tous.

Pour ne pas tomber dans l’arbitraire le plus crasse justement, j’ai tenté un exercice de co-écritures des règles. Par soucis aussi, je dois le dire, d’efficacité, je m’en suis tenue le premier jour au rappel des règles du règlement intérieur. En ce qui concerne les règles spécifiques du cours de maths en revanche, j’ai simplement posé 4 valeurs qui devaient incarner l’esprit de la classe. Les élèves ont ensuite écrit les règles qui en découlaient. Les valeurs de la classe étant assez simples : ‘entraide, respect, confiance et bonne humeur’, les règles qui émergent de la bouche des élèves sont assez cohérentes de classes en classes, pas de risque de s’y perdre entre la 5e2 et la 6e4.

Ce cadre de valeurs est important, parce qu’il permet ensuite de s’y référer toute l’année. Des valeurs font plus sens que des règles pré-écrites et imposées de manière autoritaire. Ici le prof maitrise le cadre, mais ce sont les élèves qui en bâtissent le contour, et ces règles sont ainsi d’autant mieux respectées.

C’est aussi une belle manière de faire connaissance avec eux, et de rire un coup.

L’effort selon Elsa, septembre 2020. Mode d’emploi des valeurs de la classe

Outil #2 : la boîte à prénoms

Très vite, j’ai pris l’habitude de faire passer beaucoup d’élèves au tableau. Cela permet de rythmer le cours à moindre frais, mais surtout, cela permet d’obtenir un meilleur niveau de compréhension au sein de la classe. Tout le monde a tendance à mieux retenir lorsque c’est un camarade qui ré-explique avec ses mots (et accessoirement ça évite de répéter 15 fois et de devenir folle :)). ).

Pour les élèves, passer au tableau est l’occasion inespérée de se dégourdir les jambes, de se montrer au tableau, et d’être “cool” comme on en a tous et toutes rêvé à leur âge. J’avais très largement sous-estimé ce dernier moteur, et très rapidement, j’ai eu un énorme soucis : j’avais 25 mains levées pour passer au tableau. Naturellement, le procès en injustice m’est cette fois-ci très rapidement tombé dessus : “Madame, vous choisissez toujours la rangée de gauche” “Madame, vous choisissez toujours les filles”.

Etant par ailleurs engagée dans un écosystème militant s’appelant “La rencontre des justices”, j’étais comment dire… mal à l’aise vis-à-vis de cette accusation. De ce procès en injustice sont ainsi nées les boites à prénoms, outil magique qui a sauvé mon honneur et ma réputation tout le reste de l’année.

La boite à prénoms des 6e2. Mode d’emploi de la boite à prénom.

Outil #3 : la boîte pour les amnésiques chroniques

Ci-dessus ma fameuse boite pour amnésiques chroniques remplie d’équerres, règles et rapporteurs récupérés, et une boite à crayons de couleurs retrouvée au fond d’un placard, à disposition en cas d’oubli de crayon gris.

En tant que prof de maths en pleine période de covid, j’ai eu un soucis majeur en cours de géométrie : avec une moyenne de 25% de têtes en l’air qui oubliaient régulièrement leur équerre, leur règle, leur crayon gris etc…. la gestion des désinfections du matériel prêté entre élèves est très rapidement devenue lourde. Le cours était sans cesse interrompu pour cause de livraison de lingette désinfectante à la troisième rangée du milieu puis au dernier rang à gauche etc. En séance d’exercices, le même mal me frappait et mes demi-groupes me faisaient parfois l’affront d’avoir quatre équerres pour 12 élèves.

Pour ne plus avoir à gérer ce problème, j’ai récupéré un sac plein d’équerres et règles perdues les années précédentes et j’en ai fait une boite à disposition des élèves. De cette façon, plus de stress en contrôle lorsque le matériel était oublié et plus de logistique de lingettes désinfectantes à gérer. Je passais en début d’exercices ou de contrôle dans les rangs avec ma boite. Les élèves se désinfectaient les mains avant et après. En demi-groupe, la boite était posée sur mon bureau et les élèves venait librement récupérer ce dont ils avaient besoin.

Au-delà des aspects pratiques de cet outil, celui-ci m’a réellement permis de nourrir un climat de confiance en classe. Passé la porte du cours de maths, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter d’avoir oublié ses affaires. Et puis, savoir apporter ses affaires, ça n’était pas l’objectif principal du cours. Cette petite entorse au règlement intérieur créait une complicité entre les élèves et moi. S’ils oubliaient leurs affaires, je n’était pas “contre eux”, ensemble, on formait un groupe. Cette dimension est selon moi un élément essentiel de la transmission. Si le courant ne passe pas, rien d’autre ne passe, et certainement pas les maths.

Au passage, notons qu’avec cette boite, mes 6e ont appris deux mots : “amnésique” et “chronique”, et ça leur a fait une belle jambe.

Outil #4 : le time’s up de révisions

Les jeux m’ont été très utiles pour créer un esprit d’équipe et donner envie aux élèves de s’améliorer. J’ai souvent entendu dire que la compétition était mauvaise pour les élèves et pourtant si elle est mise en place dans un cadre bienveillant qui valorise l’erreur comme une occasion d’apprendre, c’est un moyen formidable d’engager tous les élèves.

Avant les gros contrôles, j’ai donc souvent fait des time’s up pour permettre à tout le monde de se remettre en tête les éléments essentiels du cours.

Time’s up de révision avec les 6e, octobre 2020. Mode d’emploi time’s up de révisions

NB : pour le faire sereinement, il faut savoir ramener le silence rapidement :) Pour cela, la technique du bras levé ou de la maison (les bras en “maison” au dessus de la tête) sont miraculeuses. Le prof lève la main, ou met les bras en maison, et tous les élèves qui le remarquent font de même en se taisant. Dès que qu’un élève voit un camarade le faire, il fait de même, et en moins de 2mn vous avez retrouvé le silence.

Outil #5 : les championnats de maths

Dans la même veine que le time’s up, les “championnats de maths” permettent d’exercer les élèves et de réviser les notions en groupe. Cela demande un peu plus de préparation mais c’est généralement un très bon moment. J’ai utilisé ce format (dont voici un exemple) pour réviser plusieurs chapitres avec à chaque fois la structure suivante : une partie questions flash vrai/faux (outil #13), et une partie “challenge” où deux élèves viennent au tableau pour s’affronter sur le même exercice, avec les encouragements de leur équipe derrière eux et elles.
Là aussi, le groupe A affronte le groupe B, avec à la clé, un prix plus ou moins alléchant à gagner (ex : avoir le droit de proposer un film à regarder avant les vacances, ou de donner des idées de sortie, ou autre haut privilège de ce type). Précision d’importance : ces championnats ne sont des moments réjouissants et utiles que si les exercices sont réellement des exercices de révisions, c’est à dire des exercices déjà fait, et/ou similaires aux exercices qui tomberont en contrôle.

J’ai eu l’un des plus grands fou rire de l’année en regardant deux élèves s’activer dans tous les sens au tableau pour tracer une médiatrice au tableau plus vite que le voisin d’à côté, pendant que leurs équipes respectives haletaient avec des conseils contradictoires depuis leurs chaises.

Souvenir de championnat avec les 5e, juin 2021 (avec une magnifique faute d’orthographe…)

NB : si vous sentez que vous n’accrocherez pas votre classe avec des jeux collectifs de ce type, je vous suggère de trouver un autre jeu, même décorrélé de la matière dans un premier temps. L’essentiel étant de créer un lien, sans quoi aucun apprentissage n’est possible. J’avais une classe difficile, avec qui je n’ai fait aucun jeu pendant l’année par manque de confiance dans leurs capacités à respecter les consignes. Le tout dernier jour, j’ai accepté de faire un blindtest avec eux. Ce n’est que ce jour-là que je me suis rendue compte de mon erreur : j’aurais du faire un jeu de ce type bien avant, afin de créer un lien de qualité et de pouvoir leur transmettre mieux les choses par la suite. Il ne s’agit évidemment pas de devenir leur ami.e, mais simplement de créer une complicité, sans laquelle il n’y a pas de respect des règles collectives possibles. Les élèves n’apprennent pas de personnes qu’ils n’apprécient pas, comme le dit si bien Rita Pierson dans ce Ted talk.

Outil #6 : les travaux d’intérêt généraux

Mes heures de colles avaient commencé par être très strictes. J’avais récupéré des templates de punitions d’un autre collègue et mes élèves les craignaient. Pour autant, je n’avais pas l’impression que cela produisait un quelconque effet sur le comportement des élèves.

J’ai donc changé de stratégie : mes heures de colles sont devenues des heures de travaux d’intérêt général en classe. Il s’agissait désormais de ranger les feuilles d’exercices, de trier les crayons et de nettoyer le matériel de géométrie (celui de la fameuse boite pour amnésiques chroniques), d’accrocher les exposés des élèves etc.

Faire ça m’a permise de gagner du temps en faisant faire aux élèves ce que je n’avais pas le temps de faire tout en me donnant l’occasion de recréer un lien de qualité avec eux. Les élèves qui sont turbulents sont la plupart du temps en réalité en recherche d’attention, c’est un enseignement du livre que je conseillais dans l’article précédent(Discipline Positive, Jane Nelsen). Faire ces travaux “d’intérêt général” en classe leur permettait de refaire le plein d’attention dont ils avaient besoin (souvent je n’avais que deux ou trois élèves en colle en même temps) pendant que je corrigeais des copies ou préparais des réunions. Et surtout : ça me permettait de récupérer une ambiance de classe sereine.

2 Créer du sens

Outil #7 : le ciné-maths

Après “Madame, j’ai cassé mon masque”, la deuxième phrase que j’ai le plus entendu cette année est très certainement “à quoi ça sert les maths ?”.

J’ai tenté beaucoup de réponses à cette question, comme leur dire que leurs applis préférées marchaient avec des algorithmes qui utilisaient du calcul littéral, raconter que la géométrie servait à construire des maisons, ou que le raisonnement mathématique était ce qui permettait aux avocats de défendre des causes justes.

Rien n’a mieux marché que des films qui montraient concrètement de quoi je parlais.

J’en ai passé trois cette année, et je les conseille fortement :

Les deux premiers racontent l’histoire d’un physicien et d’un mathématicien qui ont changé le monde grâce aux maths. Le troisième est un feel good movie sur le rôle que peuvent jouer l’écriture, l’école et une solidarité de classe.

Outil #8 : les travaux pratiques

Une activité sur les probabilités en 5e

Une autre manière de redonner du sens aux maths, c’est de les faire pratiquer. C’est une matière abstraite, certes, mais elle trouve de multiples applications dans la vie réelle. Les faire découvrir aux élèves leur permet de faire vivre la matière et d’en faire quelque chose de vivant.

Quelques idées d’activité

3 Donner de l’autonomie

Outil #9 : les feuilles d’exercices en autonomie

Mes heures de demi-groupes étaient dédiées à la réalisation de feuilles d’exercices en autonomie. Il y avait en général deux à trois feuilles d’exercices à faire, classées par niveau de difficulté.

Tout le monde partait avec la feuille numéro 1, et je donnais l’autorisation d’aller récupérer la deuxième fiche qu’une fois que tout était juste sur la première.

La plupart du temps, je passais de table en table pour les aider et vérifier que tout le monde travaillait. Quelques fois, quand le niveau de mes fiches était trop simple ou que les exercices étaient rapides à faire, je restais à mon bureau et les élèves venaient à moi pour se faire corriger et prendre la feuille d’après.

Ici un lien vers mon site préféré de fiches d’exercices que je vous recommande chaudement.

Outil #10 : les cartes de rôles

Au déconfinement, j’ai été chargée par la direction du collège d’emmener l’une de mes classes de 6e au Louvre après plus d’un an sans sortie scolaire.

Les cartes réalisées par les 6e4 — Mode d’emploi des cartes de rôles

Ca a été l’un des moment les plus joyeux mais aussi les plus angoissants de l’année. Les élèves étaient sur-excités à l’idée de faire une sortie, et moi j’étais terrorisée d’en perdre un dans le métro, d’en voir un se faire renverser par un scooter ou d’entendre le haut parleur du musée dire “Nous demandons à la 6e4 de faire moins de bruit et de s’écarter de la Vénus de Milo”.

Pour juguler mon stress, j’ai utilisé un outil courant dans le milieu de l’éducation populaire : les cartes de rôles. Et j’ai misé avec beaucoup d’optimisme sur un concept qui abreuve les milieux activistes que je fréquente : “ la co-responsabilité” (avec des pré-ados de 10–11 ans, haha !).

Pour le reste, la meilleure manière de gérer le stress est d’accepter que tout ne sera pas parfait et valoriser la fantaisie des élèves, comme la carte “police du style” créée par Omar ❤

Si je dois en juger par le nombre d’enfant perdu (0), de bléssés graves (0) et de statue cassée (0), le pari de la co-responsabilité a été plutôt réussi.

Outil #11 : les fiches de révisions co-construites

Lorsqu’on débute, le premier problème réside dans le fait qu’on n’estime mal le niveau des élèves. Mes premiers contrôles étaient -je m’en rends compte maintenant- très durs. Mes classes ne se sont pas privées de me le dire, et certains élèves m’ont même accusée de les avoir pris en traître.

Au-delà de ma propre responsabilité, il faut aussi dire qu’à cet âge, beaucoup d’élèves ne savent pas réviser un contrôle (et c’est normal). On a donc appris à le faire ensemble, avec des fiches de révisions que l’on a construite en classe.

Mode d’emploi

4. Développer le sentiment de compétence

On aime plus facilement faire les choses pour lesquels on se sent doué, à l’aise, talentueux. Et inversement on devient plus talentueux dans les domaines que l’on aime. Pour cette raison, il est essentiel de développer le sentiment de compétence des élèves. S’ils se sentent nuls toute l’année (en maths, c’est fort malheureusement parfois un sentiment nourri toute la scolarité), les élèves ne risquent pas de progresser en classe ou d’avoir envie de fournir un effort à la maison.

Outil #12 : les assistants de classe

Avec des niveaux très hétérogènes en classe, j’ai parfois été prise de cours sur l’organisation de mes séances d’exercices. Certains élèves avaient parfois terminé 20 minutes avant la fin de l’heure quand d’autres commençaient à peine la première feuille.

Prise au dépourvu, j’ai pris l’habitude de décerner le titre d’assistants de classe à ces bons élèves qui terminaient toutes les fiches en avance. Ils avaient alors le droit (le privilège ultime) de se lever pour passer de table en table comme moi pour aller aider leurs camarades. Ce titre temporaire d’assistant avait pour effet de générer un grand sentiment de fierté chez ces élèves, et de donner envie aux autres de faire de leur mieux pour à leur tour se voir octroyer le privilège d’être assistant.

Outil #13 : les questions flash

Si vous aimez les rituels, vous adorerez les questions flash. Ce sont des questions simples, sous forme de Vrai-Faux, qui concernent le chapitre en cours, posées à chaque début de cours pour permettre à toute la classe de se remémorer les notions vues au dernier cours, à la façon du générique récap d’une série TV. C’était particulièrement utile pour revoir le vocabulaire de maths, et je le conseille donc aussi aux profs de langues !

Dans ma formule, on lève la main quand c’est vrai, on touche ses chaussures quand c’est faux de façon à engager le corps entier des élèves et de les sortir un peu du mental. L’école endort selon moi quantité d’élèves en leur imposant d’être très passif en classe. Cet exercice profite réellement à tous les élèves, aux bons qui veulent faire 10/10 comme aux plus agités qui sont ravis de pouvoir gesticuler un peu en toute légalité. (NB : pour une efficacité maximale au service de l’apprentissage, ces exercices ne sont pas notés, et les erreurs sont valorisées pour permettre de ré-expliquer des choses).

Mes conseils pour faire fonctionner ces questions flash en oeuvre ici.

Outil #14 : les “réussites”

Quand je suis arrivée au collège, j’ai demandé à mes collègues de me montrer un exemple de carnet. Je me rappelle qu’un collègue de maths m’a montré les différentes pages en passant rapidement sur un groupe de pages en me disant, sarcastique “ ici tu as les réussites, bon c’est toujours vide”. J’ai directement pensé qu’il était terriblement triste que ces pages soient toujours vides, donc je les ai investies.

J’ai mis des réussites lorsque le comportement s’améliorait, lorsqu’il y avait des progrès notables, où lorsque les élèves passaient le balai dans la classe.

Avec le recul, j’ai peut-être sous-investi ce champs. Si je ne suis pas fan de la quête absolue de la reconnaissance chez les élèves, qui induit un besoin de validation externe qui nuit selon moi à l’estime de soi et à la capacité à travailler en groupe, je crois qu’il est bon de valoriser les bons exemples pour motiver les élèves, sans tomber toutefois dans le stakhanovisme.

Outil #15 : les flash cards

Flash cards et photobomb mignon

Un de mes meilleurs souvenirs de classe. Lors des séances avant des contrôles de cours, ou avant les vacances, j’ai pris parfois le temps d’une séance pour faire ce que j’ai appelé des “flash cards”. Des cartes faites par les élèves avec d’un côté une question, de l’autre la réponse.

L’idée étant qu’à la maison, les parents ou frères et soeurs puissent les interroger facilement sur des questions de cours. Ouvrir un cahier et savoir quoi faire réciter demande une charge mentale importante aux parents qui travaillent et/ou aux frères et soeurs qui sont à peine plus âgés. Faciliter le soutien familial à l’apprentissage est selon moi un levier de réduction des inégalités scolaires sous-investi par l’école. Cet exemple n’est qu’une micro-solution, mais c’est selon moi un outil puissant s’il s’inscrit dans une véritable relation partenariale entre parents et professeurs.

Autre avantage de cet outil, ces moments de respiration étaient appréciés des élèves. Par ricochet, la classe de maths est ainsi devenue moins impressionnante. Pour cette raison, et quoique soient devenues les flash cards, je retiens que ces moments de “repos” sont essentiels.

Outil #16 : les exposés de fin d’année

Comme beaucoup de jeunes profs, j’ai eu peur de ne pas finir le programme. Cette peur était renforcée en année covid où les classes pouvaient fermer du jour au lendemain. Donc… j’ai fait le programme un peu (beaucoup) trop vite. En mai, j’avais fini le programme officiel avec mes deux classes de 6e.

On a donc pris notre mal en patience en attendant les vacances en organisant des séances de préparation d’exposés (mes fiches de préparation d’exposés si ça vous intéresse). Pour chaque chapitre, un groupe de trois élèves était chargé de préparer un exposé.

Mes conseils pratiques pour organiser ces exposés de fin d’année.

Outil #17 : la course d’orienta-maths

Le meilleur pour la fin !! Je disais plus haut que je promettais des prix plus ou moins alléchant pour l’équipe gagnante des championnats de maths. Le prix étant en général peu engageant pour moi : par exemple leur permettre de proposer des films à regarder, de proposer des sorties, ou des musiques à écouter à la fin de l’année. Pour ce qui était des sorties,-covid oblige- je ne risquais pas grand chose. Ma lâcheté m’a cependant value d’être prise à mon propre piège : sitôt le déconfinement de mai annoncé, mes deux classes de 6e se sont rappelées à mon bon souvenir en demandant des nouvelles de la sortie que je leur avais vaguement promise 4 mois plus tôt.

Ils m’avaient demandée de faire un gouter dans un parc. Soit. Nous avons donc fait un goûter dans un parc, mais évidemment on y a mis des maths ;-).

Le gouter s’est transformé en “course d’orienta-maths” le dernier jour de cours grâce à l’aide de deux fantastiques collègues d’EPS (que je remercie infiniment de leur soutien logistique et moral). Le principe était simple : aller chercher une balise ouvrait le droit à répondre à une question de maths. Chaque balise et chaque question de maths valait des points, et à la fin il y avait un prix réputé “incroyable et fabuleux”.

L”incroyable et fabuleux” prix à gagner : une équerre-rapporteur,. Mode d’emploi course d’orientation maths

Outil #18 : le rituel de fin d’année

Les pratiques des milieux militants que je fréquente et mon expérience de l’éducation populaire au sein de l’association Voxe.org ont énormément nourri ma pratique enseignante. (La réciproque est aussi vraie).

Si vous battez ce niveau de mignonnerie, je vous offre une équerre-rapporteur

Un exemple mentionné plus haut de ce phénomène est celui des cartes de rôles. Un autre exemple est celui du rituel mis en place à la fin de l’année, c’est une variante de ce qu’on appelle “les douches chaudes” en intelligence collective ou des rituels de “gratitude”. Il s’agit d’un tour de parole où l’on donne un compliment ou un remerciement à chaque personne du cercle.

Je me suis inspirée de ces pratiques pour faire un atelier de fin d’année qui soit un petit shoot d’estime d’eux-même à garder pour la rentrée. Ici mes conseils pratiques pour le reproduire.

NB : si vous sentez que le climat de confiance est bien installé dans la classe, vous pouvez tenter de le faire plus tôt dans l’année. En revanche, je déconseillerai de le faire sans être sûr.e que le groupe est assez “mûr” pour ça, car c’est risquer de devoir gérer du harcèlement scolaire et d’en faire une expérience douloureuse pour certains élèves.

Dans mon cas, je l’ai fait avec mes quatre classes de 6e et de 5e et je n’ai eu aucun mots méchants. C’était le meilleur cadeau de l’année ❤.

Remerciements : Immense merci à tous les enseignants et enseignantes qui m’ont inspirée et accompagnée toute cette année : Ariane d’Origny, Antoine Vinay, Agathe Secall, Zoubir Sahed, Valérie Hoisé, Pierre-François Rilh, Marie Perrin, Emilie Strzelewicz.

Et une immense reconnaissance également à l’association Le Choix de l’Ecole pour sa formation et ses ressources d’excellent niveau qui devraient selon moi profiter à tous les contractuels et enseignants tant elle prépare bien à se retrouver devant 26 élèves.

N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions ou à me faire part des expériences que vous en faites, en maths comme dans d’autres matières, à l’Ecole comme dans d’autres milieux de vie. Je serai ravie d’échanger. Pour me contacter : twitter ou instagram sont des réseaux qui je consulte souvent.

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Coline Serra

Raconte la vraie vie des profs (et des activistes). Parle de politique, de féminisme et de pédagogie.