Responsables politiques, et si vous tweetiez comme Frank Underwood ?

Valentine Serino
5 min readFeb 16, 2016

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Les médias sociaux font partie intégrante de tout dispositif de communication globale, notamment pour les lancements de produit — jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Les séries télévisées ne font pas exception, à l’instar de House of Cards, qui est jusque là l’un des programmes qui a le plus utilisé ce type de relai.

Sur Twitter, un compte officiel @HouseofCards sert de référence pour annoncer les dates de diffusion, reprendre des citations des personnages, ou diffuser les bandes annonces qui vont teaser chaque nouvelle saison. Bis repetita : jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Mais on dénombre aussi un certain nombre de comptes officieux vivant en partie grâce au contenu régulièrement proposé par Netflix, qui parvient de manière brillante à mobiliser les fans de sa série politique.

Nous allons nous attacher à un compte particulièrement actif en la matière, un certain @Frank_Underwood, qui a près de 205 540 followers au 16 février. Ce compte du Président Underwood a réussi à s’imposer parmi les nombreux fakes, il vise un public international et s’exprime évidemment en anglais, langue du personnage fictif. Et aussi surprenant que cela puisse paraitre, il est un modèle des bonnes pratiques sur Twitter pour tout responsable politique.

Plusieurs leçons sont à tirer des usages d’un tel compte, qui emploie tous les moyens à sa disposition pour recruter de nouveaux abonnés, les fidéliser, et parvenir de façon assez intelligente à rester fidèle à l’image et aux idées du protagoniste. Que demander de mieux ?

Du bon usage du teasing

Netflix a lancé sa campagne de communication autour de la saison 4 de House of Cards au cours d’un débat entre les candidats républicains à la présidentielle américaine de 2016, en décembre dernier. Cette annonce, et cela devient de plus en plus fréquent, s’est faite en premier sur les réseaux sociaux ; notamment sur Twitter, via le compte officiel de la série tv :

Immédiatement, l’attention se porte sur les personnes concernées par l’annonce ; il convient donc de la diffuser au plus vite via les canaux officiels du “responsable politique”, comme ici. A chaque fois que vous serez au centre de l’attention pour une bonne ou mauvaise raison, vos réseaux sociaux seront scrutés (médias, concurrents, et j’en passe). Il faudra réussir à concilier deux impératifs : l’urgence et l’exactitude. Grosso modo : aller vite, et bien.

Comptez sur vos soutiens

Sur Twitter, vous n’êtes pas seul et il faudra faire confiance à vos soutiens pour faire vivre votre cause. Dans notre cas d’école, un hashtag est donné en début de campagne afin de retrouver plus facilement les tweets qui y font référence (90% proviendront de vos militants) :

Les Twitter cards ont pour but d’inciter à l’action, ici pour que les “militants-spectateurs” tweetent leur soutien sur leur compte personnel :

Il est par ailleurs de bon ton de retweeter les messages de soutien d’autres élus, surtout s’ils permettent de mettre en avant des actions de campagne, comme ici avec ce tweet de Jackie Sharp (sénatrice démocrate de la série) qui indique avoir réalisé une levée de fonds pour la campagne de Frank Underwood, photos à l’appui :

Et bien évidemment, des comptes annexes regroupant les communautés militantes sont toujours bons à prendre. Cela manque un peu à cette campagne de Frank Underwood…

Des visuels vous utiliserez

Les tweets comprenant des photos sont beaucoup plus retweetés, plus likés. Le fait d’insérer des images occupera 24 caractères sur les 140 maximum, mais cela en vaut largement la peine. L’une des figures imposées reste la photographie de réunions publiques, mais vous avez un large choix concernant l’iconographie : visites auprès de Français moyens, conseils nationaux, soirées endiablées ponctuées de beer pong avec les militants…

Par ailleurs, vous pourrez renforcer votre message avec des infographies ou des citations qui vont elles aussi capter plus facilement l’attention des abonnés. Ici, Netflix a joué à fond cette carte en étant particulièrement prolifique, permettant une reprise plus facile pour les internautes.

Un réflexe à avoir : réagir à l’actualité

Réagir pour rappeler votre présence, c’est le jeu. L’actualité politique s’y prête évidemment : n’hésitez pas à délivrer votre message en n’oubliant pas les hashtags appropriés par rapport à l’événement auquel il est fait référence. Vous aurez beau écrire votre meilleure prose, si les mots-clés sont absents votre tweet risque tout bonnement de faire “pschitt”.

Il est aussi possible d’avoir un mot au sujet d’une actualité culturelle, sportive, scientifique… montrez que vous êtes humain, simplement. Et que vous ne vivez pas uniquement pour la politique… Avis de simple citoyenne.

Apprendre à gérer les interactions

Sans doute le point le plus touchy, notamment pour les plus sanguins d’entre vous. La multiplication des interactions est inhérente à ce type de média et par nature, il impose plus d’horizontalité dans les rapports “humains” (1 individu = 1 compte, peu importe la position sociale des uns et des autres dans le monde réel).

Il est sans doute plus facile pour des entreprises de répondre aux interpellations, car derrière leurs comptes se « cachent » évidemment des community managers. Mais pour le responsable politique, c’est plus compliqué. Il s’agit d’une parole publique, mais qui reste personnelle. Dès lors, il devient plus difficile de gérer les interactions, notamment sur Twitter.

Avant d’aller plus loin, une dernière chose à savoir sur “l’internet” :

Non, les hommes et femmes politiques n’ont pas vraiment la cote auprès des Français, et le peuple de Twitter vous le rappellera assez souvent. Le mieux sera d’ignorer les insultes diverses et (très) variées. Mais si comme Frank Underwood, vous voulez rire un peu et amuser votre auditoire, apprenez à retourner la situation à votre avantage :

Vous pouvez évidemment créer l’interaction, vous n’êtes pas là uniquement pour vous défendre. Pour une meilleure audience, il est utile de créer la conversation avec d’autres responsables politiques, ce qui facilitera les reprises par les médias :

Nombreux sont les hommes et femmes politiques qui se prennent les pieds dans le tapis déployé par Twitter. Désormais, vous avez toutes les cartes en main pour éviter les erreurs de débutant et utiliser pleinement le potentiel politique de Twitter…

Si vous avez aimé, n’hésitez pas à me suivre sur Twitter @ValentineSerino

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