CTO to CPO (Chief Pastry Officer)…Partie 1
“Surtout n’abandonne jamais la voie de la connaissance sur le chemin de l’action.” c’est ce conseil que donnait le druide Guttuart à Vercingetorix, dans le film éponyme sorti en 2001. En décidant de changer de voie en 2020, j’ai un peu respecté ce motto. Repartir de zéro et donc réapprendre un métier. Au passage, si vous n’avez pas vu ce film, n’hésitez surtout pas à ne pas le voir.
En discutant avec ma famille et mes amis, plusieurs m’ont dit que je devrais retracer quelque part le parcours qui m’a amené à passer d’un job de CTO salarié d’une startup à gérant d’une pâtisserie, que ça pourrait servir à d’autres qui voudraient se lancer. C’est ce que j’essaie de faire humblement ici. Et si ça peut juste aider, décider une personne à se lancer, alors je suis content ! ;)
Flashback
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionné par la technologie. A 6 ans, j’ai eu mon premier ordinateur, un Amstrad 6128 plus. Je recopiais dessus pendant des heures des programmes Basic écrits dans le manuel utilisateur fournit avec ce bijou de technologie.
Ma carrière je l’ai commencé dans la tech, naturellement. En 18 ans je suis passé par tous les postes nécessaires à la fabrication d’un logiciel: développeur, designer, UX, chef de projet puis finalement CTO chez Cook Angels, une jolie startup de la Food Tech.
En 2019, ma petite famille quitte Paris pour débarquer à Bordeaux. Je rejoins une autre startup, Somm’It. Au bout d’un an, je ressens le besoin de faire quelque chose de nouveau. Peut-être la crise de la quarantaine.
Génèse
Un des rituels que j’avais chez Cook Angels était de commander régulièrement des choux pour le goûter dans une pâtisserie de mon quartier. Mais ayant des scrupules à en commander juste pour moi, j’en prenais un plateau entier et je les partageais avec mes collègues. Une fois à Bordeaux, j’ai voulu reproduire ces goûters d’équipe mais impossible de retrouver le même genre de pâtisserie, et encore moins possible de les commander sur Deliveroo ou Uber Eats. Bien sûr, il y avait les incontournables de Bordeaux, les canelés et les dunes blanches, mais ça n’était pas tout à fait pareil.
3 décembre 2020. Début du projet. Une fois libéré de mon contrat, je me suis demandé si j’étais capable de me lancer dans ce projet. Ma femme m’a dit : “ok tu veux faire des choux ? hé bien tous les jours tu vas en faire ici, pendant un mois. Si ça te plaît toujours, on passera à l’étape suivante.” 30 jours et 1000 choux plus tard, j’étais certain de vouloir continuer le projet et mes enfants étaient dégoutés des choux pour un petit moment.
En parallèle j’ai pris contact avec des pâtissiers, des boulangers, des traiteurs de la région bordelaise pour qu’ils me parlent de leur histoire, de leur savoir-faire, de la région et de leurs clients. Une sorte d’étude marketing de terrain en accéléré. Et j’ai eu en face de moi des gens passionnés, ultra bienveillants et hyper honnêtes sur la réalité du commerce de bouche. Ça m’a encore confirmé dans ma volonté de me lancer dans ce projet.
Toujours en décembre, j’évoque mon idée avec mes amis proches regroupés au sein d’une association dont je suis membre. L’un d’entre eux, Rodolphe, est pâtissier à Nantes et se propose d’échanger. Et au fil de la discussion, je découvre qu’il pourrait être intéressé par la création d‘une pâtisserie. Réflexe d’ancien consultant: je lui prépare un Powerpoint pour lui pitcher le projet ! Et nous voilà deux dans l’aventure.
En fait je devrais plutôt dire trois puisque, depuis le début, ma femme m’a toujours soutenu, challengé, motivé. Nathalie, sans toi, tout ça n’existerait pas. Donc merci ❤️.
Ouvrir une pâtisserie. Mode d’emploi.
En me documentant un peu sur internet j’ai rapidement vu que la première chose qu’il fallait pour ouvrir une pâtisserie c’est… un diplôme, un CAP Pâtisserie au minimum. Rodolphe étant de la partie, le diplôme n’est pas un souci.
On a donc pu nous consacrer aux grandes étapes du projet: concevoir notre carte, créer une société, définir une identité graphique, trouver un local, estimer le montant des travaux, lister le matériel et bâtir une stratégie de communication pour ne pas voir 0 client le jour 1.
La conception de la carte s’est faite en 2 étapes. Tout d’abord, j’ai proposé ma vision d’une carte 100% basée sur des choux garnis à des parfums différents. Puis Rodolphe a apporté son retour d’expérience de professionnel de la pâtisserie et a voulu élargir la gamme afin de proposer plus de variétés. Avec le recul c’était une bonne idée.
Et dans un second temps, nous avons réalisé les recettes des gâteaux sélectionnés, pour pouvoir les tester et les ajuster. Obligés de goûter des dizaines de gâteaux. Pas le choix ! 😬 Evidemment nous avons mis à contribution ma femme, mes enfants, mes voisins afin d’avoir leurs avis.
C’est la fin de la partie 1. Merci d’avoir lu jusqu’ici.
La partie 2 est disponible ici.
