La survie et la performance de l’entreprise — #3 Extrait du mémoire de fin d’étude de YMJ

Yann-marie Johnson
6 min readMar 13, 2022

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PETITE QUESTION POUR DÉMARRER…
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Avez-vous lu les premiers extraits? Rendez-vous ici pour lire le premier et le second. C’est important de le faire pour une bonne compréhension de ce troisième extrait.

BON, MAINTENANT CONTINUONS!

Une fois l’activité créée, l’enjeu est de la maintenir en vie. En effet, statistiquement, l’échec des entreprises est interprété à travers leur mortalité et donc le taux de survie des entreprises nouvellement créées. A priori on considère donc la survie de l’entreprise comme un critère de réussite. En ce qui concerne le Togo, un rapport du Centre de Formalité des Entreprises (CFE) du Togo informe qu’en 2018, 70% des entreprises créées entre 2010 et 2015 sont encore en activité, en revanche 17,5% d’entre elles ne travaillent pas de façon permanente et régulière.

Dans les faits, on ne peut pas toujours considérer la dissolution comme un échec pour l’entrepreneur. En effet, dans certains cas la dissolution de l’entreprise représente au contraire une réussite pour l’entrepreneur. La disparition d’une entreprise peut survenir de trois manières (Thollon-Pommerol, 1977) :

  1. la fusion avec une autre entreprise,
  2. la cessation volontaire d’activité
  3. ou la liquidation judiciaire.

Il convient de s’intéresser aux spécificités de chaque type de disparition, pour déterminer si la fin de l’entreprise est véritablement un échec pour l’entrepreneur. On peut commencer par analyser le cas de la fusion. Elle s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de croissance externe. L’entreprise souhaite renforcer ou augmenter ses ressources et va donc fusionner avec une ou plusieurs autres entreprises. Parfois cela conduit à la formation d’une nouvelle structure, autrement c’est une des entreprises qui va absorber les autres, dans ce cas on parle de fusion-absorption. On peut postuler que l’entreprise absorbante, celle qui absorbe les autres est nécessairement celle qui est en position de force et qui souhaite croître.

A contrario on peut considérer que les entreprises absorbées sont celles qui sont plus faibles. En fonction du contexte et de la situation de l’entreprise absorbée, il s’agit donc d’une décision plus ou moins souhaitée par son dirigeant. Lorsque ce sont des difficultés, par exemple financières, qui poussent l’entreprise à se faire absorber, on peut parler d’absorption contrainte. Dans ce cas l’absorption est l’une des seules alternatives pour poursuivre les activités et donc survivre ; on peut donc considérer cette incapacité de l’entreprise à se maintenir par elle-même sur le marché comme un échec. En revanche il faut nuancer car l’absorption permet un maintien de toute ou une partie de l’activité, voire son développement à travers la société absorbante. C’est parfois la meilleure issue possible pour les fondateurs qui deviennent actionnaires de la société absorbante ou qui se font racheter leurs parts ; pour ce dernier cas, on parle de sortie de l’entrepreneur. Dans la typologie qu’il propose, Fillion (2000) a d’ailleurs mentionné un type d’entrepreneur surnommé “séducteur”, dont l’objectif initial de la création d’entreprise est de pouvoir revendre ses parts et réaliser des plus-values. Cela rappelle d’ailleurs l’importance de dissocier l’organisation et son fondateur. En effet, une entreprise peut continuer d’exister, malgré le départ plus ou moins souhaité de l’individu qui l’a fondé.

La cessation volontaire d’activité quant à elle désigne la situation où l’entreprise est dissoute, sans être absorbée ou en faillite. Elle peut arriver pour différentes raisons, parmi lesquelles:

  • l’arrivée à terme de l’entreprise sans une décision des associés de proroger sa durée de vie ;
  • la disparition de l’objet social de l’entreprise c’est-à-dire que l’activité principale sur laquelle repose l’entreprise n’existe plus ;
  • ou encore la décision de(s) associé(s) de mettre fin à l’entreprise, cela peut arriver pour différentes raisons comme une faible rentabilité, une situation de perte, des mésententes, une envie d’arrêter.

Le premier cas implique que l’entreprise a survécu jusqu’à atteindre son terme et qu’il n’y a pas de volonté des actionnaires d’aller plus loin. Le deuxième cas est assez rare dans la mesure où la définition de l’objet social est généralement assez large et que les changements sont possibles. Dans le troisième cas en revanche, il y a matière à discuter. En effet, cette fois ci la décision provient des associés et donc a priori des fondateurs qui veulent mettre fin à l’entreprise. Lorsqu’on considère la rationalité des acteurs économiques, on peut postuler que la décision de dissoudre une entreprise plutôt que de la vendre est soit l’expression d’un choix personnel de mettre fin à un projet malgré ses avancées ou ses bons résultats, soit la solution pour mettre fin à une situation compliquée et des difficultés de l’entreprise ou de l’entrepreneur. Dans le premier cas, il faut davantage d’éléments pour statuer, en revanche dans le second cas, on peut clairement parler d’abandon du projet.

En ce qui concerne la liquidation judiciaire, elle intervient généralement après une cessation de paiement de l’entreprise. Ici, on peut parler d’un échec de l’entreprise qui n’a pas su être ou rester pérenne. C’est clairement la mauvaise gestion comptable et financière de l’entreprise qui est mise en cause et qui est à l’origine de sa dissolution.

Force est de constater que quelle que soit la raison qui explique la disparition d’une entreprise, la dimension financière est toujours à prendre en compte. En dehors des décisions des associés, c’est la performance de l’entreprise mesurée par ses indicateurs financiers qui détermine son maintien et la poursuite de ses activités sans se faire absorber. Lorsqu’on tient compte de la concurrence sur le marché, on est donc en droit de postuler qu’une entreprise réussit tant qu’elle a la capacité de survivre sans se dissoudre. Cependant, ce postulat présente des limites, la première étant que l’entreprise peut avoir de bonnes performances et survivre pendant des années puis subitement voir sa situation se dégrader au point d’être dissoute ; sera-t-il légitime de parler d’échec dans ce cas et ainsi nier les années à succès ? Pas vraiment. Dès lors, il est primordial d’aller plus loin que la simple survie pour définir la réussite de l’entreprise. Cela est d’autant plus important que la littérature a montré l’existence d’entrepreneurs ambitieux qui visent la performance et qui ont une ambition qui va au-delà de la simple survie de l’activité. A cet effet, les indicateurs de performances de l’entreprise notamment le nombre d’emplois créé, le chiffre d’affaires ou encore le résultat sont souvent pris en compte et comparé aux données sectorielles pour juger de la réussite d’une entreprise et indirectement de celle de son fondateur.

Si cette approche présente l’avantage de pouvoir objectiver la réussite de l’entrepreneur, elle a l’inconvénient de confondre ses objectifs personnels avec ceux économiques de l’entreprise. Il convient d’aller plus loin et de s’intéresser aux auteurs qui ont défini la réussite de l’entrepreneur en allant au-delà des notions de survie ou de performance de son entreprise, et en tenant compte des aspirations de l’entrepreneur. Plus généralement, il est primordial de faire la distinction entre la réussite du projet et celle de l’entrepreneur.

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A bientôt pour le quatrième extrait!🖐

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Yann-marie Johnson

Entrepreneur dans l’âme, je suis stimulé par la découverte, les rencontres, le partage et les résultats mesurables. 🤠