Les formes et caractéristiques de l’entrepreneuriat — #2 Extrait du mémoire de fin d’étude de YMJ

Yann-marie Johnson
7 min readMar 8, 2022

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AVANT DE COMMENCER

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Vous n’avez pas lu la première publication? Rendez-vous ici pour lire l’extrait #1. C’est important de le faire pour une bonne compréhension de ce deuxième extrait.

C’EST PARTI!

Les auteurs qui se sont intéressés à l’entrepreneuriat sont nombreux. Tounés et Fayolle(2006) observent que dans la littérature, l’entrepreneur est considéré comme une personne qui prend des risques et dont les activités ont pour but créer de la valeur, avec l’attente d’un retour sur investissement. Leurs travaux mentionnent entre autres : A.Smith, qui considère que la bonne marche de ses affaires est le seul objectif de l’entrepreneur et que l’accumulation du capital est sa fonction principale ; J.B Say, pour qui : « diriger et organiser d’une part, prendre des risques d’autre part, sont les deux traits les plus caractéristiques de l’activité de l’entrepreneur. “ ; et J. Schumpeter qui considère l’entrepreneur comme un innovateur à l’origine de : la fabrication d’un bien nouveau, l’introduction d’une méthode de production nouvelle, la conquête d’un nouveau débouché, la maîtrise d’une source nouvelle de matières premières ou l’implémentation d’une nouvelle organisation de la production.

Pour Schumpeter la capacité à innover est indispensable pour être qualifié d’entrepreneur. L’importance de cette caractéristique est confirmée dans la définition de l’entrepreneuriat proposée par Shane et Venkataraman (2000). Ces derniers considèrent l’entrepreneuriat comme une activité qui conduit à la découverte, l’évaluation et l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire des innovations qui n’existaient pas auparavant. C’est donc autour d’une opportunité que l’aventure entrepreneuriale se forme et prend son sens. Concernant l’identification de ces opportunités, Tremblay, Carrier (2006) ont recensé 3 grands courants dans la littérature :

1. Il y a celui des auteurs qui considèrent que l’opportunité existe indépendamment de l’individu, l’entrepreneur est simplement celui qui a les informations et la vigilance pour la déceler ;

2. Celui de ceux qui considèrent que l’identification de l’opportunité est le fruit d’un processus cognitif de l’entrepreneur qui la découvre. L’identification de l’opportunité serait donc un phénomène subjectif ;

3. Le troisième courant à une approche constructive. Les auteurs qui en font partis, pensent que les opportunités sont développées, formées ou même créées par des individus à travers des processus d’apprentissage et de créativité. Dans ce cas l’opportunité est le fruit d’une intelligence collective et des interactions avec l’environnement.

L’entrepreneur est considéré comme celui qui innove. Il identifie des opportunités et prend des risques en proposant des produits et services qui n’existaient pas sur le marché qu’il adresse. Baumol (1968), insiste sur la nécessité de le différencier du manager. Ce dernier s’occupe plutôt de la gestion courante de l’activité. L’activité de l’entrepreneur qui structure une activité est donc moins prévisible que celle du manager qui lui administre une activité établie. Filion et Youaleu (1996) quant à eux considèrent qu’on peut désigner le créateur comme étant un entrepreneur “ tant et aussi longtemps qu’il sera axé sur la croissance et le développement “. Schumpeter pensait aussi qu’avec le temps on allait assister à une disparition des entrepreneurs au profit des firmes et donc des managers. Pourtant, malgré le développement d’une gouvernance collégiale et l’émergence de la figure du manager qui a pour rôle d’organiser et gérer la firme et sa technostructure, l’entrepreneur décrit par Schumpeter reste d’actualité et continue d’exister. Les fondateurs de start-up et PME à forte ou hyper croissance, décrit par Sahut et al (2019), en sont un bon exemple.

Cependant, l’entrepreneur ne serait pas toujours le héros qui apporte des innovations majeures bouleversant la société. A ce titre, Baumol distingue les entrepreneurs reproducteurs et les entrepreneurs innovants (Pacitto, 2015). Les premiers vont répliquer un produit ou une activité qui existait auparavant tandis que les seconds vont innover radicalement selon la conception de Schumpeter.
Loué, Laviolette, Bonnafous-Boucher (2008) confirment cette analyse en distinguant 4 formes d’entrepreneuriat:

1. L’entrepreneuriat d’aventure qui est celui décrit par Schumpeter avec un entrepreneur qui innove ;

2. L’entrepreneuriat de valorisation où l’entrepreneur développe une idée originale, ici le degré d’innovation est plus faible ;

3. L’entrepreneuriat d’imitation qui se caractérise par un moindre degré d’innovation et dont l’essaimage est un bon exemple ;

4. L’entrepreneuriat de reproduction qui consiste à créer une entreprise ressemblant fortement à d’autres connues. Ici il n’y a quasiment pas d’innovation.

Casson (1991), quant à lui, montre que l’entrepreneuriat peut être vu comme une alternative au salariat. Selon lui, la personne active peut faire le choix de devenir entrepreneur pour :

• Éviter le chômage et créer son propre emploi ;

• Gagner en autonomie en évitant l’autorité et la hiérarchie liées au salariat ;

• Compléter ou augmenter ses revenus ;

• Mieux exploiter ses talents en travaillant à son compte.

Baumol et Storm (2007) finissent par considérer l’entrepreneur comme : “ toute personne qui assume, de sa propre initiative, une activité économique sur la base de la saisie d’opportunités d’affaires avec comme objectif d’accroître sa richesse, son pouvoir et son prestige “. Cette définition présente cependant des limites, elle ne fait pas état des autres objectifs ou motivations que l’entrepreneur peut avoir. D’autres auteurs ont vu l’entrepreneuriat sous un angle plus large, en considérant qu’on peut être entrepreneur autrement qu’à travers la création d’une entreprise à but lucratif. Les initiatives dont la vocation première est de contribuer à l’intérêt général et qui peuvent prendre la forme d’entreprise ou de structure de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelle) sont désignées sous le terme d’entrepreneuriat social. La démarche entrepreneuriale des salariés au sein d’une structure existante est surnommée intrapreneuriat. Ces deux exemples montrent que le créateur d’entreprise n’est qu’un type d’entrepreneur ; il en existe d’autres. Les travaux de Vesper (1980) et de Filion (1997) ont fait état de cette variété et de l’évolution des profils qui rendent difficile voire impossible le fait de définir une typologie complète des entrepreneurs.

Bien qu’elle soit antérieure à celle de Baumol et Storm (2007) ou à celle de Shane et Venkataraman (2000), les définitions de l’entrepreneuriat et de l’entrepreneur proposées par Gartner (1988) expriment davantage la diversité des cas et semblent plus complètes. Gartner considère l’entrepreneuriat comme “ la création de nouvelles organisations portée par un individu s’inscrivant dans des processus et conduisant un ensemble d’activités permettant à l’organisation d’exister “ et “ l’entrepreneur comme étant l’individu qui engage l’action de création ou d’établissement d’une entreprise ou d’une organisation “. L’entrepreneur est ici considéré comme la personne qui transforme l’idée en projet et le projet en organisation qui va générer des activités. On peut compléter cette définition, en rappelant que l’organisation mise en place n’est pas toujours formelle. C’est le cas par exemple de nombreuses entreprises au Togo qui ne sont pas déclarées et évoluent donc dans le secteur informel.

De la même façon, la création d’une organisation n’implique pas toujours un engagement total de l’entrepreneur. Les travaux de Bruyat (2001) soulignent que c’est seulement lorsque l’entrepreneur consacre l’essentiel de son temps et de ses investissements financiers, intellectuels et affectifs à son projet de création que l’on peut parler d’engagement total. Le processus entrepreneurial peut également être mené par une équipe, Ensley et al (1998) considèrent que pour parler d’équipe, il faut la présence de deux individus ou plus qui ont participé à la création de la structure, qui ont des intérêts financiers communs et qui ont tous une capacité, plus ou moins forte, à influencer les choix stratégiques de l’entreprise. L’engagement de chaque membre qui se manifeste par une implication personnelle via l’investissement financier ou la mobilisation d’autres ressources, est indispensable pour le considérer comme faisant partie de l’équipe entrepreneuriale.

Tout comme l’engagement, le niveau d’avancement varie également, certains projets sont même avortés ou abandonnés et ne se transforment jamais en organisation. Lorsqu’on observe le processus entrepreneurial décrit par Shanes (2003), on pourrait affirmer qu’il ne va pas toujours jusqu’au bout, parfois la personne ou l’équipe qui a identifié l’opportunité n’ira pas jusqu’à l’exécution qui doit conduire au démarrage des activités ou à la naissance de l’organisation. Christian Bruyat montre que la décision de créer ou de ne pas créer l’entreprise va se faire en tenant compte de trois variables :

1. Les aspirations de l’entrepreneur ;

2. Sa perception de ses compétences et de ses ressources,

3. Et sa perception des opportunités ou des possibilités qu’offre l’environnement.

Comme on peut le constater, il y a différentes interprétations et définitions théoriques de l’entrepreneuriat et de l’entrepreneur. Pourtant, afin de réaliser notre étude, il est nécessaire de définir un périmètre d’étude en précisant ce que l’on désigne comme étant un entrepreneur. En s’appuyant sur la revue de littérature, la définition qui semble la plus pertinente pour ce travail est entre celle de Shane et Venkataraman, et celle de Gartner. En effet, on pourrait postuler que : l’entrepreneur ou l’équipe entrepreneurial identifie et exploite une opportunité en s’engageant dans des processus qui vont conduire à un ensemble d’activités permettant à l’organisation, plus spécifiquement l’entreprise, d’exister et de créer de la valeur.

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A bientôt pour le troisième extrait!🖐

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Yann-marie Johnson

Entrepreneur dans l’âme, je suis stimulé par la découverte, les rencontres, le partage et les résultats mesurables. 🤠