10 croyances sur la méthode Design Sprint de Jake Knapp !

Benjamin Richy
Design Sprint
10 min readOct 28, 2018

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Jake Knapp explique l’expérience de la Sprint Team / Crédit Photo : Benjamin Richy ©

Au fait c’est quoi un Design Sprint ?

Le Design Sprint est une méthode qui permet de passer de l’idée au prototype testé en 5 jours !

Comme est-ce possible ?

C’est une bonne recette concoctée par un grand chef étoilé : Jake Knapp

Les ingrédients principaux sont : un gros (très gros) challenge, un Décideur, une équipe transdisciplinaire, un processus de travail hyper calibré, un espace de travail confortable en marge de l’effervescence habituelle.

L’ingrédient secret : le Facilitateur externe.

Dégusté à chaud en équipe !

Le Design Sprint va vous guider pour se concentrer sur une partie du problème, celle qui semble la plus difficile à résoudre de votre point de vue interne, celle qui fait le plus “mal” du point de vue du client utilisateur.

Jour 1 pour cerner le problème et choisir un angle d’attaque, Jour 2 pour esquisser des solutions, Jour 3 pour choisir et assembler les idées de solutions les plus prometteuses. Ensuite il s’agit de simuler la tranche d’expérience choisie par un prototype réalisé le Jour 4 (oui un seul jour !). Dans la foulée, le soumettre à un échantillon de testeurs le Jour 5, pour valider les hypothèses produit-service-business.

C’est une méthode très concentrée qui est faite pour résoudre des problématiques complexes. Qu’entend on par complexe ?

Changer la couleur ou la place du bouton “Acheter” sur la boutique en ligne ? Non pas assez complexe et trop précis et réducteur.

Sauver le monde en colonisant Mars ? Non trop large, et la réponse est dans la question. De plus, ce sujet n’est il pas en cours de résolution par Elon Musk avec son programme SpaceX !?

Créer un nouveau service pour une cible clientèle en particulier ? Oui cela pourrait être un challenge pour un Design Sprint !

Alors maintenant que le décor est planté, tordons le cou ensemble, à quelques croyances sur la méthode Design Sprint.

Croyance #1

Le Design Sprint, c’est que pour les start-up ⇨ FAUX

Jake Knapp et ses acolytes à Google Ventures (GV) ont mis au point la méthode sur la base de leur expérience d’accompagnement du portefeuille GV, pour l’essentiel des startups. Après la parution du livre Sprintbook en 2016, Jake Knapp s’est aperçu que des designers indépendants, des agences et des entreprises utilisaient le Design Sprint dans des contextes, des métiers et des tailles d’organisation très variées. A l’image De Stéphane Cruchon dans le secteur bancaire, logiciels, ou santé ou Fabrice Liut pour le groupe ADEO. The LEGO® Group a intégré le Design Sprint comme méthode de conception produit et à l’échelle de toute l’organisation.

Croyance #2

Le Design Sprint doit être adapté pour les grands groupes ⇨ FAUX

Un grand groupe n’a pas les même contraintes qu’une startup, j’en conviens. Donc certains pensent qu’il faut à tout prix adapter le Design Sprint sous prétexte que c’est plus compliqué à organiser dans un Grand Groupe. Quand une Startup cherche à découvrir, le plus tôt possible, pourquoi son produit fonctionne ou pas, croyez vous que ce soit plus facile de réaliser un Design Sprint ? Non pas vraiment et pas comparable non plus.

Voici quelques contre- exemples réels collectés ces dernières années :

  • Le Sprint est étalé sur plusieurs semaines à la manière de plusieurs sprint de développement en Scrum ⇉ ERROR
  • Le Sprint est amputé ou raccourci pour des raisons d’agenda (nous y reviendrons avec la croyance #6) ⇉ ERROR
  • Le Décideur (N+1, 2 , 3, ou 8) vient de temps à autre pour superviser ⇉ FATAL ERROR

Non, non et re-non. Jake et son équipe ont réalisé plus de 150 Design Sprint, la méthode a été peaufinée et améliorée jusqu’en 2016. Depuis Jake donne de rares ateliers en masterclass dans le monde entier. Il s’enrichit auprès de tous les Facilitateurs ou “Sprint Masters” pour apporter des compléments. Ce fut le cas à Lausanne le 4 juillet 2018 dernier, avec une grosse mise à jour des techniques utilisées le Jour 1 pour produire la MAP et fluidifier encore la facilitation.

Atelier avec Jake Knapp

Croyance #3

Un Design Sprint accélère un projet ⇨ VRAI mais pas que !

Si vous demandez à des personnes ayant participées à un Design Sprint quel est l‘effet Waouh, il y a fort à parier que la plupart vous diront : nous allons beaucoup plus vite sur la phase de conception-proto-test, mais vraiment beaucoup vite. En effet, l’accélération est alimentée par l’intelligence collective. Ce coup de “booster” est soutenue par processus de facilitation, les techniques d’idéation et de prise décisions.

Il est possible qu’il y ait petit malentendu:

“L’objectif n°1 du Design Sprint n’est pas d’accélérer un projet mais bien de lui enlever un maximum de risque dès le lancement !”

Il permet aussi, et surtout, de travailler ensemble autrement (créativité, transversalité, écoute, décision tranchée…) avec beaucoup moins de déchet et de perte qu’à l’habitude sur une conception UX ou un développement produit “classique”. Il s’agit de produire le juste nécessaire sous contrainte de temps.

Croyance #4

La promesse d’un Design Sprint c’est de produire un prototype en un temps record ⇨ VRAI et FAUX

Le design sprint permet d’avoir un prototype montrable et démontrable à ses clients, à son ou sa boss, à sa direction pour déclencher une vente ou décrocher un budget afin de lancer l’implémentation produit. Oui c’est vrai…mais ce n’est l’état d’esprit dans lequel la méthode a été pensée.

Il ne faut pas perdre de vue que la finalité d’un Design Sprint est d’apprendre de vos utilisateurs en vérifiant une hypothèse business et/ou produit en une semaine. Le prototype ne doit pas être considéré juste comme un faire valoir pour décrocher un GO, un budget ou un projet.

“Le Design Sprint permet de découvrir 80% de la valeur attendue par l’utilisateur en produisant seulement 20% d’effort”

Produire le juste nécessaire pour simuler l’expérience / Crédit Photo : Benjamin Richy ©

Croyance #5

Le Design Sprint n’est pas une bonne méthode UX car elle n’intègre pas de recherche terrain ⇨ VRAI et FAUX

Le Design Sprint a été créé dans un contexte Startup donc confronté à une incertitude maximum. La recherche UX est primordiale et doit alimenter le Sprint, dont la vocation n’est pas la collecte terrain mais un moyen efficient de vérifier des hypothèses !

C’est vrai que du point de vue du Designer UX dans une approche centrée humain, le Design Sprint n’intègre absolument pas de recherche terrain dans les 5 jours. Néanmoins toute recherche préalable s’avère très utile. Surtout pour le Jour 1 où personne n’a toutes les réponses aux questions cruciales que l’équipe se posent, même si les interviews d’experts prévues dans le Sprint sont riches de retours d’expériences et d’enseignement.

Le Jour 5 se concentre sur les interviews client en face à face avec le test du produit. Ces tests apportent beaucoup de réponses sur la pertinence du produit, sa potentielle adoption et la validation des hypothèses. Le recueil de feedbacks sincères est une mine d’or surtout en ce qui concerne les suggestions et nouvelles idées qui émergent du client utilisateur lui même.

Je pense que cette dernière journée est une forme d’UX Research sur un Sprint qui ne dure que 5 jours.

Croyance #6

Il n’est pas possible de vider l’agenda de 7 personnes pendant une semaine entière pour un Design Sprint ⇨ FAUX.

La plupart de nos agendas sont bourrés de réunions d’équipes, réunions projet, réunions de services, réunions et encore des réunions. Et si pour une fois, nous utilisions ces temps de réunions à une production juste efficace ?

Quand un Design Sprint est prévu quelques mois à l’avance, l’agenda n’est pas encore rempli — totalement. ;)

Par exemple AirBnb planifie ses Design Sprint six mois à l’avance.

Si vous ne pouvez pas vous libérer du temps, c’est que le problème de fait pas — encore — assez mal pour aller au delà des symptômes et cerner le problème à la racine.

Bon à savoir : les journées de Design Sprint ne durent que 6 heures de temps effectif, justement pour permettent à l’équipe de traiter leurs affaires courantes avant et après les séquences de travail en Design Sprint, et les urgences pendant les pauses.

Croyance #7.

Un Design Sprint c’est cher ! ⇨ FAUX

Quand on compte la prestation d’un facilitateur externe (Sprint Master), plus le temps passé d’une semaine pour sept collaborateurs (Sprint Team), l’addition peut paraître salée dans l’absolu. Prenons un peu de hauteur pour voir le budget dans sa globalité.

Il ne s’agit pas tout à fait d’accomplir en 5 jours ce qui se fait en 5 mois de projet, mais de découvrir la vraie valeur du produit qui va résoudre le problème. Ne vaut-il pas mieux d’investir dans un Design Sprint de 5 jours, plutôt que de s’apercevoir que le projet est dans le mur ou en dépassement au bout de 5 mois ?

Un Design Sprint réduit considérablement le risque projet. Pour un budget projet estimé à 100 k€, 15% raisonnablement investi dans un Design Sprint comme cadrage projet donne d’excellents résultats.

Le crash test en Design Sprint n’est pas fait sur le produit définitif !

Croyance #8:

Le Design Sprint permet des décisions partagées ⇨ FAUX.

La force du Design Sprint, est de laisser chacun exprimer et matérialiser ses idées tout en étant dans l’écoute active des autres. De plus, tout le monde participent aux décisions importantes. C’est formidable, ce monde des “bisounours” ! Dans le milieu nous appelons cela la Dotmocracy, la “dot democracy”, la démocratie de la pastille, en bon français, le vote aux gomettes. Il porte aussi d’autres noms : “papillon voting” ou “zen voting”.

Oui le Design Sprint donne l’impression de prendre des décisions complètement partagées et unanimes, mais c’est un leurre ! Il n’y a pas de consensus mou, ce qui rend le Design Sprint si efficace, c’est la participation obligatoire et non négociable, du Décideur !

  • Jour 1 : en fin de journée, c’est le Décideur qui choisit la cible utilisateur, la partie du problème à adresser et la question cruciale à laquelle le Sprint doit répondre
  • Jour 3 : processus de vote successifs pour les meilleurs croquis de solutions, c’est encore le Décideur qui a la decision finale avec le “supervote” (la grosse gommette)
  • Jour 5 : en sortie de feedback des tests utilisateurs, c’est le Décideur qui oriente la prochaine étape : nouveau test, nouveau sprint, feu vert pour la réalisation du produit, approfondir la recherche utilisateur…mettre le projet à la poubelle !
Le vote de la Sprint team en vert et le supervote du Decideur en rouge

Croyance #9

Un Design Sprint doit être conduit par un Facilitateur externe ⇨ plutôt VRAI

Ce n’est pas une obligation mais c’est recommandé. Le facilitateur externe assure un grande neutralité dans la conduite des échanges. Il n’y pas d’affect en jeu non plus. Il est très facile pour un Facilitateur externe de couper court aux discussions stériles pour faire avancer le groupe et d’éviter par exemple qu’un participant ou un hiérarchique ne monopolise trop la parole.

C’est une bonne idée d’avoir une co-facilitation à la fois interne et externe, car un Design Sprint requiert beaucoup d’énergie.

Jour 4 : le Facilitateur externe garde le recul suffisant et assure la cohérence du prototype, tandis que le second Facilitateur interne endosse le rôle de Designer ou de “Prototypeur”. C’est le cas de figure idéal du Design Sprint qui mixe équipe Agence et Client.

Jour 5 : un Facilitateur avec le rôle d’interviewer et l’autre Facilitateur pour le recueil de feedback au fil de l’eau avec le reste de l’équipe en salle d’observation.

Attention toutefois, une dérive apparaît après plusieurs Sprints menés avec le même Facilitateur et la même Equipe.

Croyance #10

Il suffit de lire le livre SprintBook pour réussir son Design Sprint ⇨ FAUX

Sprint Book, la recette

Bien sur qu’en lisant le livre vous saurez quoi faire pour mener un Design Sprint. Jake l’a écrit exactement pour cela. Vous saurez aussi comment le faire, bien que votre premier Sprint en solo Facilitateur sera rempli de doutes. Car le livre ne vous donne en aucun cas le savoir-être, ni les “softskills” de Facilitateur, nécessaires à la bonne conduite et au succès du Sprint.

Se former un ou deux jours avant de faciliter un Design Sprint, NE semble PAS être la meilleure solution. Vous vous retrouvez quand même seul après la formation, face au groupe et emprunt de doutes. La co-facilitation avec un Sprint Master expérimenté vous assure la meilleure montée en compétence autant sur les techniques de facilitation que sur la posture de Facilitateur.

Engranger de l’expérience est la voie royale pour devenir Sprint Master. J’en profites au passage pour dire haut et fort qu’il n’existe aucune certification offcielle “Design Sprint Master” !

Se faire accompagner sur quelques sprints puis se former à la facilitation est la clé de l’autonomie du Facilitateur. Vous passez de Padawan à Jedi en douceur par l’expérimentation et le mentoring.

Et vous, quelle est votre croyance sur le Design Sprint ?

Si vous avez un challenge business de taille, un projet bloqué ou le besoin de produire une preuve tangible de produit en un temps record, le Design Sprint est là pour vous !

Si vous souhaitez intégrer le Design Sprint dans votre management de projet (comme le fait The Lego Group), je peux vous accompagner pour créer le “framework”, insuffler l’état d’esprit et booster la montée en compétences.

Si vous voulez juste essayer un nouvelle méthode innovante, contactez moi aussi car cela serait dommage de faire un Design Sprint pour de mauvaises raisons, alors discutons-en !

Pour en savoir encore plus sur la méthode :

Benjamin RichyFacilitateur Design Sprint & Consultant UX

Sprint Master depuis 3 ans ⇨ 10+ Design Sprint by Jake Knapp

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Benjamin Richy
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