Pourquoi Bergame ? Analyser le nombre de testés positifs au COVID 19 à l’aide de la cartographie. De la géolocalisation du phénomène à l’importance de sa dimension territoriale. 2ème volet.
Coordination scientifique : Emanuela Casti et Fulvio Adobati. Chercheurs impliqués : Andrea Azzini, Andrea Brambilla, Emanuele Comi, Elisa Consolandi, Emanuele Garda, Marcella Mazzoleni, Ilia Negri, Marta Rodeschini, Maria Rosa Ronzoni
Traduction de l’italien réalisée avec l’aimable autorisation d’Emanuela Casti à l’aide du traducteur automatique en ligne Deepl.com et révisée par Lucas Tiphine. Certains éléments des légendes cartographiques ne sont pas traduits (merci de contacter lucas.tiphine(at)universite(tiret)lyon(point)fr pour toute demande complémentaire concernant la traduction).
Suite au communiqué de presse de fin mars 2020 dans lequel nous avions présenté la première phase de notre projet de recherche cartographique sur l’épidémie de COVID-19 en Italie, ce nouveau texte accompagne les résultats du 2ème rapport, intitulé L’évolution de l’épidémie en relation avec les territoires (avril 2020 — mai 2020, lien vers le rapport complet en italien : https://www.ageiweb.it/iniziative-agei/progetto-atlante-covid-19/)
Dans ce second rapport, nous communiquons les résultats obtenus concernant l’évolution de l’épidémie et ses conséquences à partir des données sur le nombre de tests positifs au COVID-19 entre le 24 février et le 14 avril à l’échelle locale, régionale et nationale. Ces données sont mises en relation avec la distribution et la composition de la population ; avec les rassemblements sportifs des premiers foyers épidémiques de Lodi et de Bergame ; avec les niveaux de pollution et la distribution de la population en Lombardie ; avec la mobilité et à la densité ; avec le type d’habitation de la population du Val Seriana ; ainsi qu’avec la localisation des résidences sanitaires assistancielles (NdT : les résidences sanitaires assistancielles ou RSA, sont des structures à responsabilité sanitaire bien que non-hospitalières, introduites en Italie au milieu des années quatre-vingt-dix, qui accueillent pour une période variable — de quelques semaines à une durée indéterminée - des personnes non-autonomes ne pouvant être assistées chez elles et ayant besoin de traitements spécifiques. Source : Wikipedia).
Ces mises en relation produisent des résultats pertinents et inédits. Plus précisément :
Foyers épidémiques : Il existe une réticularité entre les foyers épidémiques de Codogno et celui du bas Val Seriana attestée par les rencontres entre les habitants de Lodi et de Bergame lors de huit manifestations sportives qui se sont déroulées depuis l’apparition de l’épidémie jusqu’à l’arrêt des événements sportifs, entre le 1er et le 22 février.
Tests : La Lombardie a réalisé le plus grand nombre de tests (232 674 au 16 avril), suivie de la Vénétie (224 549) puis de l’Émilie-Romagne (112 105), de la Toscane (91 651) et du Lazio (81 993). La Lombardie est également la région qui a la proportion de tests positifs le plus élevé (63 094 au 16 avril) atteignant un quart du nombre total de tests effectués ; en Vénétie, au contraire, le taux de tests positifs (14 990 au 16 avril) par rapport à l’ensemble de ceux effectuées est le plus faible.
Population contaminée : En ce qui concerne l’évolution de l’épidémie à l’échelle nationale, l’âge moyen de la population infectée est en diminution : en mars, les groupes les plus touchés étaient les plus de 70 ans mais à partir du 16 avril, il s’agit des cinquantenaires avec une croissance constante dans les tranches d’âge plus jeunes (de 5 % à à 6,7 %). Au niveau régional, il existe une différence notable dans l’âge des personnes infectées.
Évolutions de la maladie en ce qui concerne les testés positifs : L’évolution du 23 mars au 14 avril montre une diminution progressive du nombre de personnes hospitalisées dans tout le pays ainsi que du nombre de personnes en soins intensifs, et une augmentation du pourcentage de décès. La semaine du 7 au 14 avril, le nombre de personnes sorties de l’hôpital ou guéries a augmenté de manière significative dans toutes les régions.
Mortalité : À l’échelle de la Lombardie, de même qu’à l’échelle de la province de Bergame, le taux de mortalité élevé ne dépend pas du nombre de personnes âgées car l’étude sur la composition de la population montre qu’elle est similaire à celle des autres régions italiennes.
Pollution : En 2019, 53 municipalités de Lombardie ont dépassé le seuil fixé par l’Union Européenne pour les particules en suspension PM10, soit des valeurs supérieures à 50 µg/m3 en moyenne journalière pendant plus de 35 jours par an. Ces communes sont comprises dans la vaste zone territoriale autour de Milan, l’aire métropolitaine et dans les provinces de Crémone et de Lodi. Certaines localisations spécifiques telles que Brescia, la vallée de la Camonica et la province de Mantoue s’y ajoutent. Les valeurs les plus élevées de dioxyde d’azote (>40 μg/mc) concernent toujours la zone métropolitaine de Milan et le couloir qui suit l’ Autoroute A4 Milan-Bergame-Brescia. La situation est plus limitée spatialement pour Pavie, Crémone, et la vallée de la Camonica. Ces données, comparées à la population, montrent le grand nombre d’habitants exposé à des seuils de pollution dépassant les limites réglementaires.
Focus sur le territoire du Val Seriana : L’étude met en évidence le situation particulière dans laquelle le premier foyer épidémique bergamasque est apparu. Une agglomération d’environ 50 000 habitants, situé en fond de vallée, porte d’entrée et couloir d’accès à la partie haute du Val Seriana ; quatre lycées à l’origine de mobilités scolaires quotidiennes importantes ainsi que de nombreux déplacements pendulaires vers 400 entreprises qui accueillent environ 4 000 employés ; une population avec un taux élevé de vieillissement et une présence importante de résidences sanitaires assistancielles. Tous ces facteurs font partie de la complexité morphologique et sociale de l’épidémie à Bergame et doivent être pris en compte en lien avec ceux du système de santé afin de comprendre la propagation rapide et intense de l’épidémie.
Territoire national
Évolution du résultat des tests réalisés en Italie (données réelles).
Évolution de l’issue de la maladie COVID-19 pour les testés positifs
Distribution régionale des tests positifs par tranches d’âge
Distribution et composition de la population en 2019
EN LOMBARDIE
Évolution du nombre de tests positifs par commune du 24 février au 14 avril
Évolution du pourcentage de tests positifs par rapport au nombre d’habitants
Distribution de la population par provinces en Lombardie et répartition par classes d’âge et sexe (données locales 2019)
PROVINCE DE BERGAME
Évolution du nombre de tests positifs dans la province de Bergame entre le 24 février et le 14 avril 2020
Évolution du pourcentage de tests positifs par rapport au nombre d’habitants dans les communes de la province de Bergame
Pollution urbaine et périurbaine aux oxydes d’azote (NOx) en Lombardie
Pollution urbaine et périurbaine aux particules PM10 en Lombardie
FOCUS SUR LE VAL SERIANA
Distribution du nombre de tests positifs au 14 avril 2020 (données réelles)
Foyers épidémiques en Lombardie : connexions et réticularité des événements sportifs (février 2020)
Localisation des hopitaux et des résidences sanitaires assistancielles (RSA) dans le Val Seriana
Déplacements pendulaires pour les études (carte 1) et le travail (carte 2)
Le communiqué de presse original en italien